ArsèneJe me réveille dans mon lit et me remémore petit à petit les souvenirs de la veille. Tout me semble si lointain et pourtant cette réalité me colle. Pourtant j'ai déjà pris ma décision, je vais juste laisser faire la vie. Je ne compte pas laisser mes insécurités diriger toute ma vie.
Je me lève avec paresse et m'habille avant d'allumer mon téléphone et d'échanger un moment avec lui, Amos, mon premier amour. En effet cela fait vraiment longtemps. Je ne ressens plus rien vis à vis de lui mais certains sentiments sont si forts qu'ils nous marquent à vie et j'ai beau regarder de l'avant je n'oublierai jamais le contenu de cette page tournée.
Je ne comprends pas pourquoi il m'a recontacté, cela ne fait que me rappeler d'une façon plus vicieuse encore le goût amer de l'abandon dans lequel il m'a laissé. Je ne suis pas en colère, je ne fais pas de reproche, mais j'aimerais avancer sans qu'il m'accroche à de vieux souvenirs.
Je me dirige vers la cuisine, une odeur de nourriture arrive à mes narines quand je franchis le pas de la porte. Je me retrouve face à Erdem que je salue d'un sourire gêné avant de m'asseoir.
- J'ai fait du pain perdu tu en veux ?
Je relève les yeux vers lui et hoche la tête pour lui signifier que oui. Il me sert pendant que mes yeux le détaillent avant de s'asseoir en face de moi.
- Est-ce que ça va ?
Cette question me fit plaisir bien plus qu'elle ne l'aurait dû, sûrement car elle signifiait la fin d'une ère et le commencement d'une nouvelle où nous pourrions bien nous entendre, voir même être bons amis.
- Oui, j'ai bien dormi et toi ?
- Tant mieux, j'ai bien fait de t'amener à ton lit alors. Mais je veux dire au delà de ça est-ce que ça va ? Tu n'as pas besoin de tenir un masque, tu as déjà trop supporté.
J'essaye d'ignorer mon trouble et de répondre à sa question.
- Pour être honnête je ne sais pas vraiment. Je suppose que oui mais j'en suis incertain. Je me suis toujours habitué à tenir jusqu'à l'effondrement, je n'ai jamais réellement pris le temps d'écouter ce que je ressens au delà de la survie. Mais après tout, si je n'ai pas l'impression d'être en plein combat, je suppose que oui, ça va.
Je fis face à son regard choqué, je regrette instantanément mes mots. Ce n'était sûrement pas le temps pour me confier, il voulait sûrement simplement soulager ses remords et voilà que je me retrouve à dévoiler mes failles.
Des bras m'enlaçant me coupent dans mes pensées.
- Je suis désolé Arsène, désolé que tu aient eu à vivre ça. Désolé d'avoir cru que tu étais mauvais alors que tu vivais les pires horreurs sans jamais l'avoir mérité. Je ne laisserai plus jamais ça se produire, je serai là pour te protéger je te le promets.
Je sens des larmes dévaler mes joues pendant que je lui rends son étreinte, je parviens à peine à articuler des remerciements. Je me reproche d'être faible mais au fond j'ai bien conscience que j'ai simplement dû être fort trop longtemps.
Je me recule, prends mon sac et sans le regarder je l'informe.
- Je vais en cours à ce soir.
Je ferme la porte derrière moi sans me retourner, laissant mes questions me noyer sur la route de l'université tout en reprenant mon rôle.
Erdem
Les choses avaient beaucoup changé ces derniers jours. Je détestais sa présence, la considérant comme parasite mais je me surprends à remarquer le vide qu'il laisse en son absence. Lui qui m'agaçait auparavant par sa simple présence me donne désormais l'envie d'être patient pour son bien.
Mon premier cours arrivait à grand pas alors je partis à mon tour.
Arsène
L'heure de la pause déjeuner arriva. Je sors des cours me dirigeant vers la cafétéria quand je me fis interpeller.
-Arsène !
Je me tourne pour croiser Amel souriant. Je lui souris en retour pendant qu'il me questionne.
- Tu vas bien ?
- Oui et toi ?
- Très, je suis rassuré de te voir en forme, tu n'as pas eu de problème avec l'autre ?
- Tout se passe bien, il a du se faire dresser.
- C'est pour ça qu'il se comporte comme ton chien de garde ?
Il me fait une tape dans le dos pendant que je le dévisage, mal à l'aise.
- Tu vis dans un autre monde.
- Celui ci est bien trop ennuyeux.
Il me décroche un sourire malgré tout puis me propose de me joindre à lui pour manger ce que j'accepte.
Erdem
Quand je rentre des cours Arsène est déjà là. En train de lire dans le salon.
- Tu as passé une bonne journée ?
Il relève calmement le nez de son livre pour me répondre.
- Oui et toi ?
- Pareil.
Ce sont des mots simples, une conversation simple. Pourtant cette scène me paraît suréaliste, et j'aime ça.
Je continue sur la lancée et lui propose.- Tu veux manger un truc ?
- C'est toi qui commande.
- Je suis ton chien maintenant ?
- Tu le seras toujours.
Son sourire en coin fait taire mon envie de répliquer alors je l'écoute. Nous passons une soirée tout aussi normal que cet échange. Une soirée tout aussi suréaliste à mes yeux.
Arsène
Je me réveille de bonne humeur, ce matin je prépare le petit déjeuner. Je déteste me sentir redevable et l'être envers lui me semble être particulièrement insupportable. Quand il se lève tout est sur la table, il se réjouit tel un enfant. J'oublie un moment toute règle de politesse, tout but, et ce jeu ridicule qui traine entre nous, je m'amuse simplement de l'instant présent. Je lui demande sans peser mes mots.
- Il a bien dormi mon petit ?
- Comment mal dormir avec un tel réveil qui nous attend ?
- Ne t'y habitue pas trop.
- Pas d'inquiétude, je ne te laisserai jamais être plus cool que moi.
Nous mangeons en échangeant quelques piques, tout semble si naturel, comme si nous étions des amis de longue date et que nous n'avions jamais essayé de brûler l'autre avec notre haine. Après quelques piques nous allons en cours ensemble comme nous commençons à la même heure. Mon cœur est léger, vide d'inquiétude.
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Tissu d'illusions
RomanceArsène aspire à un changement de vie drastique, un renouveau. Pourtant tout ses espoirs semble s'écrouler devant lui lors de son entrée à l'université, à cause de ce garçon. Pourquoi Erdem Dulci, son pire ennemi, doit il encore tout gâché ?