Petite voleuse et grand mafieux [Genshin Impact Story]

Lumine | Chapitre 4 : Faute avouée, à moitié pardonnée ?

La petite épicerie était à moitié plongée dans le noir. Les deux allées étroites qui séparaient les présentoirs surchargés de droite de ceux de gauche étaient tout juste éclairées par de maigres spots lumineux dont la couleur jaune donnait un air maladif à ceux passant en dessous. Se rajoutant à ça, les murs décrépis dont le papier peint se décollait d'à peu près partout, touché par l'humidité, le carrelage cassé qui représentait un défi pour quiconque avait décidé qu'il ne trébucherait pas, le plafond dans le même état que les murs, les récipients entreposés sur le sol pour récupérer l'eau tombant de ce dernier (le tout étant, évidemment, bien au milieu du passage) et l'odeur de renfermé et de presque moisi qui pesait dans l'air. Fort heureusement, la propriétaire avait cessé de vendre viandes et poissons dans son petit commerce. Fruits et légumes étaient, toutefois, encore à l'achat.

D'ordinaire, habituée à l'ambiance très particulière de l'épicerie, Lumine ne faisait pas vraiment attention à son état. Ce jour-là, elle y faisait encore moins attention, complètement perdue dans ses pensées. Un sac dans une main et une petite liste qu'elle avait griffonnée à la hâte plusieurs heures auparavant, elle essayait bêtement de se concentrer sur l'instant présent.

Mais à chaque fois, le nœud dans ses entrailles et le poids dans sa poitrine la rappelait à l'ordre et finalement, elle finit par foncer dans le dos de son frère. Ce dernier sursauta et bloqua son buste avant de finir la tête dans les tomates, puis se tourna vers sa jumelle.

- Lumine, ça va pas ? lui demanda-t-il, de l'inquiétude perçant dans sa voix. Tu te sens mal ?! Tu peux retourner à l'appartement pour te reposer et aider Paimon avec ses devoirs si tu ne te sens pas bien !

La voleuse lut sans mal l'inquiétude dans les yeux dorés d'Aether, ces yeux qui étaient le véritable reflet de ses propres joyaux d'or pur. Sa réaction, à peine exagérée comparé à d'habitude, amena Lumine à se mordre la lèvre inférieur. Un signal de douleur envahit alors cette dernière, rappelant à la jeune femme que le bord inférieur de sa bouche était déjà particulièrement à vif à cause des précédents assauts de ses dents dessus.

Elle cessa donc en soupirant. Depuis combien de temps se torturait-elle ainsi pour que sa chair soit blessée de la sorte et aussi brutalement ?

- Ne t'inquiètes pas, je vais bien, finit-elle par répondre, consciente que se taire plus longtemps allait faire grimper la panique d'Aether en flèche. J'ai juste l'esprit un peu occupé. Et Paimon doit apprendre à faire ses devoirs toute seule, de toute façon.

- Occupé ? Par quoi, quelque chose de grave ?

Elle faillit répondre non. Failli seulement, car elle réalisa à la seconde où elle s'apprêtait à le dire qu'elle était occupée par quelque chose de grave. Car, à moins d'être stupide, personne ne pouvait considérer qu'avoir attiré l'attention d'un criminel avec presque autant de pouvoirs qu'un dirigeant politique était quelque chose de minime. Lumine considérait franchement ça comme un problème plutôt grave et que la moindre des choses, c'était de dire l'entière vérité à son jumeau.

- Oui, assez. On en parlera à la maison, s'il te plait.

Comprenant le message, il hocha calmement la tête et se remit en mouvement, cessant de bloquer l'une des allées. Heureusement d'ailleurs, car la quinquagénaire propriétaire et gérante de l'épicerie les scrutait avec attention de ses petits yeux de chouettes méfiants. Visiblement, s'arrêter pour discuter sans continuer à sélectionner ses articles faisait également partie des choses que cette dame considérait comme suspectes. Ou alors, c'était juste parce que c'étaient les jumeaux. Lumine n'avait jamais su pourquoi, mais elle ne les avait jamais aimé et aimait encore moins Paimon, même si cela faisait plusieurs années qu'ils faisaient leurs courses chez elle. Si ça avait un lien avec leurs parents, la jeune voleuse ne voulait pas savoir lequel.