Chapitre 3

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Hector lança un sourire confiant à sa sœur, avant de planter son couteau dans le bois du bureau en face de lui, à quelques centimètres de la main de son capitaine, Dranky.

— 50 pourcents ou c'est fini pour toi.

"Hydie" gaspa en portant les mains à sa bouche. Dranky garda le silence, sa bouche serrée en une fine ligne.

— Va nous chercher les papiers Hydie, je vais lui expliquer, à notre Dranky, ordonna Hector sans se laisser démonter.

Pendant que sa soeur se levait, Hector se leva, alors que son sourire s'agrandissait encore. Il avait piégé le vieux loup, c'était bon pour lui. Depuis quelques mois, il fomentait une mutinerie dans son dos et ce soir, soit Dranky les laissait partir avec 50 pourcents de son butin, déjà une belle somme, soit il le tuait tout bonnement. Il avait voulu faire ça à l'amiable, avec des papiers attestant l'accord, mais il n'était même pas sûr que le vieux sache écrire. En s'approchant de son ancien capitaine, il surprit son reflet : Hector était un bel homme, avec un superbe sourire, auréolé de boucles brunes, qui avait ravi le cœur de bien des filles, rarement payées.

Revenue, Hydie commença la lecture, mais agacé par sa lenteur et ses bégaiements, il lui arracha le papier des mains en lui lançant un regard noir. Elle était grimée en garçon, car l'équipage ne l'aurait pas accepté, sinon, mais elle faisait peu impression.

Il l'aimait, néanmoins, c'était un moment risqué, et elle n'avait pas l'habitude de gérer des situations aussi stressantes. Plus tard, il espérait lui trouver un travail sur terre, car il savait qu'elle ne se sentait pas à son aise sur les flots. Hector lui caressa les cheveux pour la réconforter, et recommença la lecture :

— "Monsieur Dranky X, atteste de laisser 50 pourcents de ses possessions à Mr. Darvanez, s'élevant à un coffre entier rempli d'or de toutes sortes, dans un état d'esprit clair et consensuel, à Tortuga. Il atteste aussi de ne jamais vouloir revenir sur sa décision, et de ne pas cultiver de sentiments rancuniers ou de vengeance à l'égard de Mr Darvanez." énonça-t-il clairement de sa belle voix.

Il omit la part où Dranky lui laissait aussi sa fille en tant que "mousse", car c'est ce qu'il avait promis à l'héritage en échange de leur soutien. Hector désigna le parchemin du doigt et ajouta :

— Vous devrez signer ici, d'une croix si vous le voulez. Mais faites vite, car l'équipage derrière cette porte en attend plus que 50 pourcents, je me conduis ici, vraiment en tant qu'homme bon, finit-il en insufflant à sa voix ce charme rassurant qui l'avait permis de conclure de multiples affaires.

— Il n'y a pas de finalement ? S'enquit le vieil homme aux yeux perçants.

Vexé qu'il n'ait pas eu l'effet escompté, Hector répondit d'une voix sèche :

— Pardon ?

Dranky se leva à son tour, pour surplomber de sa carrure Hector.

— J'ai servi à la marine, il y a longtemps, Hector, petit crétin. Dans ce genre de contrats, on énonce les faits un par un, puis on les conclut par un "Finalement", rétorqua Dranky.

Le jeune homme sentit le sang monter à ses tempes rapidement : il détestait qu'on soit condescendant avec lui.

— Et si tu étais à la marine, vieux con, pourquoi n'y es-tu pas resté ? Tu aurais fait meilleur carrière, plutôt que de perdre ta catin dans les flots au premier abordage ! Lorsqu'on est un vrai pirate, on ne s'embarasse pas de s'il y a un "finalement" ou pas ! J'ai écrit ce papier pour te donner l'impression qu'on te considérait encore comme un homme, alors conduis-toi comme tel, persifla-t-il.

— Vraiment, de la bonté ? Ou c'est juste de la ruse, Hector ? Cela fait plus de deux ans que je vous ai accueilli, ton frère débile et toi, mais je sais très bien que le plus débrouillard, c'est lui. Tu n'es qu'un vilain rat qui glisse son nez dans les réserves des autres, car tu es incapable de te faire prospérer autrement que par le vol ! Éructa le capitaine avec mépris.

GeorgeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant