George s'avançait avec précaution, dans les ombres de Tortuga. Pas très difficile de passer inaperçue : la plupart des habitants étaient soit ivres à faire la fête dans la lumière, soit en train de détrousser ces personnes ivres, soit endormis. Néanmoins, elle s'était enveloppée dans une cape noire à capuchon, et comme elle était plutôt grande, personne ne venait lui chercher querelle. Elle avait amarré son navire adoré à l'une des baies éloignées du port, car elle ne faisait confiance ni aux pirates, ni aux Equatoriens.
Elle entra dans une des auberges les plus bondées, d'où le plus de rires gras sortaient, et s'installa à une table. Puis George observa.
Elle observa qu'un homme, un peu plus loin, cherchait un équipage. Soûl, joyeux, il tapait dans le dos de ces compagnons de beuverie, tout en laissant passer quelques indices sur sa réelle occupation. Ses yeux passèrent plusieurs fois sur elle, sans la voir réellement. Elle s'aperçut du fait que personne ne prenait cet homme au sérieux. Il manquait de classe, d'autorité, de charisme. Des pirates, d'abord, étaient des meurtriers. Pas de joyeux lurons.
Il fallait donc qu'elle inspire une forme de respect. George ne se formalisa pas, elle savait très bien que c'était absolument impossible pour elle, dans cette auberge d'homme, d'inspirer la moindre forme de respect. Mais peut-être, qu'avec un peu de ruse...
Toutefois, les gens n'étaient pas des navires.
Malheureusement.
Un équipage, lorsqu'il se sent trahi, trahi en retour. Et elle ne pouvait pas se permettre une mutinerie. D'abord, parce qu'elle voulait avoir du respect pour les gens avec qui elle partagerait la Terreur, et ensuite, parce qu'elle voulait qu'il soit réciproque. Il fallait donc un équipage sérieux, assez sérieux pour convenir à la Terreur, et assez moral pour s'affranchir de la civilisation. Assez désespéré, aussi.
Elle soupira : autant chercher un trésor dans les coffres du Roi.
George s'installa à côté de l'homme qui cherchait un équipage, et planta durement, profondément son couteau dans le bois.
Le tchac fit taire l'auberge.
- Ton nom ? Lui jeta-t-elle avec mépris.
- Je vous demande pardon ? Répondit-il avec un semblant de condescendance.
- Je te demande ton nom, vaurien, répéta-t-elle sans baisser sa voix.
- Je me nomme Hector. Je peux faire quelque chose pour vous aider ? Quelque chose qui n'implique pas de vous toucher, j'entends. Il lui lança un regard, avant de reprendre avec le sourire, Du moins, pas contre de l'argent.
Sans même ciller, alors même qu'un gloussement avait parcouru le public, elle répondit :
- Tu cherches un équipage pour faire acte de piraterie, c'est ça ? Même un porc aurait compris tes lourdes insinuations. Tu n'as pas honte ?
Soudain tendu, Hector se mordit les lèvres avant de répondre :
- Pourquoi, car c'est un crime ? Je veux dire, il faudrait des témoins et je crois bien que-
- Mais non, vaurien ! Se leva-t-elle soudain. Parce qu'un capitaine digne de ce nom n'engage pas son équipage comme on badine ! Un capitaine digne de ce nom, qui respecte ses hommes, les voit l'un après l'autre, dans la pièce située au deuxième étage, avec sérieux et engagement. Enfin, Hector, on parle d'une vie d'aventure, de trésor, de tempêtes et de liberté ! On ne s'engage pas dans la piraterie comme on demanderait une danse.
Elle repéra quelques yeux qui scintillaient, alors que les mots "trésor" et "liberté" brillaient, aussi puissants que le soleil, dans l'air.
- Mais-
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George
AdventureC'est l'histoire de George, une pirate. Et ses aventures. ------------------------------------------------------------------------------------------------ Hey ! Ca faisait longtemps. Rien de régulier par ici, juste une ancienne écrivaine un peu roui...