[ARRETÉE] L a r m e s | t.1 : « Le club »

chapitre 5 | une rencontre

PDV: Faith

Dans le secrétariat, tenu par une femme excentrique, il faisait une chaleur presque insupportable. Tous les autres élèves me regardaient du coin de l'œil, car j'étais accompagnée de ma mère. Elle avait tenu à être présente lorsque je recevrais mon emploi du temps -elle pensait peut être que ce serait un grand moment, mais pas du tout. La secrétaire m'avait juste balancé mon carnet de liaison telle une chaussette sale, ainsi qu'un dépliant tout à fait inintéressant, concernant un groupe d'eleves ayant traversé des moments difficiles. Ma mère m'avait obligé de le garder, mais je comptais bien m'en débarrasser discrètement.
-Fais attention à toi, surtout, me murmura Maman, à la sortie du secrétariat.
Je hochai sobrement la tête, elle aussi, et elle s'en alla sans assurance. Je poussai un soupir de soulagement, et en profitai pour froisser le flyer entre mes mains, et le jeter dans la poubelle la plus proche -qui débordait d'autres papiers du même genre.
Ensuite, je me mis à me sentir légèrement perdue. Je ne connaissais personne, à part ma mère, mon père et quelques médecins, et les relations amicales m'étaient totalement étrangères.
Les pelouses, juste devant l'entrée du lycée, débordaient d'autres lycéens, assis dans l'herbe par groupes bien distincts, discutant entre eux ou révisant une dernière fois. Le stress de la rentrée ne semblait pas présent.
Je m'assis en tailleur, à l'ombre d'un arbre très haut, et posais mon sac de cours à mes pieds. J'en sortis mon smartphone flambant neuf, qui ne me servait honnêtement à rien -car je n'étais pas au courant des applications du moment-, et me regardais dans l'écran. J'avais l'air appeurée, c'était sur.
Mes cheveux blonds et lisses semblaient plaqués à mon crâne, ma peau blanche ne possédait aucune impureté, et mes lèvres fines étaient très légèrement maquillées. J'étais l'incarnation même de la beauté glaciale.
Je refermais la coque simple de mon portable d'un geste sec et regardais autour de moi. Tous les autres lycéens avaient des amis. Juste devant moi, un groupe de filles plus magnifiques les unes que les autres bavardaient gaiement.
Je parvins tout de même à repérer une autre adolescente, toute seule, adossée à un arbre, semblant juste un petit peu plus jeune que moi. Elle avait un visage très mignon, des cheveux bruns, des joues roses et un sac de cours à bout de bras. Elle croisa mon regard, me sourit et vint vers moi assez timidement.
-Bonjour, fit-elle en prenant place mes côtés.
Je la saluais moi aussi, elle m'avait l'air bien sympathique. Nous discutames très brièvement, et j'appris qu'elle s'appellait Leila -je lui indiquais également mon prénom.
Je remarquais qu'elle tripotait nerveusement un dépliant. Le dépliant que l'on m'avait également donné.
-On t'a aussi passé cette merde ? Demandai-je, et je m'en voulus aussitôt d'avoir parlé avec tant de vulgarité.
-Ouais..
Elle me regarda dans les yeux, puis dit:
-Tu vas y aller ?
-Hors de question. Je suis sûre qu'il y a que des cas sociaux qui se rendent à ce machin..
Encore une gaffe. Leila se rembrunit, j'essayais de m'excuser, mais elle me fit signe de me taire. Elle haussa simplement les épaules, une petite moue adorable traversant son visage.
-Perso, je pense que je vais y aller. J'ai pas mal de trucs à dire... Je suis un cas social, du coup ?
Je voulus me rattraper, mais elle était déjà partie.
Je me rendis alors compte que je sentais un regard, posé sur moi. Je cherchais donc des yeux et constatais qu'un jeune homme magnifique me regardait avec insistance.