[CHONI] CONTRE TOUTE ATTENTE

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Je suis le camion des pompiers de près. Si près que je peux entendre le cœur de Cheryl qui s'accélère. Mais l'enfant ne m'aide pas à décélérer.

- Dépêche-toi, Toni, ma maman est dedans.
- Vu l'allure, nous serons bientôt avec ta maman, mon cœur. Je ne te le promets. Répond Cheryl en prenant sa main.

Lorsque nous arrivons, la mère de famille est dirigée aux urgences. Nous entrons également et je me présente à la réception pour avoir des informations.

- Bonjour, nous sommes là pour voir Madame Beach. Elle vient d'être amenée ici et je suis avec sa fille.
- Vous êtes de la famille ?
- Je suis avec sa fille, comme je viens de vous le dire.
- Vous allez devoir attendre, je n'ai aucune information.
- Vraiment rien ?
- Je suis désolée, mais vous allez devoir attendre que le médecin vienne voir sa fille.

Je repars en direction de la salle d'attente en pestant contre la mauvaise foie de la réceptionniste. Je m'installe à côté de Cheryl car Brittannia à sa tête sur son épaule. Un silence gênant s'installe pendant de très longues minutes. À bout de patience, l'enfant commence à s'agiter.

- Je dois aller aux toilettes.
- Tu veux que je vienne avec toi ?
- Ça va aller, Cheryl. Je suis grande.

La petite s'éloigne et la jeune femme soupire en mettant sa tête sur mon torse.

- Il faut lui laisser le temps de digérer. C'est beaucoup pour une enfant de son âge.
- On dirait que tu as déjà vécu ça. Tu es douée avec ce genre de situation.

Je me remémore les vagues souvenirs que j'ai de mes nombreuses familles d'accueil.

- J'ai dû grandir aussi vite que Brittannia.
- Tu as eu la même chose qu'elle dans l'une de tes familles ?
- Pas vraiment la même chose, mais l'un des maris buvait beaucoup.

L'enfant revient avec des yeux rouges et gonflés.

- Le docteur est venu ?
- Non, mais je pense que tu arrives au bon moment.

Je pointe du doigt une femme en blouse blanche qui arrive vers nous.

- Vous êtes la famille de Madame Beach ?
- Je suis sa voisine et voici sa fille. Nous l'avons retrouvée inconsciente ce matin.

La petite se réfugie directement dans les bras de Cheryl. Sa respiration se fait difficile.

- Elle est stable, nous la traitons pour une intoxication à l'alcool.
- Ça va aller pour maman ?
- Bien sûr, tu as eu les bons réflexes. Tu vas bientôt aller pouvoir la voir.

Le médecin détourne son regard de Brittannia pour nous faire face.

- Nous aimerions que Madame Beach voit une assistante sociale. Serait-elle successible d'accepter un traitement ?
- Vous voulez parler d'une cure ?
- Nous essaierons de lui en parler.
- J'espère que vous réussirez à la convaincre. Parfois, les gens ne savent pas ce qui est le mieux pour eux.
- Nous lui ferons entendre raison s'il le faut.

Cheryl serre ma main pour confirmer mes propos. Le médecin se penche vers Brittannia.

- Tu devras aussi parler avec l'assistante sociale...

Dès qu'elle tourne des talons, l'enfant se met devant nous, elle est complètement paniquée.

- Pourquoi je devrais lui parler ?
- Ils veulent t'aider, mon cœur, c'est leur travail de prendre soins des familles.
- Ils vont m'enlever de ma maman, Cheryl ?

Il n'y a aucune certitude à ce que sa mère accepte, mais Brittannia pourrait être la clé pour qu'elle cède.

- La situation ne peut plus durer.