Journée n°12

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-Nous avons appelez le docteur Jung.

-Et qu'est-ce qu'il a dit ?

L'après-midi débutait à peine, alors que nous venions de finir notre déjeuné sur la grande table de la cuisine. Les assiettes n'étaient même pas encore débarrassées lorsque ma mère aborda le sujet, sous le regard concerné de mon père.

-Au vu de tes sautes d'humeur et de tes petites pertes de contrôle, il est probable que le dosage ne soit plus tout à fait adapté.

-Tu as un rendez-vous quelques jours après notre retour à Séoul, ajouta mon père en m'offrant un sourire qui se voulait rassurant.

Pourtant ce n'était pas ce que je ressentais, au contraire.

-Il nous reste presque dix jours avant la fin des vacances, c'est beaucoup trop long ! Je n'arrive même plus à profiter de nos balades ou de la plage, je n'arrive plus à me consacrer à quoi que ce soit !

Et encore, je ne leur disais pas tout, pour ne pas les inquiéter. Mon humeur était instable, beaucoup trop instable. J'avais l'impression que ma boussole interne faisait la girouette et ça ne s'était pas arrangé depuis les révélations autour de Jungkook.

Si je devais me résumer, je me considérais comme une personne d'habitudes. Pour être stable émotionnellement, j'avais besoin d'une routine cadrée et jalonnée de points de repère précis.

Le moindre imprévu fragilisait mon système et il me fallait plusieurs jours, voire parfois des semaines avant de pouvoir à nouveau me sentir moi-même et l'intégrer.

Mes vacances faisaient partie de ce système, tout autant que mon amitié avec Jungkook et on peut dire qu'il y avait eu du mouvement de ce côté-ci, chose que je maîtrisais de moins en moins.

Il ne manquait plus que les médicaments ne fassent plus autant effet et j'avais l'impression de devenir fou.

-L'attente va être interminable, je sens déjà que tenir une conversation me demande plus d'effort et-

Je m'arrêtais soudain de parler, coupé par la sonnerie de la porte d'entrée. Ne voyant personne bouger, mon père se porta volontaire. Nous restions alors plongé dans le silence, ma mère tentant de me réconforter en prenant ma main pour la serrer fort dans la sienne.

Lorsque des éclats de voix nous parvinrent depuis l'entrée, je ne m'attendais certainement pas à voir Jungkook débarquer dans la cuisine en compagnie de mon père.

Par reflexe, je me redressais sur ma chaise, complètement pris au dépourvu par son initiative.

-Salut Tae. Je ne voulais pas vous déranger, je voulais juste voir si tu étais disponible pour qu'on discute.

Mon cœur s'emballa à la douceur de sa voix. Je ne me souvenais plus la dernière fois qu'il s'était adressé à moi de cette façon, avec cette tendresse déconcertante.

C'était une catastrophe, car il ne pouvait pas choisir pire moment.

La panique me glaça les os. 

Mes parents nous observaient l'un et l'autre, mais n'intervenaient pas. Je compris alors que je devais dire quelque chose, n'importe quoi, même si les mots qui s'emmêlaient dans ma tête me plongeaient un peu plus dans la confusion.

-On n'a qu'à aller dans ma chambre, répondis-je d'une petite voix, incapable de dissimuler correctement mon état.

Tout en me remerciant, Jungkook me suivit dans le couloir qui menait à ma chambre, le pas léger et le ton presque enjoué.

L'été du crépuscule ◌Taekook◌Où les histoires vivent. Découvrez maintenant