Retrouvailles

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Chanson à écouter:
🎵 Little Big Town - Girl Crush

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Chapitre 2 : Retrouvailles

En silence, les deux jeunes filles sirotaient leur thé dans le salon.

L’une, franchement ravie, admirait la maison en se remémorant les quelques moments qu’elle avait passé là enfant, quand elles étaient encore de grandes amies.

Elle se souvenait encore de la fête d’anniversaire d’Hermione lors de ses onze ans, une fête qui l’avait tellement chamboulé. Non seulement parce que ce fut la dernière avant leur longue séparation. Mais aussi parce que c’était à cette fête, quand elle avait vu l’amour que les parents de son amie portaient à leur fille, qu’elle comprit que plus jamais elle ne vivrait de tel moment avec ses parents à elle. En effet c’était quelques temps avant le divorce de ses parents.

Sa vie n’avait plus jamais été la même après cette fête, non. Ses parents ne se parlaient pratiquement plus, ce qui faisaient bizarre après tous les longs mois de disputes. Et elle savait que ces silences n’auguraient rien de bon. Et elle avait raison. Aujourd’hui, elle comprenait, évidemment, elle savait que ses parents avaient fait ce qu’ils devaient faire, rien ne sert de rester ensemble si rien ne va plus. Mais la petite fille de 11 ans qu’elle avait été, ne pouvait pas encore le supporter. Elle ne pouvait pas concevoir que son monde avait complètement basculé, que plus jamais rien ne serait pareil. Elle avait déjà entendu à l’école que certains enfants avaient des parents qui avaient divorcés, mais jamais, au grand jamais elle ne s’imaginait à leur place. Et pourtant.

Son petit frère était devenu plus lunatique encore que d’habitude, il n’avait qu’une année de moins qu’elle certes, mais à ses yeux il paraissait plus jeune encore. Avec les années, elle se disait qu’elle aurait dû être plus présent pour lui après ce drame. Comme leur mère était partie, elle aurait dû l’aider, cela aurait éviter tellement de choses. Mais que pouvait-elle faire au fond, elle n’était qu’une enfant.

Et le fait que sa meilleure amie, après cette fête, commençait, elle aussi, à s’éloigner de plus en plus, petit à petit jusqu’à partir pour un pensionnat un an plus tard, avait été encore plus dur pour elle. Emily ne lui en voulait pas, elle n’était pas comme ça, elle n’exigeait même pas d’explication, maintenant qu’elle était en face d’elle. Elle ne souhaitait rien d’autre que des retrouvailles.

Hermione, quant à elle, prit le temps de bien regardé son ancienne camarade. Elle n’était pas à l’aise face à elle. Non seulement à cause de tous ses secrets, de leur dernière discussion aussi. Mais surtout à cause du bonheur qu’elle lisait sur ses traits. Emily avait l’air épanouit, loin des tourmentes qui l’oppressaient tous les jours.

Elle remarquait comme Emily était belle, ses longs cheveux blonds comme un rayon de soleil, ses yeux bleus comme un ciel clair comme d’un après-midi d’été… Tout chez elle respirait la chaleur et la lumière. Elle se sentait fade à côté de tant de beauté. Et tout un coup, elle avait honte d’être elle.

Comme ses pensées commençaient à lui déplaire, Hermione engagea la discussion, tout en se promettant de ne plus laisser ses pensées divaguer autant.

- Comment as-tu su que j’étais là ?

- Oh mais je ne savais pas ! Disons qu’après la dernière fois qu’on s’est vue, je me suis rendue compte que je ne savais pas du tout comment te joindre. Et pourtant, te voir, m’a fait tellement de bien. J’avais longtemps repoussé mon passé, et je t’avoue que quelque part j’étais un peu soulagée de ne pas avoir tes contacts. Mais j’en ai parlé avec quelqu’un, et il m’a dit que le passé est ce qui a fait de nous qui nous sommes aujourd’hui, que peu importe ce qui s’est passé. Il fallait faire avec, accepter et essayer d’avancer, s’excuser pour ce qu’on a fait de mal et pardonner aux autres, se pardonner à soi-même aussi. Il a dit qu’il ne fallait pas tout effacer, qu’il fallait retenir ce qui avait été bien. Et je me suis alors dit que toi, Hermione, tu as été une des choses bien de mon passé. Tu étais comme ma sœur. Alors, je me suis mise à te chercher, ce qui n’était pas simple. J’ai passé des jours à éplucher les annuaires, jusqu’à il y a à peu près quinze jours. Maintenant que j’en parle, je me trouve idiote de ne pas y avoir penser plus tôt. Tu m’avais dit que tes parents étaient en vacances. Comme je connaissais la maison, je suis passée presque tous les jours pour voir s’ils étaient revenus. Et voilà aujourd’hui que c’est sur toi que je tombe. Tu ne peux pas savoir comme je suis heureuse.  

Malaise Où les histoires vivent. Découvrez maintenant