-Tempétueuse-

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Je suis tellement fatiguée, crevée, de cette vie que je subis. Depuis un moment déjà, je me noie dans ces abysses que sont mes vices. Je laisse peu à peu la place à cette maudite reine qu'est ma haine. Elle règne en maîtresse sur ma tristesse et détruit le peu de sagesse qui me reste. Elle me fait devenir la plus aveugle des borgnes. Cette reine aussi vieille que mon être semble devenir absolument hors de contrôle, et pourtant lorsque je suis soumise à ses humeurs, je me rends compte du contrôle froid qu'elle me donne sur les autres.

Il est exténuant de survivre avec une telle entité, une émotion si forte qu'elle vous fait vous sentir absolument étranger dans le corps qu'est le vôtre. Les personnes extérieures à vous ne peuvent comprendre le chaos qui se joue à l'intérieur de votre esprit. Toutes ces voix, ces émotions, ces pulsions qui hurlent dans vos tympans à vous percés le crânes pour te faire céder. En maîtresse toute puissante au début de ma vie je suis maintenant devenue l'esclave de ma survie.

Confuse. Confuse est le mot qui me décrit le mieux je pense. Il décrit cet état si particulier entre l'attente d'une action, être perdu dans cette immensité qu'est sa vie mais aussi ne pas comprendre cette dernière. Cette attente est longue, strict et est aussi dur que le plus puissant des coups de poing, il vous assomme. Et comme dans les vagues vous êtes balancé dans tout les sens, perdant ses repères jusqu'à pouvoir revenir à la surface et respirer.

Cela fait deux ans que cet enfer a commencé pour moi. Je suis dans cet état d'attente, car malgré moi j'ai survécu au pire, j'ai réussi à me battre pour survivre. Mais je suis dans l'incapacité de vivre à nouveau alors j'attends. J'attends. J'attends de trouver la solution pour me sortir de là.

Si je me suis débrouillé jusque là c'était grâce à ma colère, ma haine, ma peur de la mort même après l'avoir souhaité. Mais j'ai cette impression, que dis-je cette certitude que pour réapprendre à vivre, il ne faut pas attaquer le problème à la manière d'un bœuf, mais plus avec la délicatesse d'un plume.

Malheureusement la femme tempétueuse que je suis aujourd'hui ne peut être de la légèreté d'une plume à cause de cet enfer qu'est la peur. Cette même peur qui alimente c'est gangrène qu'est ma maladie. Elle me ronge petit à petit. J'en viens à me demander qui aura raison de ma vie en première. Ma maladie. Ma survie. La mort.

J'imagine que je le découvrirais un jour ou l'autre.

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Peinture réalisé par Gilles Balmet en 2017 intitulé Eruption

ExutoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant