C'était trois ans après la victoire à l'élection présidentielle du président Paul Biya, qui avait brigué ainsi son cinquième mandat, levant même la limitation du nombre de mandats présidentiels. Cela faisait à peu près un an que l'opération Épervier avait été lancée, dans le but de mettre fin à la corruption qui redoublait d'acuité dans le pays. L'accord de Greentree avait été signé entre le Cameroun et le Nigeria, afin de mettre fin au conflit sur la souveraineté de la péninsule de Bakassi, qui déchirait depuis dix ans les deux pays.Le Club de Paris avait annulé un an auparavant la quasi-totalité de la dette publique. La grève des transports surnommée “Les émeutes de la faim” contre la hausse des prix de l'essence et des matières premières n'avait pas encore débuté.
La Coupe du Monde de Football avait eu lieu un an auparavant en Allemagne. L'Italie en était sortie vainqueur. Le paysage musical s'émancipait prodigieusement grâce aux morceaux de Nono Flavy, de Nkotti François ou encore du Prince Ndedi Eyango. C'était l'année deux mille sept.
L'année où surviendrait l'une des hécatombes les plus mémorables de l'histoire de l'aviation en Afrique, dans une périphérie de la ville de Douala, en région du Littoral.
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— Combien de fois t'ai-je dit que je ne voulais plus que tu traînes là-bas avec ce vieux monsieur ?
La femme se tenait droite, les poings sur les hanches, ayant retroussé sa longue et ample robe de tissu pagne appelée communément “kaba”. Ses sourcils se fronçaient en dessous du foulard unicolore qu'elle avait noué sur sa tête, pour couvrir ses cheveux décoiffés. Elle regardait durement son fils, à genoux à ses pieds, sur la véranda froide. Cet enfant qui ne cessait de lui créer une frayeur à chaque fois qu'il s'aventurait dans la mangrove, accompagné de ce chasseur bizarre.
Antoine n'était pas un enfant têtu. Il était plutôt particulièrement sage. Il obéissait sans trop poser de question, observait les autres en silence. Mais ce qui le rendait si différent, c'était qu'il n'avait pas en lui la crainte. Cette crainte qu'ont la plupart des enfants face à des choses inédites. Cette peur qui les oblige à accourir vers les aînés, lorsqu'ils remarquent que quelque chose ne va pas. Antoine n'était pas comme ça. Aussi docile qu'il pouvait être, il ne reculait pas face à l'insolite. Non, il tentait de comprendre. Et cette petite manie était justement ce qui inquiétait sa mère.
Justement aux pieds de cette dernière, Antoine se confondait en excuses, affectait un air suppliant, en espérant échapper aux réprimandes. La bonne femme, accablée par une journée à nettoyer les surfaces des maisons du quartier, comme la ménagère qu'elle était, le laissa filer. Sa question resta en suspens, sans que l'enfant n'y apporte une réponse, qu'il n'avait d'ailleurs pas trouvé. Parce que malgré tout, la bonne femme l'aimait, comme toute mère aime son enfant, du moins comme elle est censée.
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Hommage
Short Story« L'histoire nous concerne davantage parce qu'elle ne nous réserve que ce qu'elle a nous déjà infligé dans le passé» Friedrich Nietzsche Entre la fin du 20e siècle et le début du 21e siècle, dans le pays de l'Afrique en miniature, le destin sembl...