TROP TARD

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1998

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1998. Quelques mois après la réélection du Président Paul Biya à la magistrature suprême, pour un 4e mandat de promesses. Les partis de l'opposition, beaucoup moins crédules que la population avaient boycotté cette élection.

On ne parlait plus que de la politique de diversification de l'économie camerounaise. Un projet ambitieux pour tenter de contrecarrer la crise économique qui ne cessait de se faire sentir, et d'échapper aux conséquences de la dévaluation du Franc CFA, survenue quatre ans auparavant.

Heureusement, les camerounais pouvaient s'adoucir les mœurs et oublier leurs peines le temps que durent des morceaux de Kotto Bass, Petit Pays ou Henri Dikongué.

L'équipe nationale de football participerait à la Coupe du Monde organisée en France cette année-là, avant d'être éliminée au premier tour. Mais pour l'instant, les camerounais ne pouvaient imaginer le drame qui aurait lieu, dans un quartier de la banlieue Sud de la capitale Yaoundé.
***

Le soleil se hissait doucement au dessus des têtes. Le ciel rose et orangé s'éclairait. Le roucoulement des oiseaux se confondait dans la brise fraîche du matin, qui apportait de la rosée sur les herbes. Les véhicules défilaient de plus en plus nombreux dans les rues. Les fenêtres des maisons s'ouvraient. Les radios se mettaient en marche. Les magasins laissaient tomber leurs cadenas. La capitale s'éveillait.

L'estomac gargouillant de famine, une de ces famines qui vous tenaille au lever du jour, la petite Sandra se forçait tant bien que mal à avancer d'un pas peu assuré. Ses sandales de gomme aux semelles effritées piétinaient lentement la bitume. Elle portait un vieux et long t-shirt d'un blanc douteux, qui s'apparentait à une robe, autour duquel s'enroulait une bandoulière noire. L'ampleur du vêtement permettait de distinguer le corps malingre qu'il couvrait.

Sur le crâne aux infimes cheveux de la fillette, tenait en équilibre un plateau d'aluminium contentant sa petite marchandise journalière. Une marchandise si abondante et lourde que l'on avait l'impression de voir la petite s'affaisser mollement sous le poids de sa charge.

- Bâtons de manioc ! Bâtons de manioc ! Madame, vous voulez des bâtons de manioc ? Lançait-elle en venant à la rencontre de quelque potentielle cliente, pour proposer ses tubercules de manioc moulus et cuits grossièrement dans des feuilles de macabo.

Sandra se faufilait dans les allées du quartier Nsam, qu'elle maîtrisait sur le bout des doigts. Elle traversait des magasins où s'entassaient jusqu'à l'excès des marchandises de toute sorte. Alors qu'à sa gauche se situaient des quincailleries, à sa droite étaient ouverts des bars, des épiceries. Il y avait même une scierie, où dominait une tenace odeur de bois. Le commerce se faisait partout.

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