V

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— Tu n'as qu'à contrer.

James est assis sur un canapé de la salle commune, penché en avant, l'air conspirateur. Sirius est affalé sur le fauteuil d'en face, les yeux sur le plafond.

— Contrer comment ? Désespère-t-il.
— Toi aussi, offre des fleurs à Remus.
— C'est une mauvaise idée.

Il se redresse et regarde à travers la pièce. Lily, Marlène et Remus parlent de l'expéditeur de roses avec animation.

— Marley trouve ça tellement exitant, et Evans tellement romantique, maugrée Sirius. C'est juste des stupides roses !
— Lily trouve ça romantique ? Demande James, soudainement très intéressé.
— Oui. Stupide, n'est-ce pas ?
— Tu crois qu'elle aimerait que je fasse ça ?

Sirius penche la tête en arrière et étouffe un cri de frustration.

— Par pitié, James ne t'y mets pas aussi ! Je n'ai pas besoin d'une Lily-Marlène surexcitée en plus.

James hausse les épaules et s'enfonce dans le canapé, un peu boudeur.

— Je n'offrirais pas des roses, je ne suis pas idiot. Quelque chose comme des lys.
— C'est la même chose, s'exaspère Sirius.
— Non. Les lys c'est plus recherché.
— Tu peux me dire ce qu'il y a de recherché dans le fait de voler l'idée de quelqu'un d'autre ?
— Je ne vole pas, je m'inspire.

Sirius secoue la tête et relève les yeux vers Marlène, qui s'approche de leurs fauteuils à grands pas, l'air rêveur.

— Alors, les garçons, quoi de neuf ? Demande-t-elle s'effondrant près de Sirius, l'obligeant à se décaler.
— Rien, répond séchement celui-ci, visiblement mécontentement d'avoir été délogé.
—  Vous avez du nouveau sur l'admirateur secret de Remus ? L'interroge rapidement James.
— Pas vraiment. De toute façon il ne veut pas en parler à Sirius parce ça le met de mauvaise humeur.
— Çe ne me met pas de mauvaise humeur, réplique-t-il, piqué.
— Mais c'est tellement exitant ! Continue Marlène en l'ignorant. J'aimerais que Dorcas le fasse... J'veux dire, elle fait des efforts et tout, mais demander aux elfes de maison de jouer une tragédie Grecque devant toute la grande salle... C'était mignon mais pas très raffiné.
— C'était du génie ! S'exclame James. Comment n'ai-je pas pu y penser avant avec Lily ?

Marlène s'agace sur le fait que Non, James, Lily n'allait certainement pas accepter de sortir avec toi même si la demande sortait de la bouche de dizaines de petits êtres rabougris. Et Sirius les écoute en silence, le regard rivé sur Remus.

Srius est allongé dans son lit, les bras croisés derrière la tête. Pour une fois que James est à l'entraînement de Quidditch et que Peter l'y a suivi, il a un peu de répis. Personne pour le pousser systématique vers Remus, ou pire, clamer haut et fort "Alors comme ça ton style c'est les mauvais garçons à cicatrices ?", dès qu'il est dans les parages.

Sirius s'autorise à fermer les yeux pour un somme quand la porte du dortoir grince et que quelqu'un se glisse dans son lit au même instant. Remus s'est nonchalament installé au bout du matelas. Sirius toussote et redresse ses jambes pour lui laisser de l'espace. Remus en profite pour se rapprocher un peu et ils se retrouvent tous deux assis en tailleur, face à face, sans avoir échangé un mot.

— Qu'est ce que tu fais là ? Demande doucement Sirius.
— J'ai fini mes devoirs, répond Remus en haussant les épaules. Je suppose que tu n'as même pas commencé ?
— Non, en effet.

C'est bizarre. Ils se toisent en silence. Comme à chaque fois qu'il est seul avec Remus, Sirius sent son cœur battre la chamade et résonner dans tout son corps. Leurs genoux se touchent maintenant, Sirius ne l'a même pas senti se rapprocher.

— Est-ce que tout va bien ? Demande soudainement Remus avec inquiétude.
— Oui. Pourquoi ça n'irait pas ?
— J'sais pas... T'es bizarre en ce moment.

Sirius hausse les épaules, tentant de se donner un air désinvolte.

— Tout va bien, je t'assure.
— Super, alors !

Remus sourit et son regard se fait si intense que Sirius doit se forcer à ne pas détourner les yeux.

— Pourquoi tu es si proche ? Glapit-il sans pour autant reculer.
— Je m'en vais si ça te dérange tant que ça.
— Non, je...

Remus louche sur ses lèvres un instant mais finit par s'éloigner et disparaître du dortoir. Sirius reste assis là, à la fois confus et mécontent. Non mais quel bordel, les mecs. Les filles c'était bien plus simple, pense-t-il en regardant la porte se fermer.

Lors du dîner dans la grande salle, Remus fait comme si rien ne s'était passé, discutant gaiement avec Lily et Marlène. Mais en même temps que s'est-il passé ? Se questionne Sirius. Rien. Il t'a juste posé cette question bizarre. Avec un regard bizarre. Une proximité bizarre. Et tout était bizarre. Tellement bizarre que Sirius ne pense qu'à ça. Les yeux que Remus a posés sur ses lèvres. Les genoux de Remus collés aux siens.

— Ça va, mon pote ? S'inquiète James en se servant une large portion de rosbif. T'es très rouge.
— Oui, bafouille Sirius, et il sent le regard amusé de Remus sur lui.

Au même moment, une rose tombe de nulle part pour se poser sur la tête de Sirius. Il sursaute et la retire de ses cheveux.

— Non mais elle s'en prend à moi maintenant !? Grogne-t-il en dépliant le mot.
Désolé si ça n'arrive pas à côté de ton assiette, je n'ai pas perfectionné ce sortilège, lit James par dessus son épaule.

Sirius jette négligement la rose vers Remus, qui la rattrape maladroitement. Il en a définitivement marre.

the sound of your heartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant