Chapitre 11

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Le balai de personnes en tenues phosphorescentes avait pris fin, la pièce était vide quand Axel fit un signe à Dimitri afin de faire revenir tout le monde. Ils reprirent place sur leur scotch respectif ainsi que le numéro bien en évidence . L'agacement collectif régnait. La voix d'Axel, toujours dépourvue de corps, interrompit le brouhaha.

- Messieurs, je voudrais vous remercier d'avoir tous été coopératifs. Veuillez s'il vous plaît tenir devant vous le numéro qui vous a été attribué, afin que nous puissions prendre une photo. Vous serez libéré juste après. Personne ne protesta. Pendant que le fonctionnaire photographe s'appliquait à immortaliser chaque suspect, Axel fit le signe à Lucie pour qu'elle s'approche. Le signe qu'ils avaient convenus ensemble afin qu'elle lui amène l'ardoise sur laquelle Enguerrand avait inscrit un numéro d'un potentiel coupable ou un vulgaire point d'interrogation de mauvaise augure pour le reste de l'enquête. Il remercia Lucie d'un mouvement de tête succin, prit une profonde inspiration qui ressemblait plus à une prière païenne et jeta son regard sur l'ardoise. Un 7 s'afficha sur la rétine de chaque œil. Le chiffre sacré. Le chiffre magique. Les 7 merveilles du monde. Le chiffre fondamental entre tous. Axel leva les yeux sur l'élu, patienta quelques instant afin que le collègue photographe eut terminé sa séance de prises de vues. Axel traversa le faisceau de lumière qui le rendait invisible aux yeux des suspects et s'immobilisa à coté de l'énorme enceinte Bluetooth. Chaque suspect pouvait dorénavant mettre un visage sur la voix. Axel leva sa main gauche pour attirer l'attention vers lui. La scène se figea dans un silence de cathédrale. Sa main se dirigea lentement vers le bouton « play » de l'enceinte. Une lenteur hypnotique. Après deux secondes qui parurent une éternité, l'enceinte cracha le cri d'une femme terrorisée qui se propagea dans toute la pièce. C'était si soudain et si haut dans les décibels que tout le monde sursauta. Après deux petites secondes de terreur, l'enceinte redevint muette. Le seul son qui emplissait dorénavant la pièce était des bips répétés qui émanaient de la poche d'un suspect qui avait garder les mains sur ses oreilles afin de se protéger du bruit. Il tenait dans sa main au dessus de la tête la pancarte numéro 7. Les 7 péchés capitaux. Sans le quitter des yeux, Axel pointa de son index l'origine du son.

- Pouvez vous sortir de votre poche et mettre sur la table l'objet qui vient de faire du bruit, s'il vous plaît . Numéro 7 obtempéra non sans essayer de se justifier.

- C'est juste les clés de chez moi, monsieur. Je les perds tout le temps donc j'ai mis une alarme pour les retrouver facilement...

Axel scrutait dans son regard un début de questionnement, de faiblesse. Il prit une nouvelle fois la parole à haute voix.

- Monsieur le témoin, quel était le numéro que vous aviez inscrit sur l'ardoise avant de me la remettre ? Les têtes se tournaient pour savoir d'où allait surgir la réponse.

- Le numéro 7, annonça Enguerrand toujours assis sur sa chaise.

Le propriétaire des clés baissa les yeux sur sa pancarte comme s'il prenait connaissance pour la première fois du chiffre qu'on lui avait assigné, puis regarda à nouveau Axel.

- Je suis sûr que vous avez beaucoup de chose à nous dire Monsieur ? Il fit un signe de la main à Dimitri pour qu'il s'occupe de relâcher les autres prévenus. La salle se vida progressivement. Raymond s'approcha du numéro 7, lui retira des mains la pancarte, le menotta sans résistance et l'invita à le suivre dans une pièce voisine. Après quelques instants, la lumière habituelle de la salle avait remplacée celle de la rampe de spots. Sans perdre de temps, des agents commençait à remettre la pièce dans son état d'origine. Lucie s'approcha d'Axel en compagnie d'Enguerrand.

- Monsieur de Marilly, souffla Axel, je ne vais pas vous demander tout de suite comment vous avez réalisé ce tour de force, je vais simplement vous dire merci d'avoir été présent, ce maudit jour. De nous avoir éclairer dans notre enquête. Votre cerveau ne vous à pas joué des tours. Vous aviez entendu l'alarme des clés. C'est en regardant une publicité sur internet que j'ai compris que le son que vous aviez entendu pouvait être ce genre d'alarme. Après c'est un coup de poker !

- Je suis ravi que vous ayez réussi à faire le rapprochement Lieutenant. C'était très impressionnant.

- Surtout qu'il n'avait mis personne dans la confidence, interrompit Lucie. Je vais de ce pas me plaindre à mon supérieur !

- C'est moi ton supérieur, s'amusa Axel. Avant que vous nous quittiez, Enguerrand, j'ai un cadeau pour vous.

- Un cadeau s'étonna Enguerrand. Il attrapa un textile souple avec des boutons positionnés régulièrement. On dirait une chemise.

- C'est effectivement une chemise ricana Axel, c'est ma chemise, que j'ai parié avec vous et que j'ai perdue. Elle vous appartient maintenant. Vous ne pouvez pas me voir mais je suis torse nu, mentit Axel. Un sourire illumina le visage aveugle d'Enguerrand. Il déplia sa canne trois morceaux.

- Je m'en vais l'essayer chez moi de suite. Bonne journée lieutenant ! Lucie le raccompagna jusqu'au taxi qui attendait devant le commissariat

Le TémoinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant