Chapitre 13: - Déceptions et cœurs meurtris

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« Quand tu lances la flèche de la vérité, n'oublie pas de tremper la pointe dans du miel » ; Joseph Sautier.

Affronter mes beaux-parents étaient beaucoup plus stressants que je ne l'imaginais. Comment leur annoncer que leur fils unique, leur fils bien-aimé, aimait les hommes ?

Il est bien vrai que je n'étais pas très fan de ma belle-mère mais j'étais triste et désolée pour elle. Mon père était tellement en colère que ma mère et moi avions peur qu'il fasse ou dise quelque chose qu'il pouvait regretter. La femme de ménage alla informer mes beaux-parents de notre visite. Papa Momar descendit le premier, ignorant que cette visite était tout sauf amicale :

-Ah mais pour une surprise, c'en est une ! Mais Sora, depuis quand es-tu à Dakar ?

Papa ne me laissa même pas lui répondre !

-Momar, ce n'est pas une visite de courtoisie ! Nous sommes ici parce que ma fille ne veut plus de ce satané mariage ! J'aimerai que tu téléphones à ton fils sur le champ afin que le divorce soit prononcé devant nous ! Il y a assez de témoins !

-Divorce diam ? Mais non, dou ni yow tamite, lepp wakhtane là ! (*ce n'est pas comme ça toi aussi, discutons-en).

-Non, c'est tout sauf gérable ! Sèye bi nafi yeem la wakh !

Au même moment, ma belle-mère daigna enfin montrer le bout de son nez. Elle nous salua avant de s'interroger sur les cris qu'elle entendait. Mon père n'élevait jamais la voix, sauf quand il était en colère :

-Mais que se passe-t-il ici ?

-Ah Collé, ils exigent que Bassirou accorde immédiatement le divorce à Sora. J'essaie de leur faire entendre raison, mais rien. Tu y arriveras certainement toi !

-Bassirou a toujours tout fait pour que Sora soit heureuse. Il a même préféré s'isoler avec son épouse alors que notre maison était assez grande pour les accueillir ! Il aurait pu se séparer d'elle lorsqu'elle a fait sa dépression, au lieu de cela, il est resté H24 à ses côtés, au risque de perdre son emploi et c'est vous qui souhaitiez mettre un terme à ce mariage ?

Cette fois-ci, c'est ma mère qui prit la parole :

-Pour votre gouverne, ma fille n'a jamais fait de dépression. C'est une pure invention de Bassirou, uniquement pour la faire taire.

-Je ne te suis pas ? La faire taire ?

-Oui !

Mes beaux-parents se regardèrent, dépassés par les évènements. Ils ne comprenaient rien du tout :

-Nous connaissons notre fils et ce n'est pas un menteur. Et puis pourquoi inventerait-il cette histoire de dépression ? Cela n'a aucun sens !

Papa en eut marre de tourner autour du pot, alors il leur balança la triste vérité en pleine figure :

-Parce que sène dom ci borom niari tour yi la bok (*il est homosexuel) ! Ma fille a dû faire une série d'analyse afin de s'assurer qu'il ne lui a filé aucune IST ! Et heureusement pour lui d'ailleurs, parce si ça avait été le cas, j'aurai porté plainte !

Maman Collé éclata de rire, puis remua la tête :

-Si c'est votre fille qui vous l'a dit, cela confirme qu'elle fait bel et bien une dépression chronique ! Bassirou Ho... ?

Elle n'arriva même pas à prononcer le mot :

-Soubhanallah ! Je vais appeler Bass parce que cette histoire commence à prendre une certaine ampleur.

Les confidences d'une épouse indignéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant