* Le fil rouge *

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J'étais pris au piège, contre ce mur, les mains maintenues par la force de ses poignes

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J'étais pris au piège, contre ce mur, les mains maintenues par la force de ses poignes. Xie Lian n'était du genre à abandonner. Ses iris carmélites figées sur moi, je me perdis dans leurs abîmes. Hésitant, je ne pouvais répondre à son attente. S'il savait, me mépriserait-il ?

— San Lang, qu'as-tu fait ? s'emporta-t-il en serrant mes poignets.

— Je... Je...

Le reste des mots se coincèrent dans ma gorge. Sa mâchoire se contracta, ses yeux me percèrent. La chair où il me contraignait devint douloureuse, accentuée par la force de son statut de divinité. Je cherchai en vain à me libérer de son emprise. - Je n'avais plus le choix, déplorai-je.

— Gege, si tu veux savoir ! Lâche-moi, s'il te plait.

Un reflet étrange dans son regard, la tristesse marqua subitement ses traits, il me relâcha lentement et recula. Je l'observai en silence, il fuit mon insistance, sans doute par culpabilité. Je me massai les poignets meurtris.

— Je te dirai tout, suis-moi, le conviai-je d'un geste de la main.

J'avançai vers les fauteuils, il m'emboita le pas. Ces réactions étaient celles d'une personne pleine de remords. Je voyais dans ces iris cette pureté qui émanait naturellement de lui. Cette pureté que j'avais failli souiller de mon amour. Nous prîmes place devant la cheminée. Mon cœur battait fort dans ma poitrine, alors que je m'apprêtai tout dévoiler à ma divinité, celle pour qui je remuerai ciel et terre.

— Je vais commencer par le début, si tu veux bien ?

— San Lang, je souhaite tous savoir... s'arrêta-t-il, la voix tremblante. Ne me mens pas.

Je portai mon attention sur le feu crépitant. L'odeur des fleurs de porcelaines s'était diffusée dans toute la pièce, me ramenant à une époque lointaine. Un sourire aux lèvres, je revoyais le jour où mon âme s'était attachée à la sienne.

— Je n'avais que huit ans, quand tu me sauvas la vie. Je me souviens encore de ton regard d'une douceur presque irréelle sur mon visage bandé. Tu t'en rappelles ?

— Tu es le petit garçon qui était tombé de la tour, lors de la démonstration pour les dieux ? me sollicita-t-il, ému.

— Oui, puis j'avais érigé un temple en ton honneur et j'ai fait ce que tu m'as demandé. Vivre pour toi, mais je n'ai jamais cessé de croire en toi.

Ses mains serrèrent le tissu de ses robes, un geste qu'il faisait pour se rassurer. Son regard sur les flammes, il restait là à écouter attentivement mes fragments de vie. J'espérai juste qu'il ne m'en voudrait pas.

— Te souviens-tu d'un jeune soldat ? À ce moment-là, je devais tout juste avoir seize ans. Tu vois le fil rouge autour de mon annulaire ? Je ne l'ai pas enlevé, depuis le jour où tu me l'as attaché dans cette grotte. J'ai combattu avec toi et pour toi jusqu'à que tu disparaisses dans les flammes, sans que je puisse te sauver. Mon cœur se brisa pour la première fois...

La cruauté des Dieux et des hommesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant