La Porte Vers La Fin D'une Civilisation

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(écrit fin avril 2021)
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En ouvrant cette porte, il ne s'attendait pas à ça. Il lui était enfin donné de voir où elle allait le mener, quel environnement, peut-être hostile, allait s'ouvrir à lui après l'avoir franchie. Penchant sa tête en avant pour vérifier qu'aucun danger ne pouvait venir de l'extérieur, il put immédiatement constater l'immense étendue rouge qui surplombait l'horizon. Le monde qu'il était en train de découvrir était très loin de ces lieux qu'il pensait être les hangars d'une sorte de station sous-marine où des longs vaisseaux ,dont il pouvait distinguer la silhouette au travers d'un hublot sale, étaient entreposés, cet endroit immense d'où il avait mis trois mois à s'échapper s'avérait être une station spatiale. Cette révélation lui coupa le souffle, Ivan était certain de se trouver plusieurs mètres sous terre et apprenait maintenant que ce qu'il avait toujours vu comme des sous-marins étaient en réalité des navettes spatiales, que ce manque de bruits venant de l'extérieur justifiant, pour lui, qu'il se trouvait sous l'eau, montrait en fait qu'il était sur une autre planète absente de tout signe de vie.

Le jeune homme prit un temps pour réaliser la situation dans laquelle il se trouvait et ce que cela impliquait, pour réfléchir aux différents scénarios dans lesquels le malheureux n'arriverait pas à s'en sortir: la faim, la soif, le froid, des créatures inconnues qui ne feraient qu'une bouchée de lui... Soudain une pensée lui traversa l'esprit. Et qu'en était-il de l'oxygène? Il voulut alors retourner à l'intérieur le plus rapidement possible mais s'aperçut en sortant de ses pensées qu'il arrivait à respirer l'air comme si il était de la même composition que celui qu'on trouvait sur Terre.

Plutôt perdu mais alors lucide, malgré ses difficultés à comprendre ce qui était en train de se produire, le rescapé prit la décision de récupérer des vivres dans la station, ayant pour objectif de commencer une longue marche dans l'espoir de trouver de la vie.

Pendant des jours entiers il ne vit rien d'autre que ce même sol rouge et quelques montagnes toutes de la même couleur. Le nomade avait déjà consommé la moitié de ce qui était sensé l'aider à tenir le voyage, révolu à l'idée de trouver quoi que ce soit sur ces terres mais continuait d'avancer, ne voyant alors rien d'autre à faire. Après tous ces jours et nuits de marche qui n'en finissaient plus, alors qu'il était prêt à abandonner, Ivan crut soudain au miracle. Il distinguait clairement une sorte de muraille en ruine à environ deux-cent mètres. Ces jours passés à ne rien voir d'autre que le gris du ciel couvert et le rouge du sol l'avaient peut-être rendu fou, surtout après ces trois mois passés enfermé... Pourtant, il était sûr de lui, il y avait quelque chose et il devait s'y rendre.

Moins d'une dizaine de minutes plus tard, il y était. Se trouvant au pied de ruines il entra dans ce qui avait l'air d'une ancienne ville ravagée. C'était impossible, il ne pouvait pas y avoir de civilisation sur une autre planète. Mais alors que l'homme s'aventurait dans ces nouveaux lieux il vit une sorte d'écriture: "إرَم ذات العماد". Il prit alors la décision de s'accorder quelques instants pour faire le point. Cela lui prit un temps avant de commencer à retrouver des pensées cohérentes mais il y parvint. Le sot avait tiré la conclusion hâtive qu'il se trouvait sur une autre planète, précisément sur Mars, mais rien à part le sol carmin et le grand bâtiment d'acier dans lequel ce dernier avait passé le quart de l'année écoulée ne le prouvait. Il reconnaissait cet alphabet, c'était de l'arabe. Il ne savait pas le lire mais se souvenait avoir déjà vu un mot ayant une forme semblable et avait déjà entendu parler d'une dite "cité des mille piliers" se situant en Oman qui n'était depuis longtemps plus que ruines, l'homme était sûr d'avoir déjà vu le même nom écrit dans cet alphabet et savait qu'il pouvait faire confiance à sa mémoire visuelle. Il était donc bien sur Terre.

C'est alors que le vadrouilleur cru entendre un bruit. Quelqu'un? Il se retourna alors en panique et vit un homme semblant très faible voire presque mort. Ne sachant avec quelle langue l'aborder, il essaya l'anglais mais voyant que l'homme ne le comprenait pas il tenta d'y trouver une alternative et repensa à ses bases d'Espéranto. Le désespéré lui demanda alors dans cette même langue si il parvenait à le comprendre et fut aux anges quand ce dernier lui répondit par l'affirmative. Ivan lui demanda s'il pouvait l'éclairer sur la façon dont il était arrivé dans ce grand bâtiment. Le vieillard commença alors à lui expliquer que son jeune âge donnant vers la trentaine signifiait que le curieux devait s'être fait dé-cryogéniser récemment.

Après plus de précisions, l'aventurier apprenait qu'il avait passé au moins une cinquantaine d'année dans une cuve de glace et avait raté la guerre nucléaire de 2098-2103, une guerre dévastatrice entre les plus grosse puissances mondiales ayant entraîné la quasi extinction de l'humanité un demi siècle plus tôt. Le survivant continuait de l'écouter avec attention, abasourdi par ce qu'il était en train d'apprendre. Il s'était en fait réveillé dans la fausse station spatiale de Dhofar étant en fait une réplique d'une station spatiale, ayant anciennement servi de camp d'entraînement pour des futurs astronautes se préparant à mener une excursion sur Mars

Confus, Ivan venait d'en apprendre beaucoup et était en état de choc. Il se posait néanmoins une question. S' il existait encore quelques rares humains qui avaient survécu à ce drame, alors comment cela se faisait-il qu'aucun autre n'était né en cinquante ans ? La réponse apportée par le vieil homme lui glaça le sang. La radioactivité de l'atmosphère avait connu un pic lors de la guerre où elle avait été tellement élevée que la plupart des espèces dans le monde avaient trouvé tous leurs membres stérilisés, l'être humain faisant partie des affectés. Il était en train de vivre les derniers instants de l'humanité et sera sûrement un, si ce n'est le dernier homme à mourir.

Pris de court par la dureté de ces informations arrivées si soudainement, Ivan ne savait même pas comment réagir. Il n'avait aucune idée du nombre de jours qu'il lui restait à vivre perdu dans cette région aride, ni même du nombre de chiffres représentant les quelques humains ayant survécu. Dépassaient-ils au moins deux ou trois ? Le désespéré ne savait plus où donner de la tête. Alors déchu, il commença à envisager d'en finir avec sa vie par lui-même, ce qui lui permettrait d'être sûr du jour où elle se terminerait. Mais ces idées noires qui avaient au début simplement germé dans son esprit commençaient à s'emparer de la quasi entièreté de ses pensées, il finissait par ne plus envisager d'autre alternative. Ivan prit finalement la décision de donner les vivres dont il disposait au mourant qui le regardait avec pitié pour se laisser dépérir, permettant à un autre de connaître la véritable fin de l'humanité.

Concentré D'IdiosyncrasiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant