Le Profecœur (SOUS CONTRAT D'EDITION)

6 - Mirage

L'entraînement s'est bien passé, j'ai dû crier et faire travailler les filles trois fois plus qu'à la normale. Il y a beaucoup trop de relâchement pendant les vacances, à chaque rentrée elles ont pris un ou deux kilos en plus et elles sont plus molles. Je sais qu'elles me détestent dans ces moments-là, je les pousse à bout, mais il faut qu'on soit parfaites. J'ai mis trop de temps à devenir la meilleure cheerleader de la ville. Et on n'arrive pas là où j'en suis en se relâchant, ni moi, ni mes filles.
Une première année qui devient la reine de l'établissement, c'est une première dans l'histoire de la fac et je ne laisserai ma place à personne.

Je suis restée avec les filles faire des enchaînements supplémentaires, et maintenant je suis en retard à mon premier cours de la matinée. Je n'ai pas eu le temps de me changer et mon uniforme de pom-pom-girl rouge et noir me colle à la peau à cause des exercices. Mon haut laisse apparaître le piercing que j'ai fait à la mort de ma mère, un petit papillon en or blanc, sûrement le seul rappel que j'ai d'elle. Il faut dire que son papillon à elle, il était tatoué au-dessus de son cul, mais elle aurait probablement aimé ces petits Swarovski qui perlent mon nombril. Elle aimait tout ce qui brille et qui vaut de l'argent de toute façon.

Je détache mes cheveux que j'ai légèrement bouclés et fonce en cours.
En rentrant dans l'amphithéâtre, une petite tornade blonde me percute en pleine face.

— Putain !
— Je suis tellement, tellement désolée Lara, excuse-moi.

J'aimerais connaître son prénom aussi, mais ce n'est clairement pas le cas. Contrairement à elle et à tout le monde dans cette foutue fac.
Je fais un signe de la main lui disant d'arrêter, ça va je ne vais pas t'écarteler pour ça, relax.

Je fais un léger soupir pour faire comprendre mon mécontentement et je continue mon ascension au milieu des sièges.

Quelqu'un s'est mis à ma place. Il faut vraiment tout leur apprendre ici.
C'est. Ma. Place.

Cette fille semble nouvelle, les cheveux noir et rouge, les yeux fixés sur la petite table qui lui sert de bureau, ses mains bougent nerveusement sur ses cuisses.
Merde. On dirait le moi d'il y a trois ans.

Pour cette fois, je me tais et m'installe au troisième rang. Je lui expliquerais les règles plus tard, ce n'est pas la mort.
Tu acceptes ça pour une personne, demain cinq autres feront la même chose.
Je fais taire la petite voix intérieure de mon petit Hulk et m'enfonce dans ma chaise en sortant mon stylo.
Juste cette fois, une seule.

— T'as vu notre nouveau professeur. 

— Il parait qu'il peut rivaliser avec Henry Cavill ou Ian Somerhalder tellement que c'est un canon, chuchotent les filles derrière moi.

Un nouveau prof ? Je n'en ai pas entendu parler, pourquoi diable je n'en ai pas entendu parler ?
Peut être parce que j'écoute que d'une oreille tous ce qui concerne les potins de cette école.

J'ouvre mon ordi, faisant tomber mon café noir qui s'étale par terre, le couvercle s'est enlevé et le liquide s'est répandu partout sur le sol. Merde. Quelle journée de merde, je me baisse pour ramasser le gobelet.

— Tiens.
Je relève ma tête sur un brun qui me tend un t-shirt de sport pour éponger mon embarras.

— Merci, dis-je en souriant poliment et acceptant le tissu pour étancher ce que je peux. C'est tout moi ça. Être maladroite une minute avant mon premier cours de la rentrée.

— Lara, c'est ça ?

Je mets une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, lui offrant un piteux sourire. Je déteste être draguée. Peut-être qu'il me drague pas, mais habituellement, on ne me pose pas de questions juste pour s'intéresser à moi sans arrières pensées.
Il enlève son sac de son épaule et en sort un jogging pour venir m'aider.