Il suffit d'une étincelle de doute pour embraser une forêt de certitude.
Paul Lawton.
— Entre, dit-il presque sévèrement à mon attention.
Je m'exécute, rentrant dans cet appartement ancien, contrastant complètement avec le style de Mr. Spring. Si lui est moderne, ce lieu est dans son jus complet. Les murs sont recouverts de papier peint à fleurs jaunes et les meubles ont au moins dix fois mon âge. Ça correspond plus à un appartement de la petite mamie Mireille qui vit avec trois chats et prépare des gâteau à la pomme pour ses petits enfants, qu'à l'appartement du plus bel être humain que je n'ai jamais vu.
Lui qui a une belle Impala noire et une montre dernier prix. Le genre que Bart, mon beau-père, pourrait avoir au poignet. Je me demande d'ailleurs comment il peut se permettre d'acheter ça, j'imagine qu'apprenti prof ne paye pas si bien, alors comment ?J'avance dans la pièce, m'asseyant sur une chaise de la salle à manger comme il me le demande.
— Sympa la déco ! marmonné-je pour détendre l'atmosphère.C'est vrai, c'est tendu. Sur le coup, aller chez lui me semblait être une bonne idée, en tout cas plus passable qu'aller chez moi et croiser Ben, le gardien de nuit, qui aurait directement appelé Bart. Mais maintenant que je suis ici, et que le seul bruit vient de la pendule en forme d'oiseau au fond du couloir, c'est on ne peut plus gênant.
— Je vais te nettoyer ça.
Il me montre du menton mes genoux ouverts. J'en grimace, de l'asphalte est coincée à l'intérieur, l'hémoglobine est en train de durcir, ce n'est pas jolie.Spring disparaît dans une pièce et revient quelques minutes plus tard avec des compresses et du désinfectant, se mettant à genoux devant moi.
— Je peux me nettoyer tu sais, j'abuse déjà un peu trop en venant ici, susurré-je en serrant un peu plus les bras contre ma poitrine.
Car, oui, si je décide d'ouvrir les bras et de danser le casatchok ça risque d'être drôle tellement que mes seins se baladent dès que je desserre ma prise.Il ne me répond pas, tirant une de mes jambes pour mieux observer l'étendue des dégâts. C'est là que mes yeux s'arrondissent, mes joues s'empourprent quand je prends conscience du tutoiement que j'ai lancé. Je ne suis même pas sûre qu'il ait remarqué ma gêne, où même qu'il est remarqué que je lui parlais comme si nous étions autre chose qu'un prof avec son élève, il a l'air juste...concentré.
Ne fais surtout rien pour alléger la situation, vas-y.
Je le regarde se fixer sur sa tâche, son nez droit, ses pommettes saillantes, ses cheveux onyx retombant sur son front. En continuant mon espionnage, je me surprends à sentir chaque endroit où il pose ses doigts comme quelque chose de presque douloureux. Me procurant une onde de chaleur à chaque fois. C'est quoi cette sorcellerie ?
— Ce connard va payer, souffle-t-il avec rage, serrant la mâchoire, on ne peut pas se permettre d'avoir un violeur dans nos murs, ajoute-t-il quand il constate que je le regarde avec étonnement.
C'est mon prof, mon prof qui insulte un élève, même s'il n'a clairement pas tort. J'ai l'impression de découvrir un nouveau lui ce soir, un nouvel homme qui fou la chair de poule autant qu'il m'hypnotise.
Argh.
Ça fait mal.Il gratte la peau, enlevant chaque petit caillou et les dispose dans un verre qu'il a ramené avec une pince à épiler grise. Il parait tellement concentré et à l'aise, comme s'il avait fait ça toute sa vie.
— Pourquoi tu es sortie avec ce mec déjà ?
Je comprends que sa question est pour détourner mon attention quand il pulvérise le désinfectant sur ma plaie, m'arrachant une grimace.
Je vais faire comme si je ne discutais pas avec mon professeur.
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Le Profecœur (SOUS CONTRAT D'EDITION)
RomanceSortie le 10 avril Lara Wong est capitaine des pom-pom girls de Spikeview, celle qui fascine autant qu'elle intimide. Derrière cette façade, nul ne suspecte ce qui la ronge. Seulement, son trône de reine de la fac menace de s'effondrer lorsque Juli...