Lorsque les connexions sont réelles, elles ne meurent jamais.
Spring ne m'a pas adressé un seul autre regard de toute l'heure qui a suivi. Heureusement d'ailleurs. J'ai l'impression d'être encore complètement bourré, alors que je ne me suis jamais senti aussi sobre et lucide. Et troublée.
Il faut que je trouve une façon pour qu'il parte d'ici, c'est MON domaine, MON terrain de jeu, pas question qu'il se remmène dans MA vie.
J'essaie de montrer de nouveaux enchainements aux filles, on a une représentation ce week-end pour le match et il faut redoubler d'efforts. Je me perds dans des mouvements, faisant des stunts, tumblings, flips encore et encore. Pourquoi est-ce qu'il revient ici ? Avec ses yeux bleus glacials, je ne le veux pas ici ! Et je continue, me faisant transpirer comme rarement, m'observant dans le miroir, j'ai mal, mes muscles me tirent, les entailles de mes cloques sur mes mains s'ouvrent, mais j'ai besoin de ça, d'oublier.
Les filles ne me suivent plus, elles me regardent, partagées entre l'admiration et la panique.
Soudain, l'effort est trop intense, plus je tourne, plus mon esprit se perd, je la sens, la nausée, elle arrive comme une claque.
Je contrôle tout. Chaque émotion, jusqu'à chaque cheveu sur ma tête, et voilà qu'il arrive et une minute plus tard, je suis sur le point de vomir devant mes filles.Putain de Spring.
Je quitte la salle et cours vers la sortie, il faut que je dégage d'ici pour que personne ne me voit. Je ne cache pas mes faiblesses depuis des années pour m'exposer ainsi devant chaque personne ici.
Pas moyen.
J'arrive dans une petite ruelle annexant le campus, enfin à l'abri, prenant appui sur mes genoux et fermant les yeux, j'ai juste besoin de quelques minutes pour reprendre mon souffle. Sale idiote.Le degueuli menace d'arriver à chaque instant, me brulant la gorge. Mais des voix me réveillent de ma léthargie, je lève la tête pour les suivre.
Spring est là, tendant quelque chose à quelqu'un, un homme, la cinquantaine passée, un costume impeccable, je le devine à ses cheveux grisonnants. L'homme plus âgé remonte dans sa voiture hors de prix et disparaît de ma vue. Julian reste debout, les mains dans les poches avant de répondre au téléphone.
Je ne peux pas entendre ce qu'il dit et en essayant de bouger, son visage se retrouve vers moi.
Il m'a vu.
Il fait un pas pour venir vers moi, je déglutis, ses traits sont durs comme de la pierre. Le danger rôde dans son regard, et ses yeux d'un bleu saphir clair brillent d'une intention mortelle. Avant qu'il ne puisse s'approcher plus, je recule et il fait un pas de plus vers moi, je prends peur et pars en courant dans la direction inverse.
C'est une chose de se trouver face à l'homme qui vous a brisé le coeur sans le savoir, mais lui parler en est une autre.J'ai besoin de conduire.
Oublier.
La route m'amène jusqu'à chez moi, là où je sais que je serais tranquille.
Personne n'est là, je laisse tomber mes fringues sur le sol et plonge nue dans la piscine, j'adore ce moment, je me sens libre. J'apprécie surtout de ne pas porter mon maillot une pièce habituelle ou quelconque tissu sur mon dos. Pour éviter qu'ils les voient.
Je chasse ce souvenir de ma tête. Il ne peut pas m'atteindre, et eux, ils ne peuvent pas les voir.Je nage plus vite, plonge sous l'eau en retenant ma respiration. Je me demande ce que ça fait, d'abandonner, de juste arrêter de se battre, d'oublier.
Gentille fille.
Je ne reviens pas à la surface, je veux oublier, je veux que toutes ces images, tous ces bruits, tous ce qui ne va pas chez moi quittent mon esprit. Je hurle sous l'eau, libérant de l'air qui s'écrase à la surface, je veux être comme ses bulles, faire un petit chemin difficile avant d'exploser et de m'épanouir enfin à la surface.
Pourquoi c'est si dur ?
Être normale ?Quand mon cerveau me supplie de revenir à la surface, je touche du bout de mes doigts mon dos, les sentant, me donnant l'envie nécessaire pour rester sous l'eau. Je veux qu'elles s'en aillent. On ne peut pas effacer ce genre de souillure. Je chasse les picotements dans mes yeux et me persuade qu'il s'agit juste du chlore. Il est peu probable qu'il me reste encore des émotions. Je reste jusqu'à ce que ma tête tourne et que mon esprit commence à faiblir, l'eau essaie d'entrer dans ma gorge et je ne sais plus quelle décision prendre. Un brouillard noir m'atteint, mon esprit n'arrive pas à trancher alors que je me noie.
Brusquement, des bras puissants me remontent à la surface, la lumière m'aveugle, le vent frais frappe mon corps et j'entends vaguement mon prénom avant de recracher l'eau qui a envahi mes poumons.— Tu fous quoi putain ?
Je cligne plusieurs fois des yeux avant que le visage en face du mien ne devienne plus net.
Lindon.
— Tu veux te tuer ou quoi ? Car si oui, t'étais sur la bonne voie !Je passe directement mes mains sur mon dos, paniquée à l'idée à ce qu'il les voit. Je me lève en faisant semblant de m'en foutre de la nudité, cachant la honte enflant en moi comme une tempête. Je replonge directement dans la piscine, comme si rien de grave venait de se passer.
Je m'interdis qu'il me voie vulnérable.— Tu comptes m'ignorer après ça ?
Lindon est avec un jean et un t-shirt trempé, son sac et une cigarette allumée sont jetés au sol.
Il s'est précipité.
Pourquoi ?— Fais comme tu veux Lara ! Crève si tu veux ! entendais-je pendant qu'il disparait dans la maison.
Des larmes menacent d'arriver et j'oblige mon cerveau à les arrêter. Je n'ai pas pleuré depuis trois ans, plus depuis ce jour-là avec Spring, je n'ai même pas lâché une larme quand ma mère a été enterrée dans un putain de cercueil. Alors, ce n'est pas maintenant que ça va arriver.
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Pensez à la petite étoile svp :)Insta : Maohjade
Tiktok : Maohjadebook🌈 Le Motesine : Spin off sur Tonío en cours sur mon profil
🌈 Féheries : Ma nouvelle fantasy en coursVous pouvez dès à présent les ajouter dans vos listes de lectures.
💦 Bonne lecture les Profées 💦
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Le Profecœur (SOUS CONTRAT D'EDITION)
RomanceSortie le 10 avril Lara Wong est capitaine des pom-pom girls de Spikeview, celle qui fascine autant qu'elle intimide. Derrière cette façade, nul ne suspecte ce qui la ronge. Seulement, son trône de reine de la fac menace de s'effondrer lorsque Juli...