Prologue 4 - L'avant veille

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Quinze jours plus tard.

J'ai passé les quinze jours suivants avec lui. J'allais chez Mr Spring tous les jours en fin de journée. Il me donnait des cours de littérature, du moins, j'espérais croire que c'était une excuse pour qu'on se voit, et nous parlions pendant deux bonnes heures.
C'est peut être puéril, débile, enfantin, mais je me suis rarement senti aussi à ma place.  En fait, je ne me suis jamais senti aussi bien qu'avec lui.
Mr. Spring ne parle pas beaucoup, on n'a même pas l'impression qu'il écoute et pourtant... je ne sais pas. La tornade dans mon esprit s'apaise et ça.. ce n'était jamais arrivé, avec personne.

J'ai entendu des rumeurs, Nate a été reçu à l'hôpital, certains racontent qu'un rat lui a mordu trois de ses doigts, d'autres qu'en chassant un ours, celui-ci lui a coupé la main. 
Je n'ai pas su la vérité, mais je sais que d'une manière ou d'une autre, il ne me touchera plus. Jamais.

J'ai cru pendant une seconde que quelqu'un avait pu faire ça, mais j'imagine mal Spring lui piétiner les phalanges. N'est ce pas?

Nous sommes le dernier jour avant la rentrée et c'est mon rendez-vous quotidien chez lui. Demain, tout sera terminé, nos discussions et surtout ce lien. Cet étrange lien chimérique qui me lie à lui. Pour la première fois de ma vie, je me sens en sécurité, à ma place, peut-être que j'aime le côté dangereux de voir mon professeur pour discuter.  Peut-être que mon âme tordue aime le danger, l'interdît.

Ça fait de moi le contraire d'une gentille fille. 

La chair de poule me monte alors que je mordille mon stylo nerveusement. 
Spring le remarque et mime une scène de Shakespeare, me faisant rire aux éclats.  Il n'est pas non plus particulièrement drôle. Mais moi, moi je ris à son côté nonchalant et l'air qui dit « ne m'approcher pas, vous pourriez vous brûler ».
Je m'approche de lui, voulant mimer quelque chose et il sourit. Il ne rit presque jamais, mais quand il sourit, argh, mon cœur fait un bon qu'il ne devrait pas faire. 

Je ne sais pas pourquoi, mais en quelques secondes, je suis face à lui, prise par une soudaine pulsion magique, et je pose mes mains sur son visage.
C'est pas vrai, c'est pas vrai. Qu'est-ce tu fous Lara ?

Je ne sais pas ce qui me prend, mais quand je vois qu'il ne bouge pas, attendant de voir ce que je fais. J'approche mes lèvres des siennes, sentant son souffle chaud sur ma bouche. Odeur de caramel, de musc et de menthe, cette odeur... Je le sais, je sais que c'est mon professeur, que rien n'est normal dans ce geste désespéré, mais pourtant, quand nos lèvres se rencontrent, il se passe quelque chose, une sorte d'attraction mystique. 

Au début il se fige, ne bougeant pas, me procurant une bonne seconde de regret. Mais d'un coup, il passe sa main derrière ma nuque, me poussant à accentuer mon baiser et me forçant à me coller à lui. J'ouvre plus profondément ma bouche avant que nos langues s'effleurent. Ça devient un baiser torride, passionné. Je l'embrasse avidement, comme une affamée, c'est bon, beaucoup trop bon. Ma tête tourne, et je jurerais sentir les battements de son cœur cogner contre sa poitrine. 

D'un coup, il recule son visage, ses yeux bleus ont un voile de désir qui disparaît, faisant apparaître de la colère.  L'agressivité émane de lui par vague, je reste bouche bée, les joues rouges, les lèvres gonflées comme seule preuve de ce qu'on vient de partager. Je suis incapable de trouver quoi dire.

— Qu'est-ce que tu fou

— Qu-quoi?
Mes yeux cherchent son regard chaleureux, celui qui me regarde depuis quinze jours.

Je...je...je pensais que... ajouté-je 

Je le relâche aussi vite que je l'ai attrapé, irritée
Tu penses mal Lara putain, c'était quoi ça, bordel?

Le Profecœur (SOUS CONTRAT D'EDITION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant