Mélodie [Recueil d'OS Kpop]

La comète qui aimait l'océan [Jikook] 📗

Sa longue chevelure derrière elle, elle avançait à une vitesse folle, fendant le vide sans jamais s'arrêter. Aucun obstacle sur sa route, rien pour stopper sa course endiablée. La comète filait dans l'espace sans un bruit, solitaire. Isolée dans un néant infini.

Elle sillonnait depuis des milliers d'années le cosmos, parcourait les ceintures d'astéroïdes et regardait de loin, très loin, des planètes qui paraissaient minuscules. Née d'une collision, d'un hasard, elle s'était mise en mouvement et n'avait plus freiné.

Une nouvelle galaxie, de nouvelles planètes, et une grosse étoile autour de laquelle elles orbitaient. La comète traçait sa route. Puis... quelque chose attira son attention. Sa trajectoire dévia à peine mais lui permit d'approcher. Du bleu, du vert, et un peu de blanc ; comme c'était joli ! Elle n'avait encore jamais observé pareil phénomène !

La comète avança, et les mois passèrent. Elle ne lâchait plus cette planète étrange, tout à fait unique. Cet indigo, surtout, quelle beauté ! Elle en avait déjà vu, des corps célestes teintés de cette couleur, mais jamais de manière si élégante, si profonde, si envoûtante ! Ça l'enthousiasmait, ça l'hypnotisait !

Arrivée trop près pour dévier de sa trajectoire, la comète s'abandonna sans hésiter à l'attraction de ce monde sublime. Elle se décida à orbiter autour, admirant jour après jour l'étoile centrale illuminer le bleu magnifique. Emprisonnée par une force qu'elle connaissait, un piège auquel elle ne s'était jamais laissée prendre auparavant, la comète était devenue esclave de la planète azurée, et elle s'en réjouissait. Chaque tour la comblait d'un bonheur simple, impossible de se lasser, surtout maintenant qu'elle s'en trouvait si proche !

Un amour fou était né entre la comète et les vastes étendues céruléennes. Ces couleurs paraissaient exploser dans la masse obscure et informe du vide intersidéral. Enfin de la vie ! Enfin de la beauté ! Elle en avait vu, des jolies choses, mais ça... c'était indescriptible !

Le bleu changeait, parfois. Il s'assombrissait quand les nuages s'épaississaient, il semblait hurler de rage quand d'étranges remous le soulevaient, et ces phénomènes fascinaient plus encore la comète : le vert et le blanc demeuraient immobiles, mais le bleu... le bleu vivait bel et bien. Il bougeait, comme elle, et qu'est-ce qu'elle aimerait lui parler, lui demander pourquoi et comment il se remuait - et surtout avec une grâce pareille !

La petite comète, après quelques semaines, remarqua que les nuages eux-mêmes formaient des vagues, comme pour mimer dans le ciel de cette charmante planète ces mouvances fabuleuses.

Puis le jour arriva où, trop curieuse, la comète se sentit tout à coup chuter. Elle s'était tant approchée que l'attraction avait refermé ses griffes sur elle. Mais la comète ne paniqua pas. Pourquoi paniquer alors qu'enfin elle s'apprêtait à embrasser ce bleu qui l'émerveillait ? Elle ne voyait que lui, ne vivait plus que pour lui. Il était devenu tout ce qui lui importait, ce bleu impétueux. Elle mourrait pour le rencontrer, parce que depuis qu'elle l'avait remarqué pour la première fois, elle avait perdu tout intérêt pour le reste. Plus rien n'existait ni n'avait existé, et cet indigo inatteignable la rendait folle.

Inatteignable jusqu'à aujourd'hui.

La comète fila, et l'atmosphère brûla son corps rocheux, l'en dépouillant d'une grande partie. Tant pis, qu'elle se décompose pourvu qu'elle rejoigne l'azur !

Or, elle approchait certes de la planète, mais d'une immense étendue verte. Non, non, pas le vert ! Trop tard : impossible de changer une course qu'elle ne contrôlait pas. Paniquée, horrifiée, la comète demeura impuissante, et les minutes passèrent tandis que les étendues émeraude se dessinaient de manière toujours plus précise. Des étendues immobiles, ennuyeuses.