Reste, ne pars pas [Jimin]

1K 60 62
                                    

Face à la porte d'embarquement, tout lui revenait en mémoire, tout du début jusqu'à aujourd'hui. Et peu à peu, son cœur se brisait en une multitude de morceaux qui à leur tour volaient en éclats. C'était la pire souffrance qu'elle aurait pu imaginer, sa poitrine la brûlait et ses larmes ne demandaient qu'à s'échapper. Quelque chose au fond d'elle lui hurlait qu'elle n'aurait jamais dû partir.

~~~~~

Leur histoire avait commencée quelques semaines plus tôt par une chaude nuit de juillet. Elle étouffait dans son lit, elle n'était pas capable de dormir et décida de sortir prendre un peu l'air. Elle ignorait pourquoi, mais ses pas la conduisirent ici, dans ce petit parc désert qui aurait pu paraître lugubre sous la lueur translucide de la lune qui était alors pleine et magnifique. Elle s'assit sur la balançoire, elle avait toujours aimé les balançoires. Celle-ci était particulièrement haute, la jeune femme pourrait se balancer si fort si elle en avait envie... mais tout courage lui manquait cette nuit-là. Elle jeta un bref coup d'œil à la large place à côté d'elle qui signalait que jadis, une seconde balançoire s'était trouvée là mais avait été retirée.

Une heure plus tard, elle était toujours sur cette même balançoire, perdue dans ses songes, esquissant de faibles mouvements pour s'agiter lentement, au rythme auquel son cœur battait. En vérité, elle était anxieuse : elle s'apprêtait à changer de vie, à aller s'installer loin de Séoul, aux États-Unis où son père avait été muté. Il travaillait dans une grande multinationale et elle n'avait pas eu le choix : soit elle le suivait, soit elle se débrouillait seule ici. Elle n'avait pas hésité très longtemps, elle était bien trop proche de ses parents pour se séparer d'eux.

« Je vois que la place est déjà prise. »

Il était arrivé dans son dos, sans qu'elle ne le voie, après quoi il était venu se planter devant elle. C'était la première chose qu'il lui avait dite. Elle trouva sa voix douce et son visage attendrissant ; il devait avoir une vingtaine d'années, comme elle. Il avait l'air mélancolique, mais elle ne s'interrogea pas à ce sujet. Il avait des vêtements classes, comme s'il sortait d'une cérémonie : il était vêtu d'une belle chemise blanche à manche courte dont il avait ouvert les premiers boutons, d'un jean sombre duquel dépassaient nonchalamment les pans de son haut, et de chaussures noires. Sur une épaule il portait un sac à dos noir dont elle crut voir dépasser quelque chose sans en être tout à fait sûre. Ses cheveux sombres étaient légèrement décoiffés, ses oreilles étaient percées en plusieurs endroits d'où s'échouaient des bijoux aussi argentés que la l'astre de la nuit et il avait le teint blafard, probablement dû à l'éclat diaphane de la lune, malgré tout il dégageait un charme qui l'avait immédiatement séduite. Ses yeux brillaient d'un éclat qui témoignait de toute sa bonté et elle voulut tout de suite en savoir plus à son sujet.

« Malheureusement, répondit-elle, et si vous êtes un gentleman, vous n'allez pas me la réclamer. »

Elle lui adressa un sourire taquin qu'il lui rendit aussitôt.

« Je ne comptais pas le faire. Gardez la balançoire, je me contenterai du tourniquet. »

Elle le suivit du regard tandis qu'il allait s'installer sur le jeu. Les graviers gémissaient à chacun de ses pas et perçaient le silence de la nuit qui envahissait la petite aire quand ils ne parlaient pas. Le fer était rouillé et lorsqu'il s'assit, un crissement métallique particulièrement désagréable sonna. Elle grimaça tandis qu'un frisson traversait sa colonne vertébrale et le jeune homme en fit de même. Le bruit se reproduisit lorsqu'il voulut tourner, et il abandonna immédiatement cette idée.

« Je crois finalement que je vais devoir réclamer la balançoire.

- C'est tout à fait fâcheux, plaisanta-t-elle, car je ne compte toujours pas vous la rendre.

Mélodie [Recueil d'OS Kpop]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant