DOMINUM Le cœur du papillon

CHAPITRE 19

Quelques éclats de voix s’échappaient du local sportif, lorsqu’il s’en approcha, poussant la porte, les voix se turent, et les deux hommes se retournèrent vers lui. Aleksandr reconnut Dean Wilcox, ami et accessoirement agent de Drake Rhodes, le boxeur qui rapportait de l’argent comme il était rarement permis de le faire. Ce dernier avait les traits durs, le corps en sueur et les poings encore gantés, ses yeux devinrent tristes et inquiets quand il vit Aleksandr. Dans un petit bruit sourd, la porte se referma derrière lui. Dean se retourna de nouveau vers le boxeur, il lui dit quelques mots que Xander n’entendit pas, mais au vu des épaules de Drake qui se tendaient, Aleksandr comprit que ce n’était pas forcément une bonne nouvelle. Sans un mot Dean sorti par une autre porte qu’il laissa claquer, imposant ainsi le silence dans la salle d’entrainement privée de celui qui remportait tous ses combats par K.O depuis quelque temps. Cet homme était une vraie machine de démolition, constat Aleksandr en se souvenant de son dernier combat qu’il avait vu dans l’avion quelques jours plus tôt.
Les deux hommes se toisèrent, ils avaient à peu près la même taille, même si Aleksandr était légèrement plus fin que Drake.

— Je ne savais pas que l’on devait se voir, lança finalement le boxeur.
Il restait calme, mais Xander remarqua que ce n’était qu’en apparence.

— Tu as quelque chose pour moi ?
Aleksandr n’eut pas besoin de répondre, Drake vit la réponse lui-même. Dans un triste hochement de tête, Drake se retourna vers son sac de frappe, et le premier impact brisa le silence. Cet homme était bon, excellemment même dans ce qu’il faisait, cela était indéniable. De son regard scrutateur, Aleksandr le détailla, ses coups, en dépit de leurs violences étaient précis et agiles, mais
il n’y avait pas que ça, il y’avait également de la colère, de la tristesse, et autre chose… de l’amour ? Avec une certaine mimique de dégout, Aleksandr oublia cette dernière option, et regarda le boxeur à l’œuvre. L’agilité de ses pas, la rapidité de ses poings. Le sac noir souffrait, cela était certain.

— J’ai vu ton dernier match, et si j’avais parié j’aurais perdu. Le K.O en moins de deux minutes, au vu du gabarit de l’autre, c’était surprenant.
Drake ne répondit pas. Il frappa successivement quatre fois de suite, puis, immobilisant le sac, il lui fit face.

— Que fais-tu là ? — silence — si je ne savais pas le genre d’homme que tu étais, j’aurais pu jurer que tu es là pour parler, et en toute sincérité, je ne vois pas ce que l’on pourrait se dire si ce n’est parler de Nikki, et je ne veux pas parler de ça avec un homme comme toi.

— Comme moi ?

— Oui, les connards arrogants.

— Entre animaux de la même espèce, on se reconnaît au coup d’œil n’est-ce pas.

Le regard froid et impassible de Drake ne vacilla pas.

— En effet. Alors que me veux-tu Xander ?

— Savoir si je pourrais faire mieux que cette larve que tu as affronté récemment, lâcha Aleksandr en retirant son sweat noir ainsi que son lourd pantalon pour ne garder qu’une culotte semblable à celle de Drake.

Le boxeur darda sur lui un regard neutre.

— Nous savons tous les deux que tu rêves de me mettre un poing en pleine face depuis le premier jour que l’on s’est vu. Je ne fais que te donner ta chance. Profites-en.

Torse nu, le corps dégoulinant de sueur, le souffle encore rapide Drake eut un rictus mauvais.

— Je m’étonne que toute cette arrogance ne t’ait pas encore étouffé. Tu as des gants ?