CHAPITRE 53

2.9K 403 58
                                    













CINQ MOIS PLUS TARD…

Assis, fixant le téléphone portable déposé sur la table basse de son bureau, Aleksandr ne clignait pratiquement pas des yeux. Voilà près d’une heure qu’il faisait cet exercice qui consistait à ne pas prendre la bonne décision. Après tout, il n’était pas obligé d’appeler, pas obligé de le lui dire. La nouvelle lui parviendrait tôt ou tard. Puis au bout du dernier effort pour s’interdire ce qui allait suivre, il céda, et prit le téléphone, composa le numéro que Iosef lui avait remis voilà une semaine de cela. Il n’avait pas appelé plus tôt parce qu’il attendait, et au fond de lui, il espérait que la nouvelle qu’il aurait à donner soit bonne. Il ne voulait pas qu’elle souffre, même si lui… le regard froid, il arrêta le train de ses pensées, et lança l’appel, et la voix masculine décrocha au bout de quatre sonneries.

— Carter, lança la voix austère et impatiente de Stanley Carter qui était accessoirement le père de la femme dont il s’interdisait de prononcer le prénom, ni même d’y penser.

— Cavendish se contenta de répondre Aleksandr imposant un certain silence lorsque son interlocuteur comprit de qui il était question.

Durant une poignée de seconde, il se tut, pas parce qu’il n’avait rien à dire, mais bien au contraire, il avait bien trop de choses à dire. Comme demander comment elle allait depuis qu’elle s’était installée en Italie avec Lizzie qu’elle avait finalement adopté, ça il l’avait appris il y’a quatre mois lorsqu’il c’était rendu à l’orphelinat plus pour, au travers de l’enfant, avoir des nouvelles de Dorabella… et voilà, il y avait pensé. Il avait redit son prénom dans sa tête. La colère l’enflamma comme à chaque fois qu’il échouait, autrement dit, plusieurs fois par jour, raison pour laquelle il était si sombre ces temps-ci, si bien que même lui il avait l’impression d’exploser de l’intérieur. Encore plus lorsqu’il pensait au satané italien avec lequel elle était partie. Cinq mois durant lesquels il avait obéi à son désir. Il ne l’avait pas cherché ni contacté.

— Que puis-je faire pour vous, monsieur Cavendish ?

Revenant à lui dans un battement de cils, il se leva et se dirigea vers la baie vitrée de l’immense bureau, fixant le ciel qui se tendait à perte de vue. Ce qu’il pouvait faire pour lui ? La réponse à cette question suffirait pour que tous les hommes du monde créent un conseil juste pour le traiter de couille molle.

— Nikkivah est rentré, dit-il alors en entendant la surprise du milliardaire au téléphone.

— Quand ?

— Il y’a huit jours.

— Et comment va-t-elle ?

— Mal, dit-il tout simplement et c’était la vérité.

Il avait attendu huit jours mais à part être sorti du coma et être interdite de visite il n’y avait rien de changé. Son état était grave, si bien que Drake avait suspendu sa carrière pour prendre soin d’elle. Si grave, que nul ne savait ce qu’il adviendrait d’une femme après tout ce qu’elle avait traversé. Lui-même ne l’avait vu que deux fois, avant que son médecin n’interdise toute autre personne autour d’elle excepté Drake.

— Tant que ça.

— Oui. Elle est interdite de visite jusqu’à nouvel ordre, et les médecins font tout ce qu’ils peuvent pour tout arranger, mais il n’y a rien de garanti. Il y eut encore un autre silence. — Vous savez maintenant ce qui vous reste à faire.

— En effet, assura Stanley.

Autrement dit, informer sa fille.

— Merci.

DOMINUM Le cœur du papillon Où les histoires vivent. Découvrez maintenant