CHAPITRE 71

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En silence les deux hommes se jaugèrent, et en une poignée de seconde, Aleksandr comprit que Christopher Walstein était un homme extrêmement dangereux. Et comme l’a si bien dit Drake un jour, entre monstres on se reconnaissait toujours.

— Hormis le fait que vous portez la consonance masculine du prénom de ma femme, qu’est-ce qui chez vous saurait m’intéresser ?

— Rien. Mais vous avez quelque chose qui m’intéresse.

Christopher ne répondit pas, gardant dorénavant un visage de marbre, et dans d’autres circonstances cet homme lui aurait fortement plut, mais là, il n’avait pas envie de lutter, il n’en avait tout simplement pas le temps.

— Le programme informatique R.E.D, j’aurais besoin de l’utiliser.

Christopher continuait de le regarder avec un désintérêt nullement feint et total porté par un visage froid. Aleksandr s’impatienta. Il n’avait pas le temps.

— C’est avec un délectable plaisir que j’aurais adoré jouer à ce petit jeu, mais la vie de mon fils est en jeu.

— Vous l’avez dit, votre fils, pas le mien. Et si vous n’avez pas été capable de protéger ce qui est à vous, je ne vois pas pourquoi moi je le ferais à votre place.

Aleksandr serra les dents, et ordonna en silence à son corps de ne pas partir au quart de tour, auquel cas, il aurait mis son poing dans ce visage hautain, arrogant, présomptueux, condescendant, et tous les autres adjectifs du même genre, qui le fixait.

— Et si vous êtes aussi bien informé que je le crois, vous savez que ce programme n’est plus en ma possession.

— Et si vous êtes aussi intelligent que je le pense, vous ne vous seriez pas débarrassé de ce programme sans garder une porte dérobée que vous pourriez toujours utiliser.

Un ange passa, et les deux hommes à taille presque égale se fixaient, quand Christopher, sans un mot, se détourna d’Aleksandr pour se diriger vers sa voiture avec son jumeau à ses côtés. Et Aleksandr se mit à paniquer.

Mais vois-tu Aleksandr, je ne veux plus avoir à composer ce numéro. Alors tu vas quitter cette putain de chambre, puis retourner chaque centimètre carré de cette foutue planète, pour retrouver mon enfant. On dit toujours que les quarante-huit premières heures sont cruciales, au-delà de ça, les chances deviennent presque nulles.

C’est le temps donc dont tu disposes, et c’est à peu près le temps minimal avant que mon colostrum ne se mette à couler. Et je veux que ce bébé absent soit le premier ait tété de ces seins si lourds de ce nectar que mon corps n’a eu de cesse de préparer depuis tant de mois. Aussi, la prochaine fois que tu devras passer une porte derrière laquelle je me trouve, veille d’abord à tenir au creux de tes bras mon petit garçon, bien vivant, sinon ne reviens plus jamais !

— Je ne veux pas perdre ma femme ! hurla-t-il complètement désemparé sans que son esprit ne puisse retenir ces mots.

Christopher s’immobilisa, puis se retourna, et durant un instant, Aleksandr eut l’impression que cet homme sous ses yeux comprenait très bien la douleur de perdre sa femme, sa moitié, mais très vite cette émotion disparue, de nouveau cachée derrière des couches de froideur émotionnelle.

— Une fois encore, il s’agit de votre femme, pas la mienne.

— Pendant que nous y sommes, la vôtre m’a remis cela pour vous.

Ce ne fut que cette phrase qui fit naitre un quelconque intérêt sur le visage de Christopher, comme si depuis le début de la conversation il n’avait pas vraiment été présent.
Aleksandr sorti alors de la poche de son jeans la carte de visite toute blanche et vierge de tout mot, et la tendit a Christopher, qui, comme appelé revint sur ses pas. Il prit la carte, l’étudiant sous toutes les coutures, comme s’il s’y trouvait une quelconque écriture que seul lui pouvait lire. Mais cette carte était vierge, et s’il y’avait là un sens caché, c’était un code que seuls possédaient les deux époux.

DOMINUM Le cœur du papillon Où les histoires vivent. Découvrez maintenant