L I B E R T Y.

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- Je ne veux pas te brusquer Kaylie, mais nous partons dans trois jours.

- Je sais maman, je sais. soufflais-je doucement. Tu n'es pas dans l'obligation de me rappeler tous les deux minutes.


Je me rappelle brusquement alors les paroles d'un rappeur Américain qui disait que le suicide n'était pas une forme de lâcheté mais de courage. Que peu de gens, possédaient la force de l'exécuter et quand ils accomplissaient leur dernier souhait, cela signifiait qu'ils étaient complètement au fond du trou. Ne le suis - je pas ? Je ferme les yeux doucement, espérant me réveiller dans la paille du box de mon cheval qui ce dernier est en train de passer son nez dans mes cheveux. Que je me relève sans aucune difficulté et que je tienne debout. Que tout le monde vienne me parler, comme si rien de tout ça ne s'était passé. C'est ce que j'aimerai. Vraiment.


- J'ai pris ton sac pour les cours.

- Oui emmène moi là - bas. Je ne peux plus sentir ton odeur d'hypocrisie.


Elle ne répond pas, lassée. Nous sommes presque au fond du gouffre, elle et moi. Mais elle peut encore marcher. Elle n'a pas de cheval qu'elle vient de perdre. Elle va avoir un nouveau travail encore mieux que l'ancien. Elle a des amis. Et moi, j'ai rien de tout ça. Nous prenons la voiture et arrivons au lycée quelques minutes plus tard. Elle sort mon fauteuil et je m'y pose dessus. J'entends déjà la sonnerie. Je pose mon sac sur mes jambes et roule jusqu'au bâtiment en laissant ma mère en plan derrière moi. Je ne prête même plus attention aux autres qui me regardent. Je prends place en salle de math, toujours à côté de Martin.


- Salut toi.

- Je n'ai pas envie de parler, alors laisse moi tranquille.

- De mauvaise humeur ?

- Je t'ai dit FERME LA ! rétorquais-je sur un ton au dessus, si bien que tous les élèves se retournèrent vers moi ainsi que la professeur.


Je souffle doucement et sors mes affaires comme si rien ne s'était passé. La professeur suit son regard sur chacun de mes mouvements puis pose sa craie sur le bureau en bois qui se situe juste devant le tableau


- Puisqu'il est question de moins de quelques jours, il faut l'annoncer. Kaylie, puis - je ?

- De quoi ?

- Annoncer votre départ.

- Si vous voulez, mais personne ne le verra, ne vous inquiétez pas.

- Mais Kaylie, c'est tout l'inverse voyons.

- Putain, vous pouvez arrêter d'être aussi faux - cul avec moi, parce que là j'ai juste envie de vous foutre mon poing dans votre figure.

- Doucement Kaylie, ou ça sera l'heure de colle. Ce n'est pas parce qu'il vous reste quelques jours que tout vous soit permis. Bien. Kaylie va déménager dans quelques jours. J'espère que vous resterez en contact avec elle, pour la soutenir.

- Putain, mais elle m'exaspère... chuchotais-je.

- C'est vrai, tu pars ? me demanda Martin.

- Oui.

- Où ?

- A Los Angeles.

Reduced Life (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant