3- Déni

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Draco réapparut devant la porte vitrée de l'immeuble dans lequel il vivait. En effet, après l'incarcération de ses parents, le manoir avait été mis en vente. L'argent obtenu lui était revenu, et après avoir acquis ce petit appartement dans le centre de Londres, il avait placé le reste à Gringotts. Il relâcha sa prise autour de la taille du brun et le secoua un peu.

- Hmm, fit Harry en observant autour de lui, on est où ?
- Chez moi. Je vais pas te laisser dans la rue alors que t'as même pas conscience de ce que tu fais.
- Ok...

L'alcool, qui avait rendu le sorcier colérique et impulsif plus tôt, avait maintenant une influence positive sur celui-ci. Il approuvait ce que lui disait le blond sans moufter, tandis qu'ils montaient péniblement les quatre étages jusqu'au domicile de l'ancien Serpentard. Il farfouilla un instant dans sa poche et en sortit le trousseau de clés, en glissant une dans la serrure. Un Alohomora aurait été plus rapide, mais comme on disait "À Rome, fais comme les Romains", chez les moldus, Draco agissait en tant que tel. Du moins, en public. Il restait un sorcier de sang pur, il ne fallait pas exagérer ! Il poussa Harry à l'intérieur et referma derrière lui. Et durant ces quelques secondes qu'avait pris le verrouillage de la porte, l'ancien Gryffondor avait envoyé valser ses chaussures et s'était affalé sur le lit qu'il avait aperçu par la porte grand ouvert en face de lui. Le blond se retourna et, l'instant de surprise passé en ne voyant pas Harry derrière lui, ricana en constatant qu'il dormait déjà presque, le nez enfoui dans ses draps sombres. Il se rendit à son tour dans sa chambre et se permit enfin de détailler le corps de son ancien camarade. Ses cheveux bruns en bataille - Draco n'avait d'ailleurs pas souvenir de les avoir connu coiffés un jour -, sa célèbre cicatrice d'éclair barrant son front, ses paupières fermées frémissant parfois, de part et d'autre de son nez fin et droit. Sa bouche, entrouverte, semblait marmonner quelque mot inintelligible tandis que le regard de Malfoy descendait encore, détaillant son cou hâlé. Puis, sa chemise toujours ouverte, où le blond devina sans difficulté un corps musclé dessous.

Il fut sorti de sa contemplation lorsque Harry se retourna pour se coucher sur le dos et s'attaquait encore à sa chemise, se plaignant à nouveau d'avoir chaud. Draco soupira en secouant la tête et ôta les mains du brun des malheureux boutons pour les ouvrir par lui-même. Un, deux, trois, quatre boutons, et la chemise s'ouvrait totalement pour confirmer la vision que Draco avait déjà devinée : un torse ferme et musclé, des abdominaux bien dessinés sans être exagérés. Il la lui retira lentement avant de la poser sur une chaise. De nouveau, son regard s'égara sur la peau de Harry. Le blond se gifla mentalement et tourna la tête, recouvrant le corps du sorcier d'une couverture. Il lui retira ses lunettes qu'il déposa sur la table de nuit et sortit discrètement de sa chambre, s'asseyant sur une chaise, les coudes appuyés sur la table, la tête enfouie dans les mains. Comment en était-il arrivé à emmener Harry Potter chez lui, en pleine nuit, l'ancien Gryffondor dormant dans son lit ? Il poussa un énième soupir, la fatigue s'emparant de son corps au fur et à mesure que les minutes passaient. Il se dévêtit, de retour dans sa chambre, enfilant distraitement un short et un t-shirt avant de se coucher à son tour, se glissant au côté du brun. Il ne pouvait rien arriver, Potter n'était pas gay après tout.

Draco fut le premier à se réveiller. Ouvrant lentement les yeux, il retint de justesse un brusque sursaut en regardant en face de lui. Durant la nuit, les deux corps s'étaient visiblement rapprochés. Harry avait le visage enfoui dans le torse du blond, une main égarée dans son dos, par-dessous le tissu, respirant le plus paisiblement du monde. Draco n'était pas en reste. Son bras gauche était fermement serré autour de la taille fine du brun, le tenant contre lui. Ses jambes pâles s'étaient emmêlées à celles hâlées du sorcier. Le blond déglutit péniblement et tenta de s'extirper le plus discrètement possible de cette prison de chair qu'était Harry. Mais, bien qu'endormi, ce dernier ne l'entendait pas de cette oreille-là. Il resserra brusquement son étreinte autour des hanches de Draco, l'empêchant d'esquisser le moindre mouvement. Malgré lui, l'ancien Serpentard sentit son cœur s'emballer. Il fallait qu'il quitte ce lit. Il attendit quelques minutes supplémentaires, surveillant la respiration calme et régulière du brun, et déplaça lentement son bras pour le poser le long de son corps. Retirer ses jambes fut plus difficile, mais il y parvint avec patience. Poussant un léger soupir soulagé, le blond se leva et quitta silencieusement la chambre. Il se glissa sous une douche brûlante en repensant à l'impensable soirée qui s'était déroulée la veille. Si quelqu'un lui avait dit que sa journée se terminerait avec Potter dans son lit, Draco aurait hurlé de rire ! Et pourtant. Secouant la tête, le blond éteignit l'eau à regret et, après avoir renfilé son short et empoigné une serviette pour éponger ses cheveux, sortit de la salle de bain.

Pendant ce temps, Harry s'était réveillé dans un lit inconnu, la tête lourde. Où était-il ? Comment était-il arrivé là ? Il se leva péniblement et tâtonna sur la table de nuit dressée à côté de lui où il trouva ses lunettes. La démarche encore hasardeuse par sa cuite de la veille, il chemina lentement jusqu'à la porte, l'ouvrit silencieusement pour découvrir un salon sobre et chic. Des meubles sombres, de grands rideaux vert sapin encadrant les larges fenêtres et, le cœur de Harry rata un battement lorsqu'il l'aperçut, Draco Malfoy, dans toute sa splendeur, se tenait face à lui.

À suivre...

Idylle impossible Où les histoires vivent. Découvrez maintenant