Lettre 50 : Sherlock,

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Sherlock,

À force d'écrire toutes ces lettres j'ai pratiquement oublié quel était leur but initial. Après tout, on ne devait en écrire qu'une seule, et je crois que je suis déjà à la cinquantième.

On avait dit une seule lettre, au cas où l'un de nous mourait. C'était censé être une sorte de cadeau du passé. Et pourtant, plus j'écris et plus je me rends compte que c'est en fait un bout du futur. C'est en écrivant ces lettres et en te parlant indirectement, que je me prépare, nous prépare, toi, Rosie et moi, à un futur tous ensemble. Car je n'aimerais passer ma vie avec personne d'autre.
On a nos défauts, tous les deux, mais je trouve qu'on fonctionne plutôt bien ensemble, on est une sacré équipe. Pour rien au monde je ne voudrais un jour mettre un terme à notre amitié. C'est plus ou moins ce qu'il s'était passé quand il y avait encore Mary et on a bien vu où cela nous a emmené.

Parfois le futur m'angoisse. J'ai un enfant mais pas d'épouse, je vis encore en collocation à mon âge, je passe mes journées avec un homme aussi superbe qu'énervant. Ce n'est pas une situation habituelle, mais elle me plaît, et j'ai fini par accepter que c'est comme ça que ma vie se finira.

On va voir Rosie grandir, on va vieillir ensemble, et quand elle sera plus grande elle viendra nous rendre visite. Je me demande bien à quoi la vie ressemblera dans 20, 30, 40 ans. Peut-être que tu continueras à résoudre des enquêtes même à l'âge où tu ne seras pus capable de gambader dans tout Londres.

Ce que je veux dire c'est que si c'est ma dernière lettre, si ma vie se termine bientôt, sache Sherlock que je ne regrette rien, et que c'est grâce à toi.

Un homme très heureux,
John Watson

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