JANSSEN - CLARA

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"Pardon, pardon, pardon, ..."

-Merde... Pauvre gamine, souffla Clara en regardant la vidéo de l'interrogatoire qui lui avait été envoyé par mail.
-Bon... Au moins, c'était un accident. Elle a pas de casier en dehors de ça, pas même un PV. Le juge a dû se montrer clément et accepter de supprimer son casier une fois sa peine purgée. 
-Mhmh... Je suis soulagée. Et ça explique pourquoi elle aide sa patiente. Elle sait ce que c'est la prison, même une juvénile. Si Lisa lui a sortit une histoire de légitime défense, elle ne peut que lui donner le bénéfice du doute avec ça.
-Ouais. C'est sûr. Ayant elle-même vécu un truc similaire, elle ne va pas vouloir la juger sur ses actes. Cependant, autant, elle, il y a des preuves de tout ça mais notre affaire n'est pas la même. On a deux meurtres et elle est en cavale alors que la psy s'est dénoncée au policier qui a été appelé par les voisins d'après le rapport. 
-Peu importe. Elle a purgé sa peine. C'est du passé. Ce qui nous intéresse, c'est Lisa.
-Exactement.
-Je suis contente qu'on ait pas deux meurtrières en série sur les bras...
-Moi aussi. C'est déjà ça mais ça ne nous avance pas plus. Ca explique juste pourquoi elle l'aide potentiellement mais on sait quand même pas où elles sont allées. En quatre heures, cinq maintenant, sans voiture, où est-ce qu'elles ont pu aller ? 
-Mmmh... Elles ont laissé la voiture vers Nelson. Las Vegas n'est plus très loin en voiture mais à pied...
-Il faut au moins dix heures de marche... affirma l'homme.
-Elles doivent être vers Boulder City si elles vont toujours vers Las Vegas. Mais peut-être qu'elles ont changé d'avis...
-Sans signalement, on saura pas où elles sont. Elles nous ont filé entre les doigts...
-Mhmh... Fait chier, souffla Clara, passant une main sur son visage. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
-Malheureusement... A part attendre, on peut rien faire. On ne peut pas déployer toute la police du Nevada pour les retrouver, ils ont déjà assez de boulot comme ça.
-Alors quoi ? On attend jusqu'au prochain meurtre ?
-C'est pas dit qu'il y en aura un autre et quelqu'un va forcément les voir à un moment ou un autre.
-Et si elles changent d'apparence ? On les retrouvera peut-être jamais. 
-Ca fait parti du boulot. On a été trop lents, souffla Henri en se frottant l'arrière de la tête.
-J'ai l'impression que ça te fait rien qu'on les ait perdues...
-Non. Je veux qu'on boucle cette enquête mais au moins, on passe un peu plus de temps ensemble. C'est pas ce que tu voulais toi ?
-Si mais pas comme ça. Si elles commettent encore un crime, je l'aurai sur la conscience. Ce sera de notre faute, parce qu'on a pas réussi à les arrêter à temps.
-Mh... Je sais. J'essaie de me dire que ça n'arrivera pas... dit Henri avant que le téléphone de Clara sonne. 

Elle décrocha et tomba sur le père de Lisa qui se présenta.

-Vous avez retrouvé le corps de ma fugitive de fille ou elle a encore tué quelqu'un ? dit-il après s'être annoncé.
-Hum... Un meurtre, en effet.
-J'ai créé un monstre, souffla l'homme. Et en quoi je peux vous aider ? Je n'ai plus eu de contact depuis des mois. Je ne sais pas où elle est ni avec qui.
-Connait-elle des gens dans le Nevada ?
-Hmm... Non. Enfin, elle a une tante, la soeur de ma femme mais elles ne sont pas proches. Je ne pense pas qu'elle irait chez elle.
-Donnez-moi quand même son adresse. On ne peut écarter aucune possibilité.
-Très bien...

Clara commença à noter les informations que l'homme lui donnait. Elle raccrocha ensuite, vérifiant les infos. C'était à une demi-heure d'où ils étaient. Il valait mieux se rendre directement sur place. Peut-être qu'elle avait tenté d'y prendre refuge. Clara et Henri démarrèrent donc, roulant jusqu'à l'adresse de la tante, Clara expliquant à Janssen ce qu'il avait dit. Ils s'arrêtèrent une fois devant la maison et sortirent du véhicule. Henri frappa à la porte et une femme ouvrit la porte.

-Bonsoir. Veuillez nous excuser du dérangement mais nous sommes à la recherche de votre nièce.
-Lisa ? demanda la femme.
-C'est bien ça. Vous a-t-elle contacté récemment ?
-Oh, non. Cela fait des années que plus personne n'a de nouvelles. Son père l'a envoyée dans cet hôpital de malheur et depuis... Plus rien. Il était bien content qu'elle ne soit plus là, souffla la femme.
-C'est à dire ?
-J'avais dit à ma soeur que ce n'était pas un homme bien... Il ne voulait pas d'enfants. Ma soeur est tombée enceinte et elle a refusé d'avorter. Il a tout fait pour se débarrasser d'elle. Vous savez qu'il la battait quand elle était enfant ? Pas étonnant qu'elle ait mal tourné. Personne ne voulait la croire. Il jouait le mari et le père parfait mais elle avait des marques de ceinture dans le dos... Pauvre gamine. Je savais que j'aurai dû faire quelque chose puisque ma soeur n'en était pas capable, souffla tristement la femme. 
-Est-ce qu'on peut entrer ? demanda Henri, en essayant de regarder par-dessus son épaule.
-Elle n'est pas ici. Mais, je vous en prie. Entrez si ça peut vous faire plaisir, fit la femme en haussant les épaules, s'écartant et ouvrant la porte plus grand.

Henri n'hésita pas et il entra. Il commença à fouiller la maison tandis que Clara attendait avec la femme, en silence. Il prit le temps de chercher partout, même dans les placards avant de revenir en secouant la tête.

-Bon... Merci de votre coopération. Si elle vous contacte, prévenez-nous, fit Clara en lui tendant sa carte.

Les deux agents sortirent de la maison avant de retrouver la voiture. Ils reprirent la route et Henri s'arrêta à un petit restaurant après un voyage silencieux. Ils s'installèrent à table, prenant un café, un burger et des frites. 

-Tu penses à quoi ? demanda Henri, prenant une frite avant de la mâcher.
-Je ne sais pas... Plus on avance et plus je suis perplexe. Tu as entendu ? Elle a été battue... 
-Et ? Des enfants battus, il y en a pleins malheureusement. Ils deviennent pas des meurtriers pour autant.
-Je sais... Mais... 
-Mais ?
-Peut-être bien que la vie s'acharne et qu'elle n'a juste jamais eu de chance.
-Ca ne justifie pas ses actes.
-Peut-être qu'elle avait de bonnes raisons. J'aimerai tellement savoir ce qu'il s'est passé pour qu'elle en arrive à tuer ces gens...
-C'est une psychopathe... C'est tout. Y a sûrement aucune logique à tout ça.
-Mhmh...
-Quoi ? Tu crois qu'elle est innocente ?
-Non... Je dirais pas ça. Elle a tué ces gens mais... Je sais pas. J'ai l'impression qu'on fait pas la bonne chose...
-On fait pas la bonne chose ? C'est une meurtrière Clara... Notre boulot c'est d'arrêter les criminels... Ne laisse pas ces histoires t'attendrir. C'est triste que son père soit un connard mais ça n'excuse rien et ça ne la rend pas moins dangereuse.
-Mhmh... Tu as raison. Je sais pas ce qui me prend, souffla-t-elle avant de lui sourire.
-T'essaies toujours de voir le bon chez les gens mais c'est une criminelle, affirma Henri, prenant une gorgée de son café.
-Je sais, soupira Clara, regardant son plat qu'elle n'avait pas touché.
-Ca va refroidir...
-J'ai pas faim...
-Clara...
-Ca va... T'en fais pas.
-Vraiment ?
-Mhmh... Je me dis juste que... J'aurai pu finir comme ça aussi. J'ai juste eu la chance de tomber sur les bonnes personnes.
-Tu dis ça à cause de ta mère ?
-Mhmh... J'aurai pu mal tourner aussi... 
-Mais tu es devenue flic, une excellente flic. Tu n'as rien à voir avec elle.
-Je sais... souffla la femme avant de se lever et de sortir pour fumer, Henri restant à table.

Clara soupira la fumée, regardant les voitures qui passaient. Elle ne pouvait s'empêcher d'avoir une forme d'empathie pour cette fille. C'était une criminelle, une meurtrière mais Clara se disait qu'elle aussi aurait pu finir comme ça si elle avait côtoyer les mauvaises personnes. Sa mère était une alcoolique et une droguée violente et elle n'était pas tendre. Elle avait aussi eu une enfance pleine de violence et c'était ce qui lui avait donné envie de devenir policière. Pour rendre justice et mettre les méchants derrière les barreaux. Cette fille avait peut-être simplement fait les mauvais choix et elle se retrouvait dans cette situation malgré elle. Clara soupira à nouveau.

-Qu'est-ce qui me prend ? Ressaisis-toi, grogna-t-elle ensuite. C'est une criminelle. Pas de pitié pour les méchants, se souffla-t-elle à elle-même.

La cavale des sentiments (TOME 2) [TERMINE - A CORRIGER]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant