Chapitre 5

460 62 32
                                    

— Wei Ying...

Je grommèle, à moitié somnolent, et tourne la tête vers Lan Zhan, assis au bord du lit.

— Prends tes antalgiques.

J'avale les cachets prescrits par le médecin avec le verre d'eau qu'il me tend et me recouche.

— Ça va être froid.

Il pose la poche de gel glacé sur la peau chaude de mon dos. Je sursaute et serre les dents.

— Désolé.

— Pourquoi tu t'excuses, soupiré-je en me relâchant à nouveau. C'est moi qui te...

Une idée me traverse l'esprit. Lan Zhan a-t-il un travail ou une activité sur laquelle j'empiète ? A-t-il une famille ? Cette idée me tord l'estomac. Peut-être est-il ce genre d'homme à avoir des vices cachés ? Cela m'étonnerait, mais après tout, les viewers sur ce site occultent bien des secrets...

— C'est à moi de m'excuser, je ne sais rien de toi, tu as peut-être du monde qui compte sur toi et tu es là, à t'occuper de moi...

— Je n'ai personne qui m'attend, si telle est ta question.

Un sourire étire mes lèvres. Un sourire qu'il ne voit pas, fort heureusement. Mais ma curiosité est attisée...

— Tu sais tellement de choses sur moi et j'en sais si peu sur toi. Parle-moi de ta vie, s'il te plaît.

— Eh bien, j'habite près de Kwai Chung Park et...

— Quoi ? Mais tu as dû mettre quarante minutes pour arriver ici !

— Je viens en moto. Ça prend vingt-cinq à trente minutes.

— Tu es...

J'aurais envie de dire « parfait », mais je me souviens des origines de sa passion pour moi et referme la bouche. Lan Zhan a beau me fasciner et m'attirer terriblement, je n'arrive pas à oublier le fait qu'il nourrisse cette obsession malsaine pour moi. Une tristesse inexplicable me noue la gorge. Peu importe ma personnalité, cet amour est biaisé depuis le début. S'il apprenait à me connaître, je suis certain que son intérêt pour mon moi véritable chuterait bien vite. Il me trouverait têtu, trop vif pour son tempérament calme, peut-être même... agaçant ?

Je baisse les yeux.

— Quelque chose ne va pas ?

— J'aimerais juste... être seul. Je sais que c'est culotté de ma part de te dire ça maintenant, mais...

— Si tel est ton désir, je m'en vais. Tu n'as pas à te justifier, ne t'en fais pas.

Sa réponse me rassure autant qu'elle me chagrine.

— N'oublie pas que tu as mon numéro sur ton chevet, me rappelle-t-il en se levant.

La peine s'accentue à chaque pas qui l'éloigne de moi. Non, je ne veux pas qu'il parte. En fait, j'ai plus peur qu'autre chose. Peur de ce que je ressens, peur de cette illusion brisée, peur du retour à la réalité et des ennuis qui me suivront. J'ai peur d'être seul, après avoir découvert ce qu'était le soutien. Peur d'être aimé.

— Lan Zhan !

Alors, je tente de prendre les devants pour y mettre fin moi-même.

— Oui ?

Mais j'en suis incapable...

Nous nous fixons de longues secondes. Puis, sur une impulsion, je me lève du lit et pars me planter devant lui, l'angoisse au ventre.

— Wei Ying ? Est-ce que tu...

Les yeux brumeux, je me jette dans ses bras. Pendant un court moment, il ne réagit pas, mais je continue de le serrer fort. Qu'importe la raison, je ne veux pas qu'il me laisse. Ce sentiment de sécurité et d'être choyé est trop précieux. À mon grand bonheur, ses bras se referment finalement autour de moi et il m'enlace contre lui. Mon cœur cogne dans ma poitrine ; une chaleur réconfortante se répand dans mon corps. Le bien-être que je ressens, en cet instant, est indescriptible.

— Wei Ying...

— Lan Zhan, ne pars pas, s'il te plaît...

Son étreinte se resserre.

— Tout ce que tu voudras.

Il me relève le menton et capture mon regard brillant.

— Comment te sens-tu près de moi ?

Je détourne un air confus. Moi-même je ne saurais décrire ce que j'éprouve vraiment. Et mon conflit intérieur à son sujet n'arrange rien. Mais en ce moment, je décide d'écarter la méfiance pour combler mes manques les plus profonds.

— Je me sens bien, murmuré-je. Trop bien...

— Trop ?

Je me frotte les yeux, accablé de fatigue.

— Tu devrais te reposer.

— Mais...

Je me mords la lèvre. Le besoin que j'ai à cet instant est viscéral. Vais-je encore tenter le diable ?

— Mais ?

— Si tu restes avec moi, je pourrai m'endormir serein.

— Je t'ai dit que je restais ici.

— Non, je veux dire...

Je le tire par le poignet et l'entraîne vers le lit avant de m'y assoir. Lorsqu'il comprend, il ouvre de grands yeux, soudain inquiet.

— Je... ne m'attendais pas à ça... balbutie-t-il. Tu es sûr ? Tu n'as pas peur ?

— Tu as dit que tu m'aimais ?

— Évidemment, je t'aime de tout mon cœur, affirme-t-il comme s'il craignait que j'en doute.

Je tapote la place de l'autre côté du matelas puis m'allonge sans jamais lâcher son regard.

— Et l'amour ne blesse pas l'âme, c'est bien ça ?

— Il ne le doit pas.

Un doux sourire fleurit sur mes lèvres. Je me retourne dos à lui.

— Si tu me rejoins-moi, je te dirai comment je me sens vraiment avec toi...

Plus intéressé que jamais, il contourne le lit et s'y installe avec précautions, comme s'il avait peur de me brusquer. Mes paupières papillonnent déjà. Cet homme est mon antalgique naturel... Tourné face à moi, il me dévisage. En voyant mon torse nu frissonner, il retire sa grande veste – d'une taille sûrement proche du XL – et la dépose sur moi pour me réchauffer, restant dans son tee-shirt blanc (aussi moulant que mon esprit lubrique aurait pu l'imaginer). Un plaisir pour les yeux ; un plaisir que la fatigue emporte.

— Donc... comment te sens-tu vraiment avec moi ?

Je me traîne plus près de lui et me blottit contre son torse, au creux de son bras. Le bien-être m'enveloppe dans un chaud cocon de bonheur. Cette extase-là est bien plus belle que la jouissance charnelle.

— Avec toi, je me sens en sécurité. Je me sens précieux et choyé, comme si tu m'aimais réellement pour qui j'étais.

— Mais je t'aime pour ce que tu es, Wei Ying... susurre-t-il tristement en me serrant dans ses bras.

Sa chaleur m'envoûte et caresse mon âme. Mon sourire s'élargit, tant d'amusement que de chagrin. Le sommeil anesthésie mes émotions et me fait dériver dans un murmure mélancolique.

— J'aurais tellement voulu, Lan Zhan... car j'aurais pu aussi t'aimer...

Un court chapitre pour mieux introduire les deux suivants... plus piquants 🔥...

(Au fait, cette WangXian comporte 8 chapitres. Je vais essayer de boucler la relecture + publication au plus vite!)

Be my OnlyFan (𝑤𝑎𝑛𝑔𝑥𝑖𝑎𝑛)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant