Dance with the Moon (En Pause)

5. Promesse

Personne ne nous suit, ma cousine n'arrête pas de vérifier dans ses rétroviseurs. La nuit est tombée et nous roulons au milieu de la forêt sur la seule route qui nous ramène à la maison. Pleins phares. Le bitume et la végétation luxuriante se dévoilent mètre par mètre devant nous, tandis que l'obscurité nos poursuit. Pas de lampadaires ici. C'est une des raisons pour laquelle il m'est impossible de me déplacer en bicyclette si tard.

— Dereck est un malade ! lâche Sybille en m'écoutant lui relater ce qui s'était passé. Si j'avais su qu'il te menaçait je lui aurais arracher moi-même les c... à main nue !

C'est la première fois que je l'entends parler vulgairement, je me retiens de rire.

— Et le garçon avec toi ? je demande en coulant un regard vers ses joues qui s'empourprent.

— N'en parle à personne. Surtout pas à mes parents. Noah Montrouge est banni de la maison jusqu'à nouvel ordre. Ma mère ne peut pas le sentir.

Comment pourrais-je même mentionner ce beau garçon et sa relation avec elle, sans préciser que nous étions dans un endroit interdit ? Mon oncle et ma tante sont d'une sévérité implacable. Merci, ce sera sans moi !

— Et Art ? je hasarde. Tu le connais ?

J'en déduis que c'est pour cette raison qu'il nous a suivi dans l'Herboristerie. Et qu'il était sûr que je connaissais son identité. Par contre, la raison pour laquelle Sy se cachait derrière moi n'est pas claire du tout.

Sybille fixe la route et souvent ses rétros, sans décrocher un mot. Sa mâchoire serrée et ses mains crispées sur le volant trahissent son stress.

— Art, finit-elle par lâcher, n'est pas quelqu'un que tu peux fréquenter.

— Je n'ai pas l'intention de le « fréquenter » ! je tique.

— Tant mieux. Ce serait compliqué sinon. Tiens toi aussi éloignée de lui que tu peux. De lui et de son frère Dereck. Aucun des deux n'est recommandables. Dereck est une ordure.

Je cligne des yeux. Ces deux-là sont frères ? L'un est aussi brun que l'autre est blond, ils ne m'ont pas du tout fait la même impression et je ne pense pas qu'ils s'entendent tellement si je considère la discussion dont j'ai été témoin.

— Demi-frères, précise-t-elle, comme si elle pouvait lire mes pensées. Longue histoire. Pas envie de rentrer dans les détails maintenant. J'ai besoin d'un bain chaud et d'un thé, pas forcément dans cet ordre d'ailleurs.

Je croise les bras sur ma poitrine.

— Il faudra bien que tu m'expliques, Sy ! Apparemment, je vais croiser ces trois garçons au lycée dès lundi !

Elle donne un coup de volant et prend un virage serré, je m'accroche à la poignée de la portière. Sy a une conduite... euh... disons très sportive (pour ne pas dire dangereuse). S'il avait fait jour, j'aurai pris mon vélo et je ne l'aurai jamais suppliée de m'accompagner.

— Qu'est-ce qu'il faisait au Blue Parrot, s'ils sont mineurs ?

— L'établissement appartient au père de Noah. Les Montrouge possèdent quasiment tout le quartier. Les garçons vont souvent dans cet endroit le weekend. Enfin, juste la salle d'accueil où nous avons bu un verre. Les pièces à l'arrière ne sont pas pour eux. Trop... intime, souffle-t-elle. Trop adulte.

Je rougis. Je comprends. Et en même temps, j'essaie de ne pas m'imaginer quoi que ce soit. Trop gênant. Nous roulons à présent sur un chemin plus étroit que la route principale. Une haute grille noire en fer forgé se dessine entre les arbres. Nous arrivons enfin.

— Et Art ? je tente de lui soutirer des infos.

— Art ne traîne pas avec eux. Art est différent. Mais pas fréquentable pour nous.

Sy déclenche l'ouverture du lourd portail de la propriété avec son badge magnétique, attaché à un porte clé rose.

— Comment ça : « pour nous » ?

Elle donne un coup d'accélérateur, les roues crissenr sur les gravillons et nous montons une légère côte jusqu'au garage.

— C'est un Blackwood, lâche-t-elle avec dédain. Les Saintclairs ne doivent pas fréquenter les Blackwoods. Arthur Blackwood est même la personne que tu dois éviter à tout prix.

Nous pénétrons dans l'immense garage qui pourrait constituer à lui seul une maison. L'éclairage intense me brûle presque la rétine. Elle se gare dans un dérapage hallucinant, coupe le moteur et se tourne vers moi avec un air féroce :

— Jure-le moi, Sélène. Quoiqu'il arrive, tu ne t'approcheras pas de Arthur Blackwood.

Je ne sais pas si elle est paniquée ou fâchée, toutefois je loge chez elle, je profite de la générosité de ses parents depuis presque deux semaines et je leur dois d'avoir un endroit où vivre, un toit sur la tête, de manger à ma faim et de continuer à fréquenter un lycée sans avoir à me soucier de mes revenus. Ils sont ma seule famille. Je n'ai personne d'autre sur terre.

Alors je hoche la tête pour approuver.

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Rendez-vous au lycée, Chèr.es lecteur.ice.s ?

Et vous savez déjà qui elle va croiser,
pas vrai ?

Oui... je sais que ça vous amuse derrière votre écran 😉 (moi aussi,je rigole... Être autrice , c'est trop bien 🥰🤣)