Héritière de l'aube {En pause}

Chapitre 11 : A mort !

Mes yeux s'ouvrent à l'aube. Depuis quelques jours, je me réveille différente de la veille. J'en apprends un peu plus sur celle que je suis, à l'intérieur même de mon esprit et dans la solitude la plus totale. Mon premier regard de la journée se porte désormais toujours vers la petite fenêtre qui donne sur l'extérieur, c'est une promesse.

J'ai juré devant les dieux que je ne serais plus faible et qu'un jour, je parviendrais à anéantir ce terrible roi. Basil mourra de mes mains, comme le souhaitaient mes parents. C'est la raison pour laquelle je suis née et la façon dont j'ai été élevée, la mort des héritiers d'Arkane. En l'éliminant, j'accomplirais ce qui est nécessaire pour mon peuple et j'établirais ma propre vengeance.

Je l'imagine mourir entre mes mains d'un million de manières différentes. Je pourrais me faufiler à l'extérieur de cette pièce, longer les murs jusqu'à la plus belle pièce du palais, la chambre du roi. De là, mes mains se glisseraient autour des deux grandes poignées, exactement à l'heure de ronde des gardes. Mes pieds seraient les premiers à fouler cette chambre, puis mon corps suivrait.

Je ne prendrai pas même le temps d'observer toute la splendeur des meubles et des tapisseries, des dorures et autres ornements dont le roi dispose dans ses appartements. En quelques secondes à peine, je me retrouverais devant son corps à moitié couvert par ses draps.

Ses respirations seraient lentes et musclées, elles s'arrêtent net une fois ma dague plantée dans son cœur. Son dernier regard croise le mien et il s'éteint avec toute la malveillance et l'horreur qu'il traîne derrière lui.

Si cela ne marche pas alors pendant qu'il se balade vers la plage, je ferais en sorte qu'il ne puisse tellement plus soutenir la vie que la mort lui paraîtrait douce. Son corps entier serait attiré par l'eau, je ne sais pas encore par quelle magie, mais j'y parviendrais.

De son plein gré, il ôterait l'entièreté de ses vêtements et se retrouverait complètement nu face à son destin funeste. Ses pas le guideraient vers les flots et son regard disparaîtrait derrière les plus hautes vagues.

Si j'échoue encore une fois, alors je le pousserai de la plus haute tour du palais, je mettrais feu à ses appartements, j'empoisonnerais son plat, je convaincrais son plus preux chevalier de lui asséner la plus mortelle des épées.

Quoi qu'il en soit, Basil doit mourir, pour Ben, pour Hanae, pour mes parents et pour tous ces pauvres gens qui sont morts par sa faute. De plus, je sais pertinemment que mon esprit ne m'a pas encore rendu tous mes souvenirs, je ressens encore un grand vide. Je suis persuadée d'avoir enfoui au fin fond de mon esprit des horreurs qu'Arkane m'a fait subir.

Mes yeux se dirigent vers mes poignets, c'est frustrant de sentir cette dose considérable de magie à l'intérieur de moi qui est incapable de s'échapper. Mon ongle passe légèrement autour des chaînettes. Ces instruments me coupent l'accès à mon pouvoir depuis que je suis ici et j'ai tout tenté pour les enlever, mais rien ne semble fonctionner.

Je suis allée jusqu'à me déchiqueter une partie de ma peau pour le retrouver. De temps en temps, je sens mon esprit s'évaporer dans la pièce et se personnifier. J'ai l'impression que cette part cachée de moi m'appelle, que sa voix résonne dans la pièce.

J'ai besoin d'atteindre cette lumière fulgurante qui renferme sûrement toutes les réponses dont j'ai besoin, mais tout m'en empêche visiblement. J'aimerais tellement pouvoir me plonger dans les livres que la bibliothèque de mes parents renfermait. Je me souviens assez vaguement de son apparence, mais l'odeur de poussière et de papier est agrippée à mes narines.

-Père, pourquoi dois-je m'intéresser à des sujets aussi complexes à mon âge.

Le roi est assis en face de moi sur un majestueux fauteuil en velours. Sa couronne est penchée avec sa tête en direction d'un manuscrit reposant sur ses cuisses. Un long manteau de fourrure brune entoure ses épaules et la traîne glisse jusqu'au sol. Son visage est chaleureux, ses yeux bruns et sa peau halée reflètent les flammes émanant de la cheminée.