La ville

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La ville semble davantage mouvementée par rapport au reste de l'année. Les marchands ne disposent plus autant de marchandises à la vente que les jours précédents. Je jette un rapide coup d'œil aux prix : ils ont augmenté. La guerre entre les deux royaumes commence petit à petit à impacter toute la population. Je remarque certaines familles de la basse société incapables de s'acheter quoi que ce soit avec ces nouveaux prix.

— Venez acheter ce poisson, c'est le dernier de la journée !

Une foule de personnes se précipite vers ce marchand pour tenter d'obtenir son dernier poisson. Je reste sans bouger, observant toutes ces personnes courir dans tous les sens. Sans que je m'y attende, je me fais bousculer au passage et manque de tomber. Je suis dans le vide, sans m'être étalée au sol. Une main m'empoigne le bras, m'évitant de justesse de chuter.

— Merci, dis-je.

La personne venant de me bousculer se retourne. Je m'attendais à des excuses de sa part. Il replace sa cape sur sa tête le regard neutre et se dirige vers le marchand de journaux.

— Un journal, dit—il en tendant le bras.

La politesse ne semble pas faire partie de son vocabulaire. Je me dirige vers eux également, les journaux sont des richesses d'informations sur les évènements en cours à Sedith. Surtout concernant la guerre actuelle avec le royaume d'Harenae. Arrivée à leur hauteur, je remarque que la pièce tendue par l'individu est une pièce d'or, que personne d'en cette ville ne peut se procurer à moins de l'avoir volé.

— Lyria, un journal pour toi également ? Demande le marchand, un sourire crispé sur ses lèvres.

Il est pourtant toujours d'humeur joyeuse et est accueillant avec tous ses clients. L'individu semble le mettre mal à l'aise malgré la pièce d'or. Peut-être pense-t-il que si elle a été volée, il aurait des ennuis ?

— Oui, dis—je en cachant la pièce d'or dans ma main pour qu'elle ne soit pas vue.

Le marchand de journaux est habitué à me voir régulièrement et à ce que je le paye en pièces d'or. Nul doute qu'il est doté d'une âme pure, qui cherche à nourrir sa famille en premier, il a tout mon respect pour son courage. Je jette un coup d'œil rapidement à l'individu qui ne semble toujours pas partir.

— Vous payez en pièces d'or ?

Comment peut-il avoir vu, j'ai fait en sorte de la cacher dans la paume du marchand qui à lui-même fait en sorte de refermer sa main pour ne pas qu'il la voit. Le corps du marchand se tend.

— Lyria, vous devriez rentrer chez vous, votre sœur vous y attend, tente de mentir le marchand.

Je sens bien que quelque chose cloche dans son comportement, ce n'est pas la première fois que le marchand le voit, il n'y a aucun doute. Journal en main, je fais demi-tour, et prise de curiosité, je jette un dernier coup d'œil à l'individu. Une mèche blanche lui tombe sur le front au même moment que nos regards se croise. J'analyse rapidement son visage, mais rien ne laisse paraître qu'il peut être mal attentionné. Il semble à peine plus vieux que moi, les traits de son visage sont lisses et non ridés par le travail ou le soleil. Ses yeux gris intense me transperce le corps. Sans attendre plus, je m'en vais d'un pas rapide rejoindre les quartiers riches nichés plus haut au milieu du royaume. La réaction du marchand me laisse perplexe, il en a peur. Mais pourquoi ? Il serait un voleur ? Mais dans ce cas-là, pourquoi aurait-il payé, de plus, avec une pièce d'or ? Je ne suis pas à l'aise de laisser le marchand seul avec lui, et s'il lui arrivait malheur ? Sa famille ne serait pas en mesure de gagner de l'argent pour vivre. Je chasse toutes ces idées de mon esprit, ce n'est pas le moment d'imaginer le pire. Au même moment, mon regard est attiré par une foule de personne. Une seule voix se fait pourtant entendre au milieu. Intriguée, je me faufile à travers cet amas de personne pour mieux voir. Des enfants sont assis par terre autour d'un orateur.

Screaming HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant