Screaming Heart

Adelio

La fête bat son plein depuis plusieurs heures déjà. Chaque invité passe un à un devant les nouveaux mariés, offrant bénédiction et cadeaux.

— C'est à nous, m'annonce ma mère.

L'idée de plier le genou devant Rhéane ne m'enchante guère. C'est le rituel. Nous nous avançons devant eux, posant le genou sur la première marche de l'estrade.

— Nous vous offrons deux de nos chevaux, Onyx et Ella. Ce sont des très jeunes chevaux que vous pourrez utiliser à votre guise.

Je me retourne vers ma mère, énervée. Elle ne peut pas leur donner la pouliche d'Elysia. Impossible. Je contiens comme je peux la rage qui monte dans mon estomac. Je relève les yeux vers Rhéane, elle a remarqué mon agacement.

— Nous vous remercions pour ce généreux cadeau, je prendrais personnellement soin d'eux.

Je serre la mâchoire pour ne laisser aucune émotion sortir. Elle cherche à jouer avec mes nerfs. Je ne lui offrirai pas ce plaisir.

— Vous pouvez disposer, annonce le prince Rhydian.

Nous nous relevons pour rejoindre la foule qui profitent du banquet. J'attrape violemment un premier verre et le boit d'une traite. L'alcool qu'il contient me brûle la gorge. Mais ce sera toujours mieux que me défouler sur la nouvelle princesse.

— Doucement, me dit Adélaïde, tu ne seras plus en état de voir quoi que ce soit à ce rythme-là. Tu n'as pas oublié ton plan, j'espère ?

Bien évidemment que je ne l'ai pas oublié. Je jette des regards sur les mains de chaque invité. Mais beaucoup porte les chevalières, et il est impossible de voir à distance s'il y a un fer à cheval gravé dessus. Elle attrape un verre à son tour, et le boit elle aussi d'une traite.

— Je vais en avoir besoin pour justifier mon comportement avec les chevaliers présents.

Je lui lance un regard interrogateur, qu'elle ignore en s'éloignant. Elle s'approche de l'un d'eux, et trébuche littéralement sur un jeune homme en armure. Il la rattrape de justesse. Je ne peux pas entendre ce qu'il se dise de là où je suis. Il lui tient gentiment les mains pour qu'elle retrouve son équilibre. Je comprends à présent son jeu. Elle en profite pour observer ses mains, en faisant mine d'être ivre. Elle le remercie avant de s'éloigner comme si de rien n'était. Elle me jette un regard, et je comprends que ce n'est pas lui. Elle sait comment manipuler les hommes. Elle copie le comportement de Nathara. Je balaye la foule du regard, et mes yeux s'arrête instinctivement lors que j'aperçois Adelio à l'entrée de la pièce. Il m'observe ainsi qu'Adélaïde à tour de rôle avant de s'approcher de moi.

— Vous jouez à quoi ? M'interroge-t-il.

Mon esprit me remémore notre dernier baiser, que j'essaye tant bien que mal d'ignorer.

— Tu peux me montrer tes mains ?

Il fronce les sourcils à ma question, mais s'exécute. Je prends ses mains et les tournent dans tous les sens. Il regarde autour de lui, et je sens son corps de tendre. Mais aucune trace de bague à ses doigts. Il n'en a probablement jamais porté. Je souffle de soulagement avant de lâcher ses mains.

— Tu m'expliques ? M'interroge-t-il.

— Ce n'est rien d'important, mente ai-je, le mariage est somptueux tu ne trouves pas ?

Il me fixe droit dans les yeux, et je ne sais plis comment agir face à lui.

— Tu comptes faire comme s'il ne s'était rien passé ?

J'avale difficilement ma salive. Je ne sais pas si c'est une bonne idée d'un parler ici, parmi toutes ces personnes.

— Non, marmonne ai—je.