JOUR UN

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JOUR UN.

La vitre de ma fenêtre s'ouvrit, me détournant de mes devoirs. Un grand garçon aux cheveux châtains apparut alors dans l'embrasure de la porte vitrée. Dorian n'était jamais entré par la vraie porte. Il n'avait jamais fait les choses dans les règles. Il était différent. J'aimais sa différence.

"Hey ! Me lança-t-il.
- Coucou.
- Tu vas bien ?"

Ma journée me revint en tête. Les moqueries, les injures, tous ces affreux mots qui m'étaient destinés. J'avais toujours été habituée aux reproches, car je n'étais pas très jolie, pas très fine, j'avais une peau imparfaite, et je ne m'habillais pas aux goûts du jour. Mais ces remarques désobligeantes ne m'avaient jamais atteinte. Pourtant cette année pour le première fois ces mots balancés a l'arrache prenaient une terrible teinte de douleur. Ils me transperçaient le corps comme de couteaux. Ils m'affectaient.
Des gouttes d'eau salées de peine se mirent à rouler le long de mes joues.

"Non, non, non. Ne pleure pas. Ils ne méritent pas tes larmes.
-Ils sont méchants.
-Je sais, mais leurs insultes sont fausses, regarde moi."

Je plongeai mes yeux dans les siens qui aujourd'hui étaient d'un bleu très pâle.
Ses yeux n'avaient jamais eu de couleur en particulier. Un coup ils étaient d'un noir aussi foncé que le charbon et un autre coup ils étaient d'un émeraude qui aurait fait verdir de jalousie les plus belles pierres précieuses. Je l'avais souvent questionné sur ses yeux, mais il était toujours resté très évasif sur le sujet et n'avait jamais répondu à ma question.

En fait Dorian ne répondait jamais à mes questions.

"Dorian. Les mots blessent.
- Je sais. Mais c'est pour ça que je suis là non ? Tu es magnifique d'accord. N'écoute pas les langues de vipères."

Il m'avait tout doucement attrapée par la taille et tirée contre son torse. Il m'avait ensuite soulevée comme une princesse et m'avait couchée.

"Il est tard. Avait-il repris. Tu devrais dormir."

Il m'avait alors bordée comme une mère le fait avec son enfant.

Ma mère ne m'avait jamais bordée.

Je l'entendais alors quitter ma chambre. Non je ne voulais pas le voir s'enfuir par la fenêtre comme il le faisait à chaque fois.

"Dorian ! Avais-je dit. Reste s'il te plait."

J'avais vu son sourire parfait illuminer ma chambre. Il était alors revenu et s'était glissé sous les draps avec moi. Nous étions trop serrés dans mon petit lit une place mais je m'en fichais. J'étais bien avec lui.

Mes parents ignoraient tout de Dorian. Je ne leur avais jamais parlé de lui. De ses effractions par ma fenêtre. De ces longues heures que nous passions ensemble. En même temps qu'auraient-ils dit en sachant que leur fille dort avec un garçon ? Avec Dorian en fait.

Ce fut une nuit sans rêves pour moi. Une nuit plate, qui repose. Une nuit avec Dorian. Même si une fois réveillée, il avait disparu.

***

Voici mes deux personnages, mon décors et mon premier jour.

DorianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant