JOUR CINQ

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JOUR CINQ.

J'étais sur mon lit. Aujourd'hui mes "amis" ne m'avaient pas parlé. Personne ne m'avait parlé. On m'avait seulement insultée. J'étais détruite. Entre les insultes. Mes amis qui ne me parlaient plus. Ma solitude. Et mes disputes avec Dorian qui se faisaient de plus en plus fréquentes. Ma vie s'effondrait. Et dans les débris de mon existence, je tombais moi aussi. Dans un gouffre sans fond. Un gouffre ou l'air manquait. Oh j'oppressais. Je suffoquais. Je mourrais à petit feu. De manière lente. Douloureuse.

La fenêtre s'ouvrit. Dorian.

"Coucou ! Me dit-il simplement.
- Salut.
- Tu n'as pas l'air en forme.
- Mes amis.... Ma phrase mourut dans un sanglot.
- Ils ne sont pas venus te parler?"

Je balançais négativement ma tête de gauche à droite.

" Dorian. Ma vie explose.
- Je suis là moi.
- Je sais.
- Je ne supporte pas de te voir souffrir."

Il m'agrippa et me souleva sans problèmes jusqu'à ce qu'il m'allonge dans mon lit.

" Je suis là.
- Oui.
- Si tu es malheureuse. Je le suis aussi.
- Do...
- Tu veux me voir souffrir ? Il pleurait à son tour.
- Non arrête !"

Il se leva s'approcha de mon bureau et attrapa un compas. Il le posa sur son avant-bras droit. Tenant fermement l'objet de sa main gauche il hurla.

"Tu veux que souffre c'est ça !"

Ses larmes déformaient son visage. L'objet pointu dans ses mains il se coupa rageusement l'avant-bras. Le sang coulait. J'étais fixée sur la large plaie qui barrait son avant-bras.

"Dori...
- T'en veux plus hein ?" Dit-il sadiquement.

Mon regard était obnubilé par sa plaie dont le sang s'échappait. Il reposa la compas sur son avant-bras et trancha à nouveau ce dernier. Il recommença encore et encore ce geste. Plus les plaies apparaissaient sur son avant-bras, et plus le sang coulait, plus je me sentais soulagée. Sans que je comprenne pourquoi.

Dans sa douleur, il libérait la mienne. Je me sentais mieux.

Après dix minutes passées à s'acharner contre son bras. Dorian s'effondra. Pleurant. Je m'empressai de fouiller dans mes placards, et j'en tirai un drap. Après avoir couru vers Dorian je m'agenouillai et enroulai le drap autour de son poignet mutilé. Du blanc il passa au rouge vif.

" C'est ça que tu veux ? Que je souffre."

Je fis un petit non de la tête.

" S'il te plait. Laisse tes amis. Ne te préoccupe que de moi. Je suis là pour toi. Je suis ton seul ami."

J'hochai la tête.

Après cet épisode ensanglanté on s'allongea sur mon lit. Ce soir là je compris tout ce que Dorian était prêt à faire pour moi. Je compris aussi que sa douleur mentale était la pire chose qui puisse exister, sa douleur m'anéantissait autant que si je la vivais. Dès qu'il allait mal, j'allais mal aussi. Et dès qu'il s'était soulagé en transformant son mal-être en douleur physique je m'étais tout comme lui sentie étonnamment mieux. Nous étions comme liés.

Ouais c'est ça. Nous étions liés. Deux corps mais un être.

Ce soir là je compris aussi que Dorian n'était pas mon "presque tout". Il était mon tout. Ce que j'avais de plus important. Il était tout mon corps. Toute ma tête. Tout mon être.

***

Jour sanglant j'en ai conscience.

DorianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant