JOUR TROIS

42 5 3
                                    

JOUR TROIS.

La journée avait été affreuse. Les insultes fusaient et venaient même de gens que je ne connaissais pas. J'étais le bouc émissaire du lycée. Un souffre douleur de service. Dès que quelqu'un voulait se défouler il s'acharnait sur moi. Dans ma petite chambre j'attendais avec impatience Dorian. Même si notre dispute de la veille me trottait encore en tête, j'avais besoin de lui. De son épaule. J'avais besoin de ses bras m'enveloppant. J'avais besoin de lui pour tout simplement me sentir mieux.

Il avait cinq minutes de retard. Ca n'arrivait jamais.

Dix minutes. Où était-il ?

Une heure. J'ai besoin de lui.

Cinq. Ce fut le nombre d'heures dont j'ai eu besoin pour comprendre qu'il ne viendrait pas ce soir. Cinq heures passées à me ronger les ongles jusqu'au sang. Cinq heures à tourner en rond. Après cette période interminable je m'étais couchée sur le lit et j'avais à nouveau pleurer.
Pleurer tous les soirs c'était une habitude. Tout comme Dorian.

Dorian était mon habitude quotidienne. J'avais besoin de lui pour finir ma journée. Car les habitudes construisent notre journée. Ce sont des points de repères vitaux à notre vie. Comme se lever après deux sonneries du réveil. Avoir la même place dans le bus. Manger à la même table à la cantine. Écouter les mêmes musiques. Des habitudes qui deviennent vitales. Sans l'une d'entre elles c'est toute notre journée qui est déréglée. Plus rien ne va.

Dorian n'était pas venu. Ma journée n'avait aucun sens. Je me sentais vide. Incomplète. J'avais besoin de Dorian. Il avait toujours été là. "C'est dans les pires moments que l'on reconnaît ses vrais amis." Avait dit quelqu'un. Dorian avait toujours été là.

Toujours.

Pourtant personne ne connaissait son existence. Je ne savais pas pourquoi. Mais je n'avais jamais voulu parler de lui à quelqu'un. C'était comme ça. Il ne m'avait jamais dit de ne pas parler de lui. Mais je savais juste qu'il fallait que je garde son existence secrète. C'était mieux ainsi. C'était mieux qu'il soit comme mon secret.

Il avait toujours été là.

Si bien que je ne me souviens plus de quand est-ce que nous nous étions rencontrés. Je me souviens juste que petite déjà il était là. Entrant dans ma chambre par la fenêtre. Nous jouions aux playmobils, à des jeux de société. J'avais toujours vécu avec Dorian. Je l'avais toujours connu. Il avait en fait toujours été là.

Sauf ce soir. Ce soir il n'était pas là. Et moi j'étais désespérée. Je m'en voulais de lui avoir parlé si durement la veille. Je m'en voulais tellement que d'effroyables nausées s'emparèrent de moi.

De nouveau dans ma chambre après avoir expulsé tout ce qu'il y avait dans mon estomac je m'effondrais sur mon lit.

"Dorian. Pleurai-je. Reviens s'il te plait."

Je m'endormis après ces paroles.

Je crus entendre la fenêtre s'ouvrir. Je crus sentir quelqu'un se coller à moi. Mais je ne savais pas si ces impressions étaient vraies. Ou si ce n'était que mon esprit fatigué et torturé qui les avait imaginées. Ce que je savais cependant, c'est que le lendemain matin, j'étais seule.

***

Jour assez plat vu qu'il n'est là que pour que l'héroïne prenne conscience de l'importance de Dorian dans sa vie.

DorianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant