Chapitre 1

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Je m'appelle Bertille de Pusay et j'ai 16 ans. Je suis une personne des plus timides, mais cachant derrière ce trait de caractère, nombreuses qualités et vices que je ne puis, à ce moment, vous conter... Cependant, l'Histoire que je peux vous narrer est tout aussi intéressante ! Vous entendrez jaser dans les couloirs les plus obscures de la ville, au sein des plus prestigieux salons de la cour du Roi Soleil, et même derrière le petit bosquet des jardins de Le Nôtres l'histoire que je m'apprête à vous raconter...

Retournons quelque temps en arrière afin que vous puissiez entrevoir les méandres de mon récit...

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J'habite à Saint-Malo ville portuaire où l'air est frais et la pluie est présente. J'ai une grande sœur Henriette qui devenant corsaire au service du roi, nous quittâmes sans regret (mais cette partie n'est pas encore au cœur de notre histoire... Néanmoins, ne l'oubliez pas !)

Mon enfance fut bien heureuse, ma mère m'adorait au détriment de mon aînée. Mon père, hélas amputé à la jambe lors de la bataille de la Hongue restait alité du matin au soir. Il n'était jamais vraiment présent avec moi. Il préférait ma sœur qui paraît-il, était courageuse, effrontée et qui arborait un caractère bien trempé. Le genre de fille que ma très chère mère abhorrait ! Quelle honte pour une famille de notre "rang"... Mon père ne la voyait pas de cette trempe : son côté fougueux était certes, des plus regrettable pour une fille de noble, mais tout en elle lui rappelait, le désir ardent d'avoir un fils. Elle était finalement, l'incarnation féminine d'un fils prodigue.

Ma mère m'habillait somptueusement alors que notre famille était fort endettée. Rubans, boutons, corset en soi et en dentelle, rien n'était assez beau, n'y assez cher pour moi.

C'est à l'année de mes 10 ans que ma sœur, Henriette, revint à la demeure familiale. Les souvenirs avec elle étaient moindres au fond de ma mémoire... Peu de chose avait été partagé avant son départ pour la célèbre institution pour demoiselle à Saint-Cyr. L'unique souvenir qui peut me revenir : elle, chevauchant son fidèle destrier, et galopant à vive allure dans les rues vides de notre bourgade.

Son retour fut marquant. Le teint pâle, les cernes remplis, les joues creuses et la taille frêle furent pour moi une image saisissante d'une jeune femme malheureuse et fuyante.

Au fond de moi, un mélange d'incompréhension, de surprise et de peur me poussa à réfléchir à son bon traitement. Cette institution pourtant si prestigieuse ne pouvait pas la maltraiter ainsi ? Et si elle se refusait à manger ? A-t-elle vécu des choses atroces au sein de la communauté des jeunes Filles du roi ? Le Roi se doit de savoir comment en ressorte ses protégées !

J'étais perdue... Mais toutes ces questions qui tourbillonnaient dans ma tête, ne pouvaient être posées... Ma mère m'interdisait tout contact direct avec Henriette.

Ma mère ne me destinait pas à un destin si ordinaire. Elle me voyait déjà au bras d'un riche homme de la cour, vêtu de soieries et de bijoux brillants. Marchant dans les allées de Versailles, déambulant dans la Galerie des Glaces ou encore dansant au bras de mon époux, épatant tour à tour les nobles de la cour. Que demander de plus ? Ma mère rêvait tellement que ce jour si glorieux arrive, qu'elle mise en place de nombreux évènements...

Tous les mercredis après-midi, des dames venaient à la maison papoter de choses et d'autres. Ma mère cherchait en vint un parti pour moi, et dès l'âge de 11 ans, je me retrouvai entouré de tulles, de drapés et de bijoux (Dieu sait comment ma mère réussit à se les procurer) afin de montrer à ces dames la qualité et le prestige de notre famille. Quelle pièce de théâtre ! J'étais le fou parmi les singes.

L'objectif était pourtant simple : trouver un gentilhomme de bonne lignée et me le faire épouser dès ma majorité. Cependant, ma chère mère était des plus exigeantes. Notables, bourgeois, et mêmes barons, rien ne lui plaisait...

La patience n'était pas une des qualités majeures de ma progénitrice, et toutes ses espérances tombèrent à l'eau.. En tout cas, pour l'instant... À mon plus grand désarroi (sentez l'ironie), cette dernière se décida d'attendre un peu que les jeunes gens grandissent.

Quel soulagement de savoir que quelques années de répits m'attendaient...

Mais, je crois voir votre incompréhension.. Où est Henriette dans cette histoire ?

Je vous comprends et j'ai moi-même très envie de vous le raconter...mais pas pour ce soir !



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Une entrée à la cour - REPRISEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant