Chapitre 2

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Un après-midi, comme de coutume, le prince se promenait à cheval longeant l'une des berges contournant le château. Il avait besoin d'un peu d'air accompagné de solitude pour obtenir un semblant de calme, même s'il n'était pas tout à fait seul puisque des soldats le suivaient de loin pour veiller à sa sécurité. Quelques jours s'étaient écoulés depuis l'entrevue qui devait se tenir avec le comte. Le messager n'était pas encore de retour, ce qui laissa libre cours au prince de conjecturer milles tracas sur ce qui eût pu avoir lieu. Il observa son visage déconfit à travers le reflet du cours d'eau puis accéléra le pas de sa monture. Ce qu'il vit le terrorisa, il se demandait comment les personnes du château arrivaient à le supporter et à lui sourire dans son état. La cadence du cheval fit que le prince reçut de plein fouet le vent allant dans sa direction ce qui eut pour effet de lui tourner la tête et de rafraîchir un peu ses pensées. La course le revigora, il porta son œil vers l'horizon, scrutant la venue du messager mais il ne parut toujours pas. Il s'interrogeait sur ce qui pouvait lui prendre autant de temps. Il avait pourtant intimé l'ordre d'envoyer un messager pour le prévenir de la capture ou non de Crays. "Ainsi c'était bien un malheur qui a dû se produire", se dit le prince. Tout à coup il vit un homme qui titubait muni d'une béquille au bras droit. Le prince accéléra le pas afin de vérifier qui était l'individu. Il ne s'était pas mépris, c'était bien le messager qui se dirigeait vers lui.

- Mon prince !

- Altrais ! Je ne t'attendais plus ! Enfin qu'est-ce qui s'est passé ?

- Han ! Han ! Le chevalier de Crays, il... han ! han ! Les hommes han ! han !

- Respirez de grâce ! Soldats donnez-moi une gourde !

L'un des soldats à l'arrière s'avança et prit une gourde attachée à son cheval pour la remettre entre les mains du prince.

- Tenez maintenant, buvez un peu.

Le messager s'exécuta en vidant la gourde avec lenteur. Il reprit sa respiration comme lui avait commandé le prince afin de se préparer à parler en douceur. Le prince lui tapota l'épaule :

- Alors ?

Le messager vit l'expression tourmentée du prince lui implorant de l'espoir et il chercha à bien mesurer ses mots.

- Le chevalier de Crays était bien au lieu de rendez-vous accompagné de ses hommes qui se cachaient parmi les clients de l'auberge. Nos soldats ont réussi à le séparer de ses hommes et à l'acculer. Néanmoins...Il a réussi à trouver une brèche pour s'enfuir. Nous sommes actuellement à ses trousses et ce n'est qu'une question de temps avant qu'on le saisisse. Il demeure toujours seul. Pour l'instant il se cache dans un coin de la forêt de Kaït près d'une grotte.

- Je vois, répondit le prince.

L'appréhension ressortait de ses traits, nul n'arrivait à scinder ses pensées. S'il prenait cela pour une bonne ou une mauvaise nouvelle. Un silence s'établit sans qu'on ne dit quoique ce fût. Le messager hésitait à devoir tenter de rassurer davantage le prince sur la situation. Lorsqu'il s'élança pour reprendre la parole le prince l'interrompit :

- Et ta jambe ? dit le prince d'un ton calme.

- Hum oui ma jambe, ne vous inquiétez pas. Ce n'est rien, ce n'est que par petite remise. Je serais bientôt sur pied.

- Comment tu t'es blessé ? reprit-il du même ton.

- Une chute à cause d'un glissement de terrain. Mon cheval a reçu une blessure au niveau du foie et j'ai dû le déposer quelque part. Je me suis dépêché afin que vous ne soyez pas plus tourmenté que vous ne devriez l'être.

La Jeunesse du roi KromeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant