Les jours qui suivirent la joie du prince Prestois disparut pour laisser place à une anxiété insidieuse. Il sentait que cette explosion de satisfaction pouvait s'éteindre à tout moment pour être suivie d'une déception équivalente. Pourtant il était certain que l'impératrice serait contrainte de changer de tactique. "Avec l'influence du comte de Crays, cette misérable sorcière ne restera pas inactive. Elle perdrait ainsi un conseiller de taille. Peut-être qu'elle rossera ma bien-aimée ou lui coupera un membre pour se venger..." Prestois pâlit. " Non, mais il est sûr qu'elle commettra quelque supplice à son âme. Si jamais elle ose torturer Marguerite, elle en subira les conséquences. On ne traite pas son petit-fils de manière trop indécente à ce qu'il me semble." Le prince eut immédiatement honte de cette réflexion. Malgré ce qu'il faisait pour atténuer les maux du roi Krome il ne restait qu'un prisonnier. "C'est un mal nécessaire, on le libérera bientôt". Il s'imaginait la vie déplorable que celui-ci avait dû mener au cours de son enfance. Ses joues devinrent alors humides, Prestois dû les sécher. A cet instant l'un de ses serviteurs toqua à ses appartements. Sans réponse, il pénétra dans la chambre du prince. Le serviteur, voyant son état, hésita à se retirer afin de revenir en une heure plus propice. Cependant le prince Prestois le vit avant qu'il eut l'occasion de le faire :
- Que venez-vous faire ici ?
- Oh prince, excusez-moi de cette visite importune. J'étais sur le point de m'en aller. A présent je vais vous laisser.
- Reste, qu'est-ce que tu voulais ? demanda le prince Prestois.
- Je voulais juste vous prévenir que le roi, votre père, vous appelle pour vous entretenir de la réponse du comte de Crays. Il vous attend dans la salle du conseil.
- Ah je t'en remercie. Mais tu aurais pu toquer avant de venir.
- Mon prince je l'ai fait, je suis entré pour vérifier si vous n'étiez pas ici.
- Je vois, pardonne-moi de m'être présenté à toi sous un mauvais jour.
- Ne vous inquiétez pas, les malheurs d'un maître sont les malheurs de son serviteur. N'ayez nul embarras.
C'était là les paroles que le prince désirait entendre.
- Bien Darell, je me prépare à descendre. Espérons que les nouvelles soient favorables.
Prestois rejoignit la salle du conseil d'un pas pressant. Au centre de la salle se trouvait la table où les gens du conseil se réunissaient. La table était faite en bois d'ébène sans ornements particuliers. La salle en elle-même était plutôt sobre si on ignorait les rideaux bleus pâles près des fenêtres. Les rideaux étaient décorés des armoiries de la famille Fléene, celle gouvernant la Drude. Ils étaient parsemés à différents endroits d'un ensemble de trois roses, deux roses noires avec une rose dorée en leur centre. La table du conseil était assez longue afin de pouvoir convier un certain nombre de personnages importants dans l'élaboration des plans de la nation. Le roi drudien était assis sur le bord opposé en face de la porte d'entrée tandis que son fils aîné Breil était dans le siège à sa droite. Le siège à sa gauche était toujours vacant. Brindet manquait à l'appel, ce n'était guère étonnant. Le roi arborait une figure sévère, de même pour Breil. Le duc Kenzo se trouvait là également.
- Assieds-toi, lui dit son père.
Il n'y avait pas d'autre place que celle de son second frère. Le roi lui désigna le siège du doigt. Le prince s'exécuta. Les autres membres du conseil le dévisageaient.
- Alors ? Allez droit au but je vous en prie. Je ne puis tolérer ce silence, déclara le prince Prestois.
Le roi drudien prit un ton solennel :
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La Jeunesse du roi Krome
General Fiction"Le jeune roi du pays de Brasse se dirigea vers la fenêtre de sa cellule. Emprisonné dans le donjon du château royal de Drude, Il examinait le monde qui se dessinait au travers de ce cadre qui lui en donnait qu'une vision restreinte. Cette situation...