Chapitre 4

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Cela faisait longtemps que Krome n'avait pu profiter d'une bonne nuit de sommeil de façon convenable. Quand il ouvrit légèrement les paupières, il crut qu'il aurait face à lui le plafond de sa chambre du palais et que s'il se levait il verrait les murs de celle-ci. Ainsi toute sa captivité n'aurait été qu'un mauvais rêve dont il aurait été heureux de se réveiller. Le bruit de la porte qu'on toqua lui permit de réhabiliter ses sens et de voir la pièce telle qu'elle était dans ce qu'il avait pensé être une seconde un songe. L'image de sa chambre royale qui s'était superposée à celle de la chambre disparut sous les yeux de Krome. Des larmes coulèrent sans prévenir. Krome les essuya avant que son invité inopiné n'entra dans la pièce. Ce petit tapage lui avait remis les idées en place. Le roi jugea que c'était une servante qui avait été chargée de changer les draps. Il se leva péniblement pour lui dire d'entrer mais il se rétracta en estimant qu'elle pouvait l'attendre. On frappa à nouveau à la porte. Il n'y eut aucune réponse de Krome. Il discernait une voix masculine en train de l'appeler. L'homme poussa lentement la porte, Krome constata dans l'entrebâillement l'œil du prince aîné ainsi que son sourire. Krome se retourna pour faire mine de dormir. Le prince Breil prit une chaise afin de s'asseoir près du jeune roi. Krome craignant que le prince restât releva la couverture pour lui faire face.

- Bonjour roi Krome, je savais bien que vous étiez réveillés ! Vous songiez donc à m'effrayer par surprise en me baignant de votre regard courroucé, déclara t-il avec le sourire.

- Non certainement. Que souhaitez-vous de moi ? Pourquoi venir aussi tôt ?

- Avez-vous oublié ? C'est vous qui aviez dit à mon frère que vous désiriez de la compagnie pour pallier à votre solitude.

- Effectivement je l'ai dit au prince Prestois toutefois je ne me remémore pas de vous avoir évoqué.

- Ce qui est normal puisque vous ne m'aviez pas encore rencontré. Vous avez le loisir de pouvoir discuter avec moi. De nombreuses personnes aimeraient avoir ce privilège.

- Oui, des personnes de votre royaume, notamment des paysans et quelques roturiers. Il est commun pour un peuple de souhaiter parler avec ceux qui les dirigent. Je le conçois étant donnée la manière flatteuse par laquelle ils sont présentés par eux. Les habitants de mon pays m'aiment et il en est de même pour les gens du vôtre qui partagent ce sentiment à votre égard. C'est nos familles qui les ont respectivement dirigés et apportés la prospérité. Si nous...(les réflexions du troisième prince lui revinrent en tête) si nous n'étions pas là il ne seraient rien ! affirma Krome pour les dissiper. Ils doivent nous traiter avec respect, nous adorer et nous craindre tel que le ferait un enfant pour un parent. Un peuple qui n'affectionne pas leurs souverains n'est qu'un peuple indigne.

- Vous avez raison roi Krome je partage votre avis. Néanmoins, il se trouve toujours des gens pour accuser la royauté de leurs maux alors qu'ils font ce qu'ils peuvent pour les résoudre. La position que l'on tient implique de grandes responsabilités qu'un citoyen moyen serait inapte à supporter. S'il peut y avoir des fous pour avoir des conceptions négatives sur nous, il y aura naturellement des hommes pour reconnaître nos bienfaits.

En entendant les mots du prince Breil, Krome eut une sorte de malaise. Il sentit que quelque chose n'allait pas.

- Mais il arrive des fois où c'est le souverain qui est en tort et en cette occasion le peuple a tout lieu de lui faire des reproches. Comme il y a de bons souverains tels que mes ancêtres il en survient des mauvais qui sombrent leur pays dans la ruine par bêtise ou égoïsme. On peut parfois juger de la capacité d'un roi à diriger à travers ce que son peuple dit de lui. Cela n'est vérifiable qu'en voyant ses succès et les échecs de ses entreprises avec les répercussions qu'ils ont sur son pays, proclama Krome.

La Jeunesse du roi KromeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant