Chapitre 5

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Krome avait des sentiments troublés envers le prince Prestois et son frère. Il les haïssait autant qu'il appréciait leur bienveillance. Il se dégoûtait lui-même de participer à cette mascarade. La servante n'avait pas mâché ses mots en l'avertissant de ne pas avoir "trop d'amitié pour le prince Prestois". Oui, ceux-ci avaient été plutôt bien choisis. Boire un thé avec l'un de ses geôliers et accepter la sympathie du second ! Il avait résolu d'ignorer sa faiblesse et de se convaincre du contraire, que la froideur qu'il exhibait face à celui-ci était la marque qu'il ne fléchissait pas. Paradoxalement lorsqu'il se comportait de cette manière l'indulgence qu'il commençait à ressentir pour le prince Prestois ne faisait que croître. Pendant que ces pensées fulminaient en lui, les deux princes tentèrent désespérément de faire reprendre ses esprits à Krome. Ce dernier regagna contact avec la réalité suite aux supplications du cadet des princes et tâcha d'essuyer avec un air farouche la larme qui avait coulé. Il sirota son thé comme si cet accident n'avait jamais eu lieu. Prestois voulut implorer des explications au roi Krome mais son frère le fit taire en sachant qu'il serait malséant de le faire de même que cela aurait irrité son orgueil. Le jeune prince se tut à contrecœur. Il éprouvait un profond malaise à s'abstenir d'agir tel qu'il le souhaitait. Il n'était pas étrange que le roi de Brasse eut versé une larme en raison de son emprisonnement prolongé. Pour lui, elle prouvait que celui-ci avait une part de sensibilité en lui et que le morale si robuste qu'il présentait n'était en partie qu'une façade. Que c'était en effet un masque que le roi s'était forgé afin de se protéger et qu'il n'était plus en mesure de dissimuler son trouble. A présent que l'impératrice de Knot avait annoncé qu'elle consentait aux exigences de la Drude, le roi de Brasse devait vivre dans la peur qu'elle retirât sa parole. Après tout il lui avait parlé de sa grand-mère de telle sorte à ce qu'il la perçoit telle qu'elle était véritablement, un personnage sans cœur. Depuis la remise de la lettre il devait baigner dans l'incertitude, ce qui aurait justifié son absence de réaction à ce moment-là. Il doutait de ce qui allait advenir de lui. Si elle se rétractait ? Et si son père le trahissait en faisant libérer Marguerite tout en gardant le roi de Brasse ? Que cela signifiait pour lui ? L'emprisonnement à vie ? La mort ? Il était normal qu'il souffrit d'un excès d'émotions !

Prestois ne put prendre sur lui son agitation. Il quitta la chambre à pas précipités sans se retourner. Krome trouva sa marche aussi ridicule que larmoyante. Breil expliqua plus tard la situation à son frère. Il avait affirmé que c'était la nostalgie de son pays qui avait fait tant d'effet au roi de Brasse et non pas l'inquiétude. Le prince Prestois en fut apaisé et remercia la délicate attention de son frère d'avoir offert au roi de Brasse une infusion originaire de sa nation. Le plaisir était partagé par Krome ; l'impatience avec laquelle il attendait de retrouver les siens s'était accrue. Le sentiment d'une trahison envers son peuple l'envahit par la manière dont il approuvait d'être traité par ses ennemis. Les citoyens devaient envisager qu'il vivait dans des conditions déplorables entre les mains des drudiens ; que c'était un supplice auquel il était confronté. Ceci était vrai, jusqu'à récemment du moins. Il s'interrogeait alors sur comment se présenter devant son peuple avec la tête haute après que tout fût arrangé. Son aigreur commença à s'accentuer. La main qui tenait la tasse tremblait et manqua de la renverser, ce qui ne passa pas inaperçu auprès du prince Breil.

- Attention roi Krome vous allez faire tomber votre thé. Je sais que vous repensez au peuple que vous avez abandonné par notre faute et je m'en excuse. Je souhaitais vous satisfaire en vous faisant boire un thé qui venait de votre pays et qui a été préparé selon la coutume. Le thé de mazinga est le plus courant, je n'avais pas de doute à ce que vous le reconnaissiez. Ne voyez pas en cela un vilain stratagème de ma part pour vous rappeler votre absence afin de vous en faire souffrir.

Breil était parfaitement conscient d'avoir énervé Krome par ses paroles cependant il savait que s'il n'avait fait aucune remarque son humeur se serait aggravée davantage. Il n'aurait pas supporté que le prince Breil ne dît rien suite à la scène qu'avait fait Prestois qui avait mis son émotion au premier plan. Le roi de Brasse aurait pu interpréter son silence comme du mépris. Breil s'attendait à ce que le roi resta muet mais il répondit :

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 10 ⏰

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La Jeunesse du roi KromeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant