22- Confrontation

54 10 7
                                    


Pdv Ten

Cette journée de lundi était passée tellement lentement. J'avais l'impression qu'elle ne terminerait jamais. A vrai dire, je n'attendais qu'une chose : la fin des cours, et chopper Johnny entre quatre yeux pour lui remettre les idées en place.

A la fois j'étais nerveux, mais cette fois j'avais prévu de quoi le faire réagir. Si après ça il ne comprenait toujours pas, c'était clairement que ce type était bouché.

Taeyong et Jae partirent dans une direction et Yuta, comme souvent ces derniers temps, rejoignit son petit chinois pour faire leur trajet ensemble. Ils étaient mignons ces deux-là. Plus j'y pensais, et plus je me demandais si un jour j'aurais le droit d'être amoureux comme ça, moi aussi.

Je serrai légèrement le sac de Johnny contre moi en regardant les élèves défiler, en priant intérieurement pour que Johnny n'ait pas encore une fois séché aujourd'hui. Au moment où cette pensée traversa mon esprit, je le vis -enfin dans mon corps-, mais il passa le portail et remontant son sac sur son épaule.

Je le saisi par le bras pour l'emmener un peu à l'écart. Il essaya de se débattre, mais j'avais plus de force que lui alors c'était peine perdue. Une fois qu'on fut dans un endroit plus tranquille, je libérai le coréen de ma prise.

-Johnny, il faut qu'on parle. dis-je

-Fous moi la paix, j'ai rien à te dire. me répondit-il en faisant mine de partir

-Arrête Johnny. fis-je en le retenant, Tu peux pas écouter ce que j'ai à te dire juste cinq minutes ?

Pourquoi intérieurement je savais déjà que tout ça ne servait strictement à rien ? Pourquoi je m'entêtais autant à essayer de lui faire comprendre les choses ? Il savait très bien ce qu'il faisait.

-J'étais super inquiet pour toi. dis-je, Pourquoi tu ne répondais pas à mes messages ?

Il soupira, sans me donner de réponse plus claire. Comme si ce que je lui disais le faisait profondément chier. Ce qui était le cas d'ailleurs.

-Je sais que tu t'es bourré la gueule samedi. continuai-je, Johnny je t'ai dit que mon corps était mon outil de travail. Pourquoi au lieu de faire toutes ces conneries, tu ne men parlerais pas ?

-J'fais ce que je veux, j'ai aucun ordre à recevoir de ta part.

Encore et toujours ces réponses immatures et toutes faites.

-Non justement, tu ne fais pas ce que tu veux. répondis-je, Johnny t'es dans mon corps, tu n'as pas le droit de te comporter comme si tes actes n'avaient pas d'influence sur moi. Parce que tu sais pertinemment que c'est faux. Bordel Johnny, je suis en train de renouer tous les liens que t'as jamais pu créer avec personne. Et toi, tu détruis toutes mes relations une à une, surtout celles auxquelles je tiens le plus. Comment tu peux être aussi égoïste ? Tu peux pas penser à quelqu'un d'autre que toi par moment ?

Enfin. Je lui avais enfin dit ce que j'avais sur le cœur. Même si je savais que j'allais regretter d'être aussi dur avec lui, sur le coup ça me fit du bien de tout lui balancer à la gueule.

-Ferme-la Chittaphon, tu sais pas de quoi tu parles. me coupa Johnny

-Non c'est trop facile de dire ça. répondis-je, Pourquoi tu veux que je me taise ? Parce que tu sais que j'ai raison ?

Il ne répondit rien, je le regardai. Je sentais ma confiance me lâcher au fur et à mesure de notre échange. Car j'avais beau dire tout ce que je voulais, Johnny n'était pas prêt à changer d'avis. J'étais face à un mur, comme à chaque fois que je faisais un pas vers lui.

-J'ai besoin de toi Johnny. dis-je plus calmement, Faut qu'on se serre les coudes. Alors s'il te plait, essaye de faire un effort. Mes proches s'inquiètent énormément. Je n'ai pas envie qu'ils pensent que je suis un con.

-T'es vraiment un enfoiré. me répondit Johnny, En fait, t'en as rien à foutre de moi. C'est ton image qui t'importe, le reste tu t'en fiches. T'as juste peur de devoir réparer mes erreurs quand tu retrouveras ta petite vie tranquille. Tu n'as aucune idée de qui je suis ou de ce que j'ai pu vivre. Alors arrête de parler comme si tu pouvais comprendre.

Comment pouvait-il encore tenir ce genre de propos après ce que j'avais fait pour lui ? C'était le culot qui me parlait.

-Maintenant sois gentil, et fous moi la paix. J'ai pas de compte à te rendre.

Sur ces mots, Johnny se retourna. Alors il voulait vraiment que j'emploie la manière forte ?

-Johnny, avant que tu partes j'ai une dernière chose à te montrer. fis-je

J'ouvris le sac à dos de Johnny pour en sortir une paire de ciseaux. Il se retourna vers moi, l'air de se demander ce que j'allais foutre. Je sentais mon cœur battre fort dans ma poitrine, parce que je redoutais de ce que j'allais faire. Mais si c'était la solution pour le faire réagir...

Je pris une grande inspiration et plantait mon regard dans celui de Johnny avant de couper quelques mèches de cheveux.

-Bordel Chittaphon, arrête ça tout de suite !

Il revint vers moi à grands pas et voulu me retirer l'objet des mains, sauf que j'étais plus grand que lui.

-Tu comprends ce que ça fait maintenant !? demandai-je

-J'croyais que tu t'étais engagé à suivre les règles ! me dit-il

-Toi aussi, il me semble !

Je lâchai la paire de ciseaux et regardai Johnny -enfin non, moi. La colère déformait mes traits, Johnny faisait naître de nouvelles émotions sur mon visage que je n'avais encore jamais perçues jusque-là.

-J'étais resté soft, mais là tu viens de franchir la ligne de trop. me dit-il la mâchoire serrée

Je voulu le retenir une dernière fois, parce que j'avais peur. Peur de ce qu'il était capable de faire maintenant que j'avais lancé une bombe. Ce type n'avait aucune limite, et ça me terrifiait.

Johnny se retourna, mais je ne sais pas pourquoi, cette fois ma poigne se fit toute molle pour ne pas dire inutile. Johnny en profita pour filer. Une fois qu'il eut traversé quelques mètres, il tourna son visage vers moi, je ne pouvais voir que la moitié de son visage -enfin, de mon visage.

-Maintenant c'est œil pour œil dent pour dent.

Il continua sa route sans rien ajouter de plus que cette phrase toute faite. Johnny me terrifiait, mais j'étais persuadé que quelque chose l'avait rendu comme ça, que ce n'était pas vraiment lui.

Et puis même, à quoi pouvait bien rimer cet échange de corps si c'était pour qu'on détruise mutuellement la vie de l'autre ? Ca n'avait pas de sens.

J'étais complètement abasourdi après cet échange. Comme l'avait dit Johnny, j'étais allé trop loin. Nous étions tous les deux allés trop loin. Que pouvait-il faire de plus maintenant que le pire était fait ?

Papillon

Dᴇ ʟ'ᴀᴜᴛrᴇ ᴄᴏ̂ᴛᴇ́ ᴅᴜ ᴍɪrᴏɪr | ᴊᴏʜɴᴛᴇɴOù les histoires vivent. Découvrez maintenant