24. Trahison

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« C'est de la confiance que naît la trahison. »
Proverbe arabe

          Le regard que Justine avait posé sur lui la veille à la gare le hanta toute la nuit. Pendant des heures, Alexandre se remémora les quelques indices étranges qui s'étaient glissés sous ses yeux depuis des semaines. Désormais, il en était certain ; Imany lui cachait quelque chose qui le briserait.

« Ce n'est pas le moment » répéta-t-il les paroles de la jeune femme, « ne pose pas de questions, s'il te plaît. Profitons, simplement ».

Il contracta la mâchoire. Allongé dans son lit, son crâne lui faisait terriblement mal. Un long moment qu'il était immobile, le regard rivé sur le plafond, à réfléchir. Les milliers de questions qui bourdonnaient dans son esprit lui donnaient des maux de crâne à en devenir fou. Il passa au crible le moindre de ses souvenirs avec elle, fouillant au plus profond de son cœur et de son esprit une réponse à ses questions. Mais rien ne lui venait. Il tapa du poing sur le matelas.

Putain...

Cette situation l'agaçait. Alexandre était-il jaloux que Justine connaisse le secret qu'Imany lui cachait depuis plusieurs semaines ? Alors qu'il filait parfait amour, le voilà à tout remettre en question. Ses sentiments, ses relations et ses souvenirs. S'était à s'en arracher les cheveux. Pourquoi un seul regard lui avait dit autant de chose ? Pourquoi Justine semblait avoir, le temps de quelques secondes, souffert pour lui ?

« Fonce » résonna la voix de Paul dans ses pensées.

Il secoua la tête.

Elle a promis de me dire la vérité le moment venu...

Alexandre poussa un long soupir, las. S'il attendait plus longtemps, il finirait sûrement par devenir fou.

Le moment est venu... songea-t-il.

Il s'extirpa douloureusement de son lit, se préparant le cœur lourd à affronter la vérité qu'il redoutait tant.

Son cœur battait rapidement, prêt à exploser dans sa poitrine. Ses mains, moites, poussaient péniblement les roues de son fauteuil. Plus il approchait de la porte, plus son rythme était lent. Son corps tremblait sous le stress, tandis que son esprit continuait de bourdonner. C'était comme si ses pensées se bousculaient dans un métro bondé : insupportable.

Tu es un caporal, la peur ne t'atteint pas, se motiva-t-il. Un soldat n'a jamais peur.

Il prit une grande inspiration, puis frappa son poing contre la porte, trop petit pour atteindre la sonnette. L'attente lui sembla durer une éternité, et pourtant, en quelques secondes, il affrontait le regard surpris d'Imany. Derrière la porte entre-ouverte, le visage de la jeune femme apparut tandis qu'elle dessinait une grimace.

— Salut, dit-il la voix cassée. Je peux entrer ?

Imany ne répondit pas, l'air embêtée.

— Il faut qu'on parle, reprit-il, l'air grave.

Il prit une nouvelle inspiration pour tenter de calmer son cœur qui se défoulait dans sa poitrine à lui en provoquer des crampes.

— Ce n'est pas vraiment le moment... murmura-t-elle, l'air paniquée. Est-ce qu'on peut parler dehors ?

Alexandre fronça les sourcils, secouant la tête.

— Qu'est-ce que tu me caches, Imany ? Tu ne peux pas me regarder dans les yeux de cette façon. Pourquoi as-tu si peur de moi ? Pourquoi recommences-tu à me fuir ?

ImanyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant