25. Conseils d'ami

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« La vie est une longue blessure qui s'endort rarement et ne guérit jamais. »
George Sand

          Les jours qui suivirent, Alexandre resta enfermé dans son appartement, ignorant les nombreux appels d'Imany. Il supprima les messages qu'elle lui avait laissés sans les écouter, éteignant parfois son téléphone pour tenter d'oublier quelques minutes la douleur qui ne le quittait plus. Il pleurait jours et nuits, tandis que ses pensées lui provoquaient des maux de crâne insupportables. Il se tordit de douleur dans son lit, tournant pendant des heures pour tenter de trouver le sommeil. Mais la paix qu'il avait trouvée intérieurement semblait l'avoir quitté.

En ce matin chaud de juillet, Alexandre traversait les rues de Lyon, las. Ses mains irritées couraient le long des roues de son fauteuil, le poussant difficilement. Son regard rivé sur le sol, il ne prêtait plus attention au monde qui l'entourait. Ses yeux gonflés par les pleurs supportaient à peine la lueur du soleil, l'obligeant à froncer les sourcils jusqu'à en attraper des crampes. Il pénétra dans le parc de l'hôpital, annonçant son arrivée à l'accueil en appuyant sur le petit interphone. Quelques minutes plus tard, il se trouvait dans la chambre de Paul, implosant de nouveau. À peine eut il passé la porte que les larmes perlaient encore, à flots abondants.

— Mon garçon, murmura Paul en tendant le bras.

Alexandre s'approcha, posant son visage contre le matelas de son ami. Le vieil homme passa une main dans ses long cheveux bruns, lui offrant quelques secondes de douceur réconfortante. Le caporal se mit à pleurer un peu plus, ne retenant plus les hoquètements bruyants qui lui provoquaient des spasmes. La douleur était insupportable.

— Regarde-moi, dit l'homme.

Le brun releva difficilement le visage, essuyant ses larmes d'un revers de main rapide. Il dessina un sourire torturé sur son visage cerné.

— Elle part, sanglota Alexandre.

Paul sourit tendrement.

— Ce sont des choses qui arrivent, souffla-t-il. Elles font partie des épreuves de la vie.

Ces mots étaient tellement justes, mais aussi atrocement douloureux à entendre pour Alexandre. À peine avait-il gouté au bonheur qu'il s'évaporait aussitôt à des milliers de kilomètres. Pourquoi lui ? Pourquoi la vie s'acharnait-elle autant sur son sort ?

— Pourquoi ne m'a-t-elle rien dit ? s'irrita le caporal. Pourquoi a-t-elle été aussi égoïste ?

— Ne penses-tu pas qu'elle souffre autant que toi, à l'heure qu'il est ? suggéra Paul sagement. Ne penses-tu pas qu'Imany ressent les mêmes émotions que toi, actuellement ?

— Elle était au courant, marmonna Alexandre en essuyant de nouvelles larmes. Elle a eu le choix.

— Mon grand, tu devrais aller lui parler avant qu'il ne soit trop tard. Je suis certain que tu la comprendrais mieux que personne.

Alexandre ne répondit pas, secouant simplement la tête.

— Ce serait dommage de ne pas lui dire au revoir, tu ne penses pas ?

Il acquiesça d'un signe de tête.

— Vous avez tous les deux goûté à un bonheur commun, et le temps est venu pour vous de faire votre route seuls.

— Elle le savait depuis le début, pourquoi a-t-elle pris la peine de construire tout ça si c'était pour partir aussitôt ? Ça n'a servi à rien.

Paul fronça les sourcils, comme si la réponse semblait évidente.

— Cette jeune femme a beaucoup souffert, tout comme toi. Construire tout ça, c'était goûter au bonheur le temps d'apaiser vos cœurs à tous les deux. L'amour n'est pas obligatoirement éternel. Il peut être réparateur, passager, amical aussi. L'amour n'est pas toujours celui que l'on imagine avec l'âme-sœur, il peut être sous bien des formes.

Alexandre fronça les sourcils, questionnant le vieil homme du regard.

— Vous aviez besoin de cette pause dans votre reconstruction, et votre amour vous a permis de vous apaiser, de vous accepter. Ne vois-tu pas à quel point Imany t'a changé ? À quel point cette relation a fait de toi un homme en paix ? Cet amour a été le remède à tous vos maux.

— Je ne comprends pas...

— Le temps te le fera comprendre, dit Paul calmement. Pour l'instant, contente-toi d'aller la voir.

Alexandre prit une grande inspiration. Que voulait dire Paul par amour réparateur ? À quoi cela pouvait-il bien servir ? Tout ce qui l'importait pour l'instant était le fait qu'Imany s'en aille à des kilomètres de là, loin de lui, loin de tout ce qu'ils avaient commencé ensemble.

— Certaines personnes sont de passage dans nos vies pour une raison précise, pour nous apporter quelque chose. Ils pansent nos blessures, embaument nos cœurs, puis repartent. Imany fait partie de ces personnes. Elle t'a accompagné dans sa guérison, t'a offert l'étincelle qui a ravivé la flamme du bonheur.

— Mais je ne veux pas qu'elle parte, murmura Alexandre la voix cassée.

— La vie est faite ainsi, annonça Paul. Plus tard, tu penseras à ces quelques instants précieux passés avec elle avec le sourire. Tu verras.

Le caporal ne doutait pas un instant des paroles de son ami, mais imagine sa vie loin d'Imany lui semblait, à l'heure actuelle totalement impossible. Mais Paul avait raison ; il devait aller lui dire au revoir, une dernière fois.

« Rendez-vous au Gentle Cat demain matin » envoya-t-il à Imany.

Elle accepta dans la minute qui suivit son message. Alexandre soupira


-ˋˏ Merci d'avoir lu ce chapitre ! ˎˊ-


Hello ☀️ très contente de publier ce chapitre !

Alors, êtes-vous d'accord avec le point de vue de Paul ? Que va faire Alexandre selon vous ? 👀

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