Jusqu'au lever du soleil

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Il faisait nuit noire, et sans la lumière de sa lampe torche, Summer n'y verrait rien. La forêt était bien trop silencieuse ce soir, seul un hibou hululant et le bruit des pas de la jeune femme brisait le silence pesant et inquiétant du lieu. Summer pestait contre elle-même, jamais elle n'aurait dû rester aussi tard à ce fichu bar, maintenant il faisait bien trop noir pour retrouver le chemin de sa tente tout en étant à moitié ivre.

Elle devait se concentrer sérieusement pour pointer le faisceau de sa lampe torche devant elle sans qu'il ne vacille trop. Soudain elle entendit un craquement sous son pied, elle venait de marcher sur une brindille. Elle sursauta en poussant un petit cri, faisant tomber sa lampe et gémit avant de se pencher pour dire "chut" à la brindille avant de se trouver complètement débile, de se pencher pour ramasser sa lampe.

Problème. Elle n'arrivait pas à remettre la main sur cette fichue lampe torche à la noix qui, bien sûr, non contente de tomber avait décidé de s'éteindre après sa chute. Pendant qu'elle râlait en insultant la pauvre lampe torche de tous les noms d'oiseaux qu'elle connaissait, elle entendit un bruissement, comme si quelque chose s'approchait doucement d'elle à pas lents. Tel un prédateur tapi dans la nuit.

Était-ce vraiment une bête qui approchait ou tout simplement le vent ? Ou encore l'imagination de son cerveau embrumé par l'alcool ? Dans le doute, elle c'était figée, cherchant d'un œil inquiet d'où venait le bruit suspect. Jusqu'à ce que celui-ci cesse brusquement. Elle grommela tout en récupérant sa lampe torche que sa main venait enfin de trouver. Elle se releva en vacillant, prise de vertige et d'une irrésistible envie de vomir, devant s'appuyer contre un arbre pour ne pas se casser la figure.

Deux minutes après avoir repris la marche, elle entendit un grognement, semblable à celui d'un chien. Elle se retourna, pensant encore se retrouver à scruter bêtement un banal buisson, mais face à elle, se trouvait un énorme chien gris, de la taille d'un petit cheval, au yeux rouges luisants comme les phares arrières d'une voiture, son cou était cerclé par un collier en fer complètement rouillé, qui aurait dû tomber en morceaux depuis bien longtemps. Les poils en pagaille, l'animal ressemblait fortement à un loup, toutefois le bout de ses oreilles retombait. Si il n'avait pas l'air de vouloir la tuer, Summer aurait pu le trouver mignon, Summer a toujours aimé les gros chiens.

L'animal montrait les crocs, retroussait ses babines, avait planté ses yeux rouges dans les yeux imprégnés par la terreur de Summer. Le brouillard de l'alcool se leva soudain, elle n'hallucinait pas, il y avait bien un chien énorme et menaçant devant elle, et d'une seconde à l'autre il allait lui sauter dessus, lui arracher la gorge avec ses crocs aussi tranchants que des poignards aiguisés, voir même lui arracher les membres un à un. L'afflux soudain d'adrénaline l'avait complètement fait sortir de son état second, c'est comme si elle était complètement sobre.

D'un coup vif, elle frappa le museau du monstre avec sa lampe torche. Surpris par le geste de sa proie et la douleur qui en résultat, l'énorme bête couina et fit un pas en arrière. Summer se mit alors à courir, serrant dans sa main la lampe dont la lumière était maintenant définitivement éteinte. Il faisait complètement noir, elle ne distinguait que vaguement quelques ombres malfaisantes. Griffée par les ronces, les branches lui tailladant sévèrement le visage, si elle avait eu les cheveux longs, ils auraient sans aucun doute été arrachés et manquant plusieurs fois de tomber en trébuchant sur des cailloux ou des racines, comme si la forêt elle même voulait la voir morte, dévorée par la chose qui la traquait. Elle serrait les dents à se les briser pour ignorer la douleur qui lui parcourait le corps. Entendant nettement derrière elle le chien courir et grogner avec une immense rage, elle accéléra.

La bête aurait pu facilement rattraper sa proie mais quel plaisir retire-t-on d'une chasse rapide ? Aucun, selon l'immense chien gris, le plaisir de la traque, sentir la terreur de sa future victime, voir le désespoir et la peur dans les yeux de sa proie avant de la déchiqueter en petits morceaux sanguinolents, ça c'était le vrai plaisir.
Rien que d'imaginer sa proie en miettes, son cœur s'emballa, il sourit de tout ses crocs, se retenant de bondir d'excitation. Si il n'avait pas été en pleine course, sa queue aurait remué, comme si il jouait à la balle. Mais lui, il ne jouait pas à la balle, il jouait à tuer.

Petites histoires d'horreurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant