Prisonniers des glaces

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Ils étaient quatre, enfermés seuls dans un trou au parois faites de glace. Le plafond, beaucoup trop haut pour être atteint par la plupart des humains même adultes, était fermé par une trappe en bois. Leur trou de glace était plutôt petit, la taille d'une grande salle de bain.

D'un côté une longue table, plusieurs chaises et un tas de cuir, d'os et de tendons humains et de l'autre, quatre couvertures sales à peine plus épaisses qu'une feuille de papier.

Connor avait été amené ici la veille, en même temps que les trois autres enfants. Celles qui étaient arrivées dans le sac juste après lui étaient les jumelles Cataryna et Ludvina, deux petites jumelles blondinettes aux cheveux bouclés et aux yeux bleus, de vraies petites poupées, avec leurs visages fins et leur peau blanche pâle. Ludvina avait des marques de brûlures sur les bras et semblait bien plus apeurée que sa sœur, ce qui n'était pas grand chose au final, les deux enfants étaient terrifiées ! Du haut de leurs 4 ans, elles avaient vécu une expérience similaire à celle de Connor, famille torturée et massacrée sous leurs yeux puis enlèvement. Venant tout droit de Biélorussie, elles ne parlaient pas un mot d'anglais, difficile pour la communication.

Habituellement, l'Homme de Noël n'enlève qu'un seul enfant par famille, mais il avait confondu les jumelles lorsqu'elles avaient pris leurs jambes à leurs cous dans deux directions différentes, la première, Ludvina, était tombée dans la hotte que le monstre avait laissée traîner par terre, elle s'était ensuite cachée derrière Connor, déjà présent, lorsque sa sœur fut ajoutée au sac.

Le dernier malchanceux à les avoir rejoint était Michael, un petit Norvégiens de 5 ans et demi aux joues rondes, dont la tignasse brune emmêlée cachait presque les yeux. Tous pleuraient, même Connor avait retrouver des larmes, mais il fut le premier à arrêter de pleurer en entendant des bruits de pas au dessus d'eux.
La trappe en bois s'ouvrit d'un coup et leur pire cauchemar entra dans le trou.

L'homme de Yule se mit à parler un dialect qui ressemblait à de l'allemand avec un accent à couper au couteau. Il leur montra la table de son long doigt crochu, baragouina quelque chose dans sa langue puis attendit quelques instants. Comme aucun des enfants ne réagissait, il attrapa Connor par le cou, le posa brusquement sur une chaise, lui montra le tas de restes humains et ensuite déposa une étrange poupée faite d'os attachés par des tendons devant le jeune garçon.

Le cerveau de l'enfant fit vite le calcul, "fait ça", lui intimait silencieusement le monstre. Connor tendit une main tremblante vers les tas d'os et de tendons, dont l'odeur pestilentielle le prenait aux narines, et maintenant qu'il était à côté, c'était impossible. Impossible d'ignorer cette puanteur , celle de cadavres. Il avait envie de vomir le peu qu'il avait dans l'estomac, un bruit derrière lui indiqua qu'un des autres enfants venait de concrétiser cette envie.

Quelques mots incompréhensibles du monstre et deux ou trois gestes agressifs plus tard, tous les enfants du trou de glace s'étaient mit au travail, fabriquant ce qui pouvait ressembler de loin à des jouets. Après avoir vérifié que ses instructions étaient bien suivies, l'Homme de Noël disparut par la trappe du plafond.

Les premières semaines furent les plus dures, l'incompréhension et la peur étaient les seules émotions présentes chez les enfants. À chaque fois que le monstre venait, c'était pour leur crier dessus dans sa langue bizarre. Petit à petit, ils commencèrent à la comprendre, et même à la parler, par obligation : l'Homme de Noël ne les autorisait à s'exprimer qu'en cette langue en sa présence. Ils finirent par l'utiliser pour parler entre eux, Connor commença à modifier certains mots pour que le monstre ne les comprenne pas, en les rendant plus courts généralement. Il y avait un mot pour donner l'alerte lorsque l'homme de Yule arrivait, un pour dire qu'il semblait s'éloigner et encore un autre pour dire que l'on commençait à fatiguer.

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