Like him (2022)

4.

 Grayson semble calme, ce n'est pas comme s'il venait de menacer une dizaine d'hommes.

Pour ma part, je n'ai toujours pas dit un mot. Je suis figée, complètement terrorisée, ils auraient pu me tuer.

Lorsque nous sommes devant la porte de chez moi, je l'ouvre et je le laisse entrer. Il va dans la cuisine et pose un verre d'eau sur la table sur laquelle je viens de m'installer.

-Comment ça va ? Me demande-t-il, méfiant.

Je n'arrive pas à lui répondre, c'est comme si mes lèvres étaient sellées.

-Eh, oh, je te parle !

Allez, Esmée, tu peux le faire, sort de cette transe.

-Réponds-moi, putain ! Il explose.

Je sursaute.

-Je crois que ça va... Je réponds doucement.

Il lève un sourcil, s'assoit en face de moi et m'attrape les mains. Je les enlève brusquement.

-Waouh, doucement, ce n'est que moi.

Oui, justement, ce n'est que toi.

Je prends mon courage à deux mains et je soupire.

-Merci de m'avoir aidée, ce soir. Mais, tu sais, toi et moi, ça ne se fera pas.

-Toi et moi ? Que veux-tu dire ?

-Il n'y aura jamais rien entre nous, j'affirme fermement.

-Entre nous ? Parce que, tu pensais que je m'intéressais à toi ? Non, mais tu t'es regardée ?

-Pardon ?

-Eh, ouais, ma grande. Tu ne m'attires pas, je n'attends rien de toi et encore moins ça. Je ne me sous-estime pas à ce point.

-Je suis désolée, je pensais que...

-Rien du tout.

-Dans ce cas, il ne fallait pas m'aider.

-Arrête, je n'imagine même pas ce qu'ils auraient fait si je n'étais pas arrivé. Tu ne sais pas ce que tu dis. Je m'en vais.

Quelques secondes après, j'entends la porte claquer. Je vais sur le balcon, il est déjà loin.

Je m'adosse au mur et je me laisse tomber au sol.

Les larmes me montent aux yeux et j'éclate en sanglots.

Ma joue est encore pleine de la salive de ce type.

Je suis complètement horrifiée, même alcoolisé, je ne vois pas comment on peut agir de la sorte.

Serais-je morte si Grayson n'était pas arrivé ? Est-ce que, moi aussi, je serai portée disparue ?

Sauf que moi, je serais morte et cachée quelque part.

Peut-être que c'est son cas, à lui aussi.

J'éclate en sanglots une nouvelle fois.

Je finis la soirée au-dessus de la cuvette des toilettes. Je crois que je viens de renvoyer à peu près la moitié de ce que j'ai mangé aujourd'hui. Je me sens mal, pire que mal.

Un homme s'en est pris à moi, un autre m'a sauvé pour ensuite m'insulter et maintenant, me voilà malade.

Et aussi, Dieu qu'il me manque.

Il était le seul qui arrivait à me faire me sentir en vie. Celui qui me faisait me sentir belle. J'avais tellement confiance en moi, en sa présence.

Et puis, un jour, ma mère m'a appelé pour savoir si j'étais en sa compagnie, avant de m'annoncer qu'il était recherché.

J'ai vu le monde s'écrouler sous mes yeux.

D'autant plus qu'il a disparu sur le chemin pour venir me voir.

Tout est ma faute.

Je l'ai arraché à ses parents.

Je m'en veux tant.

Le pire dans tout ça, c'est que sa mère est d'accord avec moi, pour elle, tout est ma faute et elle m'en veut.

« Tu m'as enlevé mon fils, Esmée », c'est ce qu'elle m'avait dit.

J'avais eu envie, de moi-même, disparaître à ce moment-là.

Je n'ai pas revu cette femme depuis des mois.

J'étais censée finir ma vie avec son fils, et maintenant, je sais que le jour où il sera de retour, nous nous marierons et nous vivrons le happyend que nous méritons.

Je ne cesserai jamais de l'aimer.