Chapitre 1

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~ Mini-pizzas et parole d'honneur ~

TAC. Dans le mille.

Je pinçai les lèvres. Rien n'avait changé. La colère était toujours là. Et la tristesse aussi. Je saisis une nouvelle flèche dans mon carquois, l'encochai sur la corde de mon arc, inspirai profondément, tendis la corde, positionnai mon index contre ma mâchoire, visai le centre de la cible et lâchai.

J'aurais voulu que tous ces souvenirs qui tournoyaient dans mon esprit s'en aillent avec cette flèche mais lorsqu'elle rencontra la cible dans un bruit sourd, ils étaient toujours là et ça m'enrageait. Je revoyais son sourire triste et ses yeux résignés.

TAC. La flèche dévia et n'atteignit pas le centre de la cible.

"Je suis avec toi. Tout va bien" avait-elle dit.

Tu parles.

TAC. Cette fois-ci mes mains tremblaient tellement que la flèche rata carrément la cible et alla se planter dans l'herbe à quelques mètres de là.

"Tout va bien."

Si seulement. Mon arc me tomba des mains.

"Tout va bien."

Non.

"Je suis avec toi."

Mon cœur, Dieu qu'il me faisait mal.

"Je suis avec toi."

De l'air. J'avais besoin d'air.

" — Si papa savait comment tu traites le matériel qu'il t'a offert, je doute qu'il serait très content, fit une voix moqueuse dans mon dos.

Je me retournai brusquement en haletant, le visage décomposé.

— Ça ne te fait rien pas vrai ? lui demandai-je en ignorant sa remarque trop occupée à essayer de calmer ma respiration saccadée.

Mon frère leva les yeux au ciel en soupirant. Je détestai quand il faisait ça.

— Oh arrête un peu ton cinéma, ça fait une semaine que tu erres comme un fantôme dans le palais, tu ne viens même plus en cours et dès que quelqu'un t'adresse la parole tu t'arrange pour l'insulter sur 3 générations sans aucune raison valable. Ça commence à être long ton deuil.

Si je ris suite à ces paroles, ce n'étais pas de joie.

— Ça commence à être long ? ricanai-je en me rapprochant lentement de lui. Laisse moi rire, il a duré combien de temps ton deuil ? Deux minutes ? À l'enterrement t'as vu le cercueil, t'as lâché une petite larme pour la photo, tu t'es précipité vers le buffet et ensuite t'as repris ta vie comme si il s'était jamais rien passé ! T'as pas compris qu'elle était morte. MORTE ! hurlai-je en sentant la colère déferler dans mes veines. Tu m'entends ! Plus jamais elle reviendra et pourtant savoir si il y avait des olives sur les minis pizzas c'était plus important que d'aller la voir une dernière fois avant qu'elle soit enterré A TOUT JAMAIS dans de la putain de terre de merde !

La colère. C'était ma façon à moi de souffrir. Il sourit.

— Tu vois, c'est ça ton problème Sam, répondit-il tranquillement. Tu t'énerves trop vite. C'est à cause de ça que je serai choisi pour être empereur et pas toi. Tu es trop expressive. Il faut savoir rester impassible même dans les moments difficiles. Même si Evy à quitté ce monde.

J'aurais pu tolérer n'importe quoi de sa part, mais pas qu'il l'appelle par son surnom. Il ne la connaissait pas et n'avait jamais voulu la connaître, la seule chose qui l'intéressait c'était le trône. Je le détestai.

J'attrapai violemment le menton de mon frère pour le forcer à me regarder dans les yeux. Mes yeux vairons. Parce que tous le monde les fuyaient. Même mon propre frère.

— Je t'interdis de l'appeler comme ça, murmurai-je en fulminant. Pour les ordures comme toi elle sera Princesse Evana de Delior et rien d'autre.

— Ne me touche pas !" rugit-il en se dégageant de mon emprise.

○○○

Je courai comme une folle à travers les arbres de la forêt.

" — Sam ! haleta Evy dans mon dos.

— T'es lente comme un escargot ! me moquai-je en riant. Si à la rivière tu m'as pas rattrapé, j'ai gagné !

— Espèce de tricheuse, cria t-elle. T'as commencé à courir avant moi !"

Je m'arrêtai brusquement et me retournai pour lui faire face. Je vis les yeux de ma petite sœur s'écarquiller de surprise. Elle poussa un cri étranglé et pila net pour s'arrêter. Je fis un pas sur le côté et eu le plaisir de la voir s'écraser dans les feuilles d'automne qui couvraient le sol de la forêt. Evy se redressa en boudant. Je m'assis à côté d'elle, un sourire rayonnant collé sur le visage.

" — Aller, fait pas la tête ! Avoue que c'était drôle.

Je lui ébouriffai les cheveux et elle ne pu s'empêcher de sourire un peu.

— Fait moi un câlin alors, dit-elle en croisant les bras sur sa petite poitrine. Pour te faire pardonner.

— T'es sûre que tu vas pas commencer à taper ta crise d'hystérie comme  Monsieur-Ne-Me-Touchez-Pas-Je-Suis-En-Sucre ?" lui demandai-je en faisant référence à Hadrian, mon frère jumeau, qui ne supportait pas le contact des gens et qui se mettait à pousser des cris démentiels lorsque quelqu'un lui effleurait la peau.

Elle rit en secouant négativement la tête et m'enlaça avec ses petits bras.
Je lui rendis son étreinte en profitant de son odeur vanillée qui me faisait tourner la tête et de ses boucles brunes qui me chatouillaient le cou.

Je l'aimais. Je l'aimais à en crever et jamais je ne lui avais dit.

○○○

Je regardai mon frère avec mépris et reniflai avec dédain. Lui me souriait. De toute façon, quoi qu'il arrive, il souriait toujours avec son insupportable sourire satisfait. Si j'avais pu, je lui aurais fait bouffer.

"Un jour, j'éclaterai ta sale gueule sur le mur et je ferai disparaître ce sourire de ta face de rat. Parole d'honneur" fis-je en lui tournant le dos.

Il Suffisait D'une ÉtincelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant