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Une petite semaine après mon altercation avec Malfoy, je décide de frapper à la porte de son bureau que j'ai eu un peu de mal à trouver, étant donné que je n'y avais encore jamais mis les pieds. Je n'étais encore jamais descendue si bas dans le ministère, et lorsque je suis arrivée dans la grand pièce  circulaire entourée de portes en bois sombres, j'ai bien failli faire demi-tour. Lorsque Malfoy ouvre enfin sa porte, je me surprends à être plutôt contente de le voir, et son regard semble m'analyser comme à chaque fois que nous nous voyons. Stressée, je cherche mes mots et mon monologue si longuement préparé la veille ne semble plus avoir ni queue ni tête. Je le salue timidement avant qu'il ne m'invite à entrer, visiblement curieux de connaître l'objet de ma visite en ces lieux. Je m'assieds donc face à lui, son bureau en bois massif et sombre dressé entre nous. Je prends une grande inspiration avant de parcourir son bureau du regard. Tout est sombre, dans les tons verts et noirs. Le mobilier est du même bois que son bureau, et la décoration est très épurée. Cette pièce lui va comme un gant : classe, mystérieuse et épurée.

"La déco te plaît, Granger ? Demande-t-il, me faisant sursauter.

- Oui. C'est très joli. Dis-je d'une voix peu assurée avant de continuer sur ma lancée. Écoute Malfoy, je suis désolée. Je crois que je n'ai pas été très perspicace et je me suis laissée aveuglée par la rancune qu'il y a entre nous. 

- Je sais. Merci pour tes excuses.

- Je suis désolée pour ce que j'ai dit c'était méchant et...

- Non, tu avais besoin de le faire sortir.

- Oui mais ça n'excuse pas le fait que je l'ai dit intentionnellement, dans le but unique de te blesser et ça ne me ressemble pas. Tu avais raison, je ne me sens pas très bien en ce moment, et c'est un peu difficile pour moi de voir le bon côté des choses. Mais j'ai tout de même passé une bonne soirée avec toi l'autre jour, même si ça me coûte de le dire ! Terminais-je en souriant timidement.

- J'imagine, oui. Répondit-il en me retournant mon sourire."

Il détourne une minute la tête pour préparer du thé à l'aide de sa baguette, et j'en profite pour l'observer. Son costume gris anthracite lui va parfaitement, et je pense que c'est du sur mesure. Le col de sa chemise noire épouse parfaitement son cou fin et met en valeur la pâleur de sa peau. Ses mâchoires sont carrées et parcourues d'une barbe de trois jours qu'il ne porte pas habituellement et qui lui donne un côté encore plus "bad boy". Je détourne le regard lorsqu'il nous sert enfin le thé et qu'il me tend une tasse.  IL avale une gorgée puis dépose sa tasse sur son bureau avant d'ajouter un nuage de lait à son thé noir. 

"Je crois qu'on pourrait apprendre à se connaître, finalement. Dis-je d'une traite sans le regarder, ayant trop peur d'un refus.

- Oh... Commença-t-il, visiblement surpris. Et qu'est ce que tu proposes ?"

Prise de court car n'ayant pas du tout envisagé qu'il accepte aussi aisément après les horreurs que j'ai pu lui dire, je panique et lui propose de venir dîner à la maison un soir.

"Ce soir ? Demanda-t-il.

- Oh, hum, très bien. Partons sur ce soir.

- Qu'est ce qu'il y a ? 

- Rien, rien ! Viens pour 20 heures. 

- D'accord, donne moi ton adresse alors, et dis-moi ce que je dois apporter."

Je lui écris mon adresse sur un bout de parchemin et lui indique de ne rien apporter. Il lis mon adresse, hausse un sourcil et me regarde d'un air amusé avant de sourire franchement et de se lever. 

"Ce n'est pas que je veuille te mettre dehors, mais j'ai du travail et une réunion dans à peine dix minutes que je dois finir de préparer. On se voit ce soir, alors.

- Oh, oui bien sûr désolée ! Dis-je en me levant prestement, faisant tomber ma baguette que je m'empresse de ramasser. 

- Arrête de t'excuser pour rien. Dit-il, toujours avec cet insupportable air amusé.

- Merci... Pour ta compréhension, je veux dire. Je ne pensais pas que... Enfin, tu vois quoi. 

- Je sais, je me surprends aussi parfois, mais j'ai envie d'avancer et tu es une part de mon passé que j'aimerais rendre un peu moins sombre dans mon présent."

Ne sachant pas quoi répondre devant son air énigmatique et son regard pénétrant, je me contente de lui sourire doucement et de passer la porte, remontant vivement dans mon propre bureau. Bon sang, est-ce que Draco Malfoy vient vraiment chez moi ce soir ? Est-ce que je l'ai vraiment invité directement chez moi, dans mon intimité, au lieu de proposer un lieu neutre ?! C'est la bonne décision je pense, je n'aurais pas supporté les regards sur nous. Moi-même je ne me fais pas à l'idée de pouvoir me rapprocher de mon ennemi de toujours, alors que les gens nous regardent... Non, c'est impensable. 

Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai envie qu'il soit impressionné ce soir et aussi j'avoue, me rattraper d'avoir été méchante. Il dit que ce n'est rien et qu'il comprend, mais ce n'est pas dans mes habitudes d'agir ainsi et malgré le mal qu'il a pu me faire, je n'ai pas à vouloir le blesser à mon tour. Il a raison, le passé est le passé, on n e peut pas le changer. Malgré tout, tout le monde mérite une seconde chance et je crois que je suis curieuse d'en apprendre plus sur lui. Mine de rien, ses différentes visites m'ont permise de voir qu'il est largement différent du Draco Malfoy d'il y a plus de dix ans. Nous sommes adultes désormais, et tentons de nous reconstruire encore aujourd'hui malgré les horreurs du passé. Il était dans le mauvais camp mais n'avait pas le choix. Nous, nous étions les gentils alors l'après-guerre a été plutôt joyeux pour nous au niveau des remises de récompenses, de cérémonies, de célébrations. Pour lui, l'envers du décor a dû être terrible. Son père a été enfermé à vie à Azkaban, comme tous les mangemorts encore vivants à la fin de la guerre, et sa mère s'est suicidé quelques temps après. La plupart des biens Malfoy ont été saisis, et Draco a dû repartir de zéro avec tous les traumatismes de son enfance. 

J'ai ressassé ces pensées durant des jours, au point de ne pas dormir certaines nuits, avant d'aller le voir ce matin. Je m'en veux beaucoup de n'avoir pensé qu'à moi et à ma douleur. Jamais je ne m'étais demandé ce que lui avait vécu, s'il s'en était remis. Rien... Alors ce soir, je veux qu'il soit bien reçu et que nous passions une bonne soirée. 

Je quitte mon poste à midi et préviens mes collègues de mon absence cet après-midi. Je passe faire des courses, mange un morceau dans le parc situé près de chez moi, puis monte dans mon appartement. Je m'enferme à double tours et entreprends de commencer à faire le ménage, car je me suis un peu laissée aller ces derniers jours et j'avoue que c'est clairement le bordel. 

Lorsque j'ai enfin terminé, à l'aide de la magie heureusement, tout est impeccable, rien ne dépasse, tout brille, et l'appartement dégage une délicieuse odeur de frais et de propre. Je me demande une seconde si je ne devrais pas cacher tous mes objets moldus, comme le grille-pain, la télévision, mon ordinateur portable, mon enceinte bluetooth ou encore mon appareil pour masser la nuque. Puis je me dis que si nous devons apprendre à nous connaître, nous devons être honnête l'un envers l'autre et que je ne dois pas cacher ma partie moldue. Je dois en être fière. Machinalement, je frotte la cicatrice des mots inscrits par sa tante sur mon avant-bras. 

Je décide de prendre un bon bain avant de me mettre ensuite en cuisine. L'eau chaude me détend instantanément et l'odeur de lys et de vanille me transporte loin dans mes pensées. Je prends un livre et le fait léviter au niveau de mes yeux afin de m'octroyer une pause détente et lecture. 

Sans rancuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant